Pour répondre à la la proposition du jour dans le cadre des 40 jours d’ateliers d’écriture lancée par François Bon conçue comme une suite de Portraits arrachés à la ville flux, j’ai suivi sa première idée autour du carrefour de Shibuya à Tokyo, à partir des images tournées sur place lors de mon séjour en novembre 2019.
J’avance. Je ne vois rien. La (...)
Textes écrits à partir de photographies prises à Séville en février 2019, d’après le principe d’écriture du texte de Michèle Métail, La Ville, de la ville : Décrire une scène urbaine sous la forme d’instantanés poétiques en 10 lignes de 15 lettres, dimensions respectant celles d’une photo (...)
Umarell est un terme populaire utilisé à l’origine dans le dialecte bolognais avec le sens générique de petit homme, omarello, qui désigne les retraités qui, les mains derrière le dos, passent leur temps à errer sur les chantiers, en particulier les travaux routiers, à observer le travail des ouvriers, en leur offrant leurs conseils non désirés.
Ce (...)
La pension Belhomme était un ensemble de bâtiments situé au 157-163, rue de Charonne, à Paris 11ème, d’abord utilisé par Jacques Belhomme comme maison de santé pour les déments, les vieillards et tous ceux que des familles fortunées souhaitaient confier à la fin du XVIIIe siècle. Philippe Pinel, précurseur de la psychiatrie, y fera d’ailleurs ses (...)
Sur le navire, tu marches sans savoir où tu vas, tu avances au hasard, le chemin que tu empruntes est toujours le même, malgré toi, tu suis aveuglement ce qui est écrit, le plan dessiné que tu déchiffres non sans mal. Sur le navire, tu poursuis ton chemin. Les murs qui t’entourent sont trop hauts pour te permettre de voir au loin, l’horizon est (...)
Tant de fois tu avais imaginé, et secrètement espéré, cette curieuse situation sans t’y confronter réellement, tu rêvais parfois de lieux vides dans lesquels tu pourrais marcher librement, mais sans ressentir ce que tu percevais désormais, maintenant que tu traversais effectivement la ville déserte, à l’abandon, sans croiser un seul passant, dans (...)
Pendant quinze jours, nous avons traversé le Japon, passant par Osaka, Hiroshima, Miyajima, Okayama, Nara, Himeji, Kobe, pour terminer notre périple à Tokyo.
Ce n’est pas la première que nous nous rendons au Japon, c’est la huitième fois pour Caroline, la quatrième pour moi, mais ce séjour représente un tournant dans notre approche du Japon, avec (...)
Cette nouvelle a été écrite à l’occasion de l’atelier recherches sur la nouvelle, mené cet hiver par François Bon sur son site. Alfonso Albacete, Las razones de la pintura
Je n’avais jamais cru à rien, ni au destin, ni aux signes, ni aux surprenantes coïncidences. Je ne croyais pas en grand-chose. Je venais d’avoir cinquante ans. L’âge ça ne veut (...)
Il y a quelques mois, mes filles m’ont demandé si je me souvenais d’un film que nous avions vu en famille lorsqu’elles étaient enfants. Elles m’ont décrit avec précision les dernières images du film. Sur une plage déserte, au moment du coucher de soleil, un homme s’avance seul vers la mer sans s’arrêter et disparaît dans les vagues.
Cette image les (...)
LE BAL, plateforme d’exposition, d’édition, de réflexion et de pédagogie, dédiée à l’image sous toutes ses formes : photographies, cinéma, vidéo, nouveaux médias, proposait les 21 et 22 janvier 2019 une formation inter-professionnelle en partenariat avec la DRAC Île-de-France sur la thématique image et territoire.
Selon « qui parle » et « d’où l’on parle (...)
Dans ses ouvrages publiés au début des années 1990, le philosophe et urbaniste Paul Virilio qui vient de mourir à l’âge de 86 ans, soulignait que la vitesse, sans cesse augmentée sous l’effet des progrès technologiques, non contente d’occuper une place prépondérante dans notre représentation du réel, finirait par constituer la réalité elle-même. (...)
En 2018, à l’occasion de ses 60 ans, Paris La Défense propose jusqu’au 21 octobre un voyage artistique inédit : Les Extatiques. Au milieu de ses tours et de son architecture mondialement connues, un véritable musée à ciel ouvert s’est installé cet été, à la fois sur l’esplanade, mais aussi dans des lieux habituellement inaccessibles.
Les (...)
Vivre est une chose, découvrir le langage afin d’exprimer la vie en est une autre. Cette merveille étonnante entre toute, douleur parfois. C’est encore de la disparition dont il est question. On ne peut s’empêcher de souligner, encore, l’absurdité du mot. On n’est pas seul dans sa tête. Lambeaux de pensée, expressions, bouts de phrases désordonnées en (...)
À l’arrière de l’église, un cimetière à l’abandon, où les herbes envahissent discrètement les rares tombes des habitants du village de Barbaggio, dispersés dans l’enclos en friche.
Des vagues qui déferlent sur la plage de Nonza, dans le Cap Corse, dont le mouvement ininterrompu se répète infiniment au rythme du balancement des flots qui caressent le (...)
Ici, on vous demande de vous couvrir les épaules et les jambes avant d’entrer dans les églises.
Ici, les chauffeurs de taxi souffrent d’une mauvaise réputation, mais il y en a qui vous conduisent à l’aéroport par des raccourcis si ingénieux qu’on s’y retrouve en un rien de temps en évitant tous les embouteillages, et d’autres qui vous emmènent où vous (...)
Au volant d’un vieux camion, Zoo Project alias Bilal Berreni, street artiste, et Antoine Page, réalisateur, qui partagent la même passion pour l’art et la société, se mettent à rêver d’un voyage à travers la Russie où pendant que l’un dessinerait, l’autre filmerait. Ce film raconte l’histoire de leur projet, leur voyage de quatre mois jusqu’en Sibérie. Un (...)
Au-dessus du fleuve la lumière retient le regard, le soleil joue son rôle. Sur les rides de l’eau. L’air immobile ombre les arbres bleus. D’où il est aucun seuil ne s’ouvre – un miroir inverse la scène. La présence ne se peut brider : la traverser, c’est la contraindre, saisir combien près l’on sera. Cette impression de finitude, cette épiphanie du (...)
Le travail de Janet Cardiff s’inscrit d’une façon particulière dans ces rapports complexes et instables qu’entretiennent la narration et le paysage (urbain). Née en 1957 à Brussels, Ontario, cette artiste canadienne travaille depuis le début des années 80 sur le son. Elle produit parfois avec George Bures Miller des installations autour du son, des (...)
L’Hôtel de Lauzun, anciennement Hôtel Pimodan, est un hôtel particulier du XVIIe siècle, situé au 17 quai d’Anjou sur l’île Saint-Louis à Paris.
Pendant la première moitié du XIXe siècle, l’hôtel passe entre les mains de plusieurs propriétaires. Il est loué par des alchimistes, des teinturiers (il prend d’ailleurs un temps le nom d’hôtel des Teinturiers) mais (...)
Pont Saint-Louis
Paysage ouvert, accueillant, semblable à une main montrant de son index un but ou un exemple. Vent sifflotant entre les étroits barreaux du pont métallique. Harpe improvisé, malhabile. Cheveux en bataille. Robe volante et frisson dans le cou, le col relevé. Veston, manteau, suivant la saison, bien remontés. Le froid glaçant dans (...)
Quand je vais voir un film au cinéma, plus ou moins bien installé au fond du fauteuil en tissu rouge, le cadre qui se découpe sous mes yeux m’obsède, il s’anime d’images et de sons au moment où les lumières s’éteignent, signe que la projection du film commence enfin, par le générique le plus souvent, les gens n’y prêtent guère attention, pourtant c’est (...)
Duane Michals est un photographe américain connu pour ses séquences, séries de photographies à l’influence surréaliste où des histoires fictives se mêlent à des légendes manuscrites au dessous.
Au début de sa carrière dans les années 60, Duane Michals est passé par une image plus classique, entre photos de reportage, portraits et prises de vue urbaines. (...)
Personne ne saura jamais ce qu’il lui dit. Personne ne saura ce qu’elle lui répond. Personne ne peut comprendre, ne peut imaginer ce qui se jouait entre nous. Personne. Pourtant sur les murs de la ville l’histoire était écrit en toutes lettres. Elle était revenue depuis longtemps, marchant à mes côtés sans que je m’en rende compte, me frôlant, me (...)
« Un jeune homme de cette ville est éperdument amoureux de vous ; depuis un mois entier, il cherche vainement l’occasion de vous l’apprendre. »
Musset, Les Caprices de Marianne, acte I, scène 1
Cette musicalité d’un poème entendu dans ton enfance, tu la croyais totalement oubliée, effacée, comme le sens de ce poème lui-même, dans ce flux de la mémoire, (...)
Du 11 mars au 7 mai, la Fondation Taylor en partenariat avec le Musée de Picardie présente Dans l’atelier d’Albert Maignan, une exposition dédié à cet artiste de la fin du XIXème siècle.
Albert Maignan, artiste surtout connu pour ses compositions historiques, a légué à la Fondation Taylor,
[5] qu’il présida, sa maison-atelier de la rue La Bruyère et (...)
En réaction à mon article sur le son dans le cinéma de John Smith, Ne pas croire les mots sur parole et le travail sonore d’Aki Onda Gabriel Franck me signale en écho le film Café lumière de Hou Hsiao-hsien.
« On arrive en train, comme souvent chez Hou Hsiao-hsien, écrit François Gorin dans Télérama. On est au Japon, comme à la fin du nocturne et (...)
Marché typique de la ville. Nous arrivons à la fin du marché, les commerçants rangent leurs étals. Visages, sourires, devantures, boutiques en désordre, réduits, accumulation d’objets, de paperasses, de dossiers, dans un désordre maîtrisé, une optimisation maximale de la place disponible, à l’étroit ils semblent à leur aise. Poissonneries, marchands de (...)
Le lieu de rendez-vous avait été fixé devant notre maison, dans un quartier résidentiel très calme, entre les jardins du Palais Impérial de Kyoto et la Teramachi Dori. Notre guide était venu nous chercher et nous attendait dans la ruelle, juste devant chez nous. Nous sommes remontés avec lui jusqu’à la rivière Kamo.
Maruta-Machi Dori, à Kyoto
Au (...)
En réaction à mon article sur les œuvres interactives de Kyle Mc Donald, et notamment Exhausting a crowd et Neural Talk, Gabriel Franck me signale en écho le film The Girl Chewing Gum de John Smith.
John Smith, né à Londres en 1952, est l’une des grandes figures du cinéma expérimental britannique.
Dans The Girl Chewing Gum, film réalisé en 1976, une (...)
De retour du festival documentaire IDFA qui s’est déroulé fin novembre à Amsterdam, Joël Ronez a dressé une liste des œuvres et des artistes les plus innovants de la sélection interactive, une source d’inspiration pour comprendre les lignes de force créatives en production numérique :
« Suivre le travail de Kyle Mc Donald (@kcimc) artiste américain qui (...)
Avant de se retrouver sur notre lieu de rendez-vous, le Parc Ueno à Tokyo, nous traversons Ameyoko (ou Ameya Yokocho) qui peut se traduire par l’allée des confiseurs ou des sucreries, le produit que l’on trouvait sur place à l’époque de la création du marché.
Le marché d’Ameyoko à Tokyo
Petite ruelle étroite très animée sous les arcades bruyantes de (...)
« I want to give a picture of Dublin so complete that if the city one day suddenly disappeared from the earth it could be reconstructed out of my book. »
James Joyce, Ulysse
Le héros en est Léopold Bloom, et l’action se déroule sur la journée du 16 juin 1904, de 8 heures du matin à 3 heures dans la nuit.
Le roman raconte la journée du 16 (...)
Dear Esther est un jeu narratif à la première personne (merci à Coline Sidre de me l’avoir fait découvrir) où le joueur est un explorateur naufragé sur une île britannique, dans les Hébrides, errant sans but précis. Le jeu ne suit pas les protocoles traditionnels du jeu vidéo, proposant une interaction minimale au lecteur qui n’a qu’assez peu de choix à (...)
Sur la place de la Grande Mosquée, le bruit de l’océan dont les déferlantes se brisent dans un nuage brumeux qui surplombe la jetée. Coups de sifflets répétés. Il y a un langage du sifflet comme une langue des coups de klaxon, mais parfois l’erreur se glisse dans les propos et leur compréhension par les autres. Le gardien à l’abri dans sa guitoune en (...)
« Je fais des photographies pour savoir de quoi auront l’air les choses une fois photographiées. » Garry Winogrand.
Déambuler dans la rue, de manière frénétique, armé de son appareil photo, l’endroit permet de se confronter de manière plutôt intrusive, décomplexée, un large choix de situations, de figures différentes, d’origines culturelles et de (...)
Lundi matin, alors qu’il ne restait que quelques minutes avant la fin de l’atelier sur la ville que je mène à Sciences Po, j’ai entendu la lecture du texte d’une étudiante qui a laissé une impression durable en moi. À la fin de l’atelier j’ai juste eu le temps de lui dire qu’elle devrait lire Un homme qui dort de Georges Perec, que son texte s’y (...)
Découvrir cette ville que je ne connais pas en voiture, cela fausse forcément l’impression qu’elle nous laisse en l’abordant à pieds, en l’arpentant physiquement, les mesures en sont perturbées. Les perspectives tronquées. Les distances raccourcies et remaniées. Revenir sur ses pas pour retrouver l’endroit qui, sur le chemin, a attiré notre attention, (...)
Tout le monde a certainement remarqué que les lendemains de fête, qu’il pleuve ou qu’il neige, qu’il vente ou qu’il fasse beau, même en ce cas de figure assez rare à Paris, on n’a guère envie d’aller se promener en ville, même bien couvert, même à l’abri d’un parapluie ou en compagnie d’une amie chaleureuse ou d’une compagne aimante. Les lendemains de fête on (...)
Retourner dans cette ville de mon enfance dans laquelle je ne viens pas très souvent, dans cette partie ancienne de la ville que je n’ai plus arpentée depuis très longtemps, où j’ai vécu toute une partie de ma jeunesse, de 1978 à 1993, mais dont je ne garde pas que d’excellents souvenirs. À chaque visite, c’est un autre endroit que j’emprunte. Arrivée à (...)
Pour célébrer avec légèreté à cet événement lourd de sens l’anniversaire des vingt-cinq ans de la chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989, la capitale allemande a vu les choses en grand. 8000 ballons gonflés à l’hélium sont installés sur 15 km de long, suivant l’ancienne frontière que délimitait le mur. Une installation conçue par deux artistes allemands, (...)
Je voudrais avoir la capacité d’arrêter le temps, ce pouvoir d’immobiliser les êtres, les animaux, tout ce qui est en mouvement, les voitures, les vélos, les trains. Voir les choses sous tous les angles en même temps, modeler ainsi leur image dans mon esprit, avoir d’eux une vue complète, autour de laquelle je puisse tourner, dans une vision giratoire (...)
La Ville de Paris invite les Parisiens à recenser les lieux qui pourraient accueillir de la végétalisation au plus près de chez eux grâce à l’application mobile Dans ma rue. Murs, trottoirs, placettes, façades... 200 lieux publics proposés par les citoyens seront choisis et végétalisés.
La nouvelle version de l’application qui s’inspire de l’application (...)
Entre février 2007 et janvier 2009, j’ai participé à RadioList, la plateforme sonore des arts visuels dans la rubrique Arts sonores avec une série de pièces sonores sur la ville et le cinéma : Sound & Vision. Aujourd’hui je découvre que le site lancé par Xavier Cahen n’est plus en ligne. Je décide donc de mettre en ligne mes pièces sonores sur mon (...)
Afin de célébrer le 100ème anniversaire de la gare de Tokyo, véritable symbole de la capitale japonaise, et véritable joyau d’architecture, un court film d’animation de cinq minutes vient d’être réalisé par le studio d’animation A-1 Pictures.
Intitulée Passage of Time - Tokyo Station, le film met en scène la gare, il suit l’histoire de Misaki, qui se (...)
« Qu’est-ce qu’un jardin à Rome ? se demande Pascal Quignard dans Le sexe et l’effroi. L’âge d’or revisite le présent. Il s’agit de retrouver quelque chose de l’inactivité divine. Se tenir immobile comme les astres dans les cieux. Entouré d’un nimbe. Se tenir immobile comme le fauve se tient immobile avant de bondir sur la proie. Se tenir immobile comme (...)
Le roulis des wagons du train, bercé par la vitesse constante, la monotonie des images qui défilent derrière la vitre, du mal à les fixer, la chaleur ambiante, étouffante, le bruit par toutes les fenêtres ouvertes pour laisser entrer l’air, tout nous invite à somnoler, les yeux deviennent lourds, il faut les fermer, et l’on s’endort rapidement.
Les (...)
L’année dernière j’ai visité et rendu compte sur ce site de ma visite de la Tour Paris 13 avant sa destruction. Un tour du monde de l’art urbain. Œuvre de Guy Denning
Depuis quelques jours, quarante artistes urbains, de renommée internationale qui ont eu carte blanche pendant sept semaines, pour exprimer leur art, exposent dans la friche (...)
Difficile de savoir la meilleure piste à suivre, s’il vaut mieux raconter son trajet le jour même, dans la foulée de la promenade ou préférer attendre, laisser passer quelques semaines, voire plusieurs mois, avant d’en faire le récit. La carte est dessinée, le parcours noté, c’est ce qui est le plus difficile de retrouver avec le temps, il est préférable (...)
Tentative un peu désespérée ce matin de trouver un bateau qui nous mène à Capri depuis l’embarcadère de Mergellina qui se trouve près de l’endroit où nous habitons cette semaine à Naples.
Sur place, le soleil inonde l’embarcadère, mais aucun navire ne partira d’ici en ce lundi de pâques tous les stands sont fermés. Nous reportons notre croisière à plus (...)
Un lieu, c’est d’abord son nom. Une origine qui se lit au fil du temps, dans ce nom, où s’inscrit durablement son histoire.
Ici, l’esplanade a pris le nom de Nathalie Sarraute, écrivaine française d’origine russe.
La bibliothèque, emprunte le sien à Václav Havel, dramaturge, homme d’état tchèque, à côté l’auberge de jeunesse se nomme Yves Robert, (...)
Les guerriers Bantou de l’artiste Kouka Ntadi sur un immeuble abandonné du Boulevard Saint-Martin. L’artiste y voit plusieurs significations.
« Le guerrier bantou est à mon sens un symbole de retour à notre nature humaine. Bantou signifie humain en langue Kongo. Ce terme désigne également un ensemble de peuples vivant entre le Cameroun et (...)
C’est un privilège, une chance inouïe, une occasion à ne pas rater, entrer dans ce repli du monde, cette cache soigneusement protégée, cachée, dissimulée, qu’on ne peut atteindre en ville qu’accompagné, guidé, par une personne avec ses entrées, le code à la clé. Je suis resté un long moment derrière les grilles, souhaitant entrer mais ne le pouvant pas, (...)
La nécessité de s’éloigner du point de départ le plus vite possible, d’échapper aux terrasses accueillantes des cafés, à l’activité commerçante du jour et du lieu, Place d’Italie, sur le terre-plain juste à quelques volées de marches du Centre commercial Italie Deux et de ses 130 magasins et restaurants, où de nombreuses personnes se sont donné rendez-vous, (...)
J’ai le secret dessein de découvrir Paris, sous toutes ses facettes, la variété de ses quartiers aux atmosphères changeantes. Depuis plusieurs mois j’arpente la ville, dès que je le peux, et surtout, dès qu’il fait beau, un peu de soleil, en hiver une lumière plutôt rasante malgré sa timidité en fin de journée. Je me suis fixé quelques points de repères, (...)
Dans le cadre de l’atelier que je mène à Sciences Po pour la deuxième année : Récit sonore collectif : La ville à l’écoute, j’ai demandé à mes étudiants d’écrire une série d’injonctions urbaines qui s’inspire des Instructions pour monter un escalier de Julio Cortázar et du jeu de cartes conçu par Brian Eno et Peter Schmidt, Stratégies obliques (Oblique (...)
En l’absence de communication radio ou de radar, les pilotes engagés dans les années 20 dans la traversée des États-Unis de nuit pour la poste aérienne, devaient utiliser des avions de surplus de la Première Guerre mondiale, et s’appuyer, pour se guider dans leur plan de vol, sur des cartes de navigation souvent imprécises, inutiles de nuit, et (...)
Dans l’article que j’avais consacré aux Dents creuses, et plus généralement à l’entre-deux urbain, j’avais cherché à saisir comment, en construisant dans l’espace de ces dents creuses, on contribuait « à construire la ville sur la ville » ce qui créait une zone en transition, un entre-deux passager.
J’ai découvert à ce sujet le mémoire de Quentin Roux (...)
À l’occasion de la rétrospective de Chris Marker à la Bpi, du 16 octobre au 22 décembre, je me permets de diffuser ce magnifique article de Chris Marker sur Vertigo, d’Alfred Hitchcock, paru initialement dans la revue Positif n°400, en juin 1994. On peut trouver d’autres textes de Chris Marker sur le site Dérives.tv.
L’image de San Francisco se (...)
Les lignes de désir sont des passages coupant à travers parcs et espaces verts, visibles sous forme de pistes de terre mal dégrossies ou chemins de chèvres marqués dans le paysage à mesure d’un piétinement journalier. Tracées par chacun dans une volonté d’arriver plus vite à destination, ou simplement par curiosité, ces lignes matérialisent la force de (...)
La nuit, les enseignes lumineuses qui hantent nos espaces urbains mobilisent et nourrissent nos imaginaires, elles nous informent sur la ville et ses habitants. Elles racontent l’histoire d’un quartier, d’une communauté, d’une zone commerciale. Elles illuminent la ville.
Dans l’essai Les enseignes lumineuses – Des écritures urbaines au XXe siècle (...)
Heritage Experience est un service numérique culturel innovant dédié à la valorisation du territoire et du patrimoine. Basé sur une application iPhone innovante, déclinaison d’un projet de recherche, Walking the Edit entamé en Suisse en 2008 par Ulrich Fischer, Heritage Experience permet d’explorer de manière sensible un territoire et d’accéder en (...)
Cinquième semaine de l’atelier d’écriture proposé par François Bon pendant 10 semaine dont vous trouverez sur tiers livre les propositions d’écriture développées, avec exemple basé sur un texte d’auteur. Pour cette semaine, c’est à partir du monologue de La nuit juste avant les forêts de Bernard-Marie Koltès.
Je vais tenter de profiter de cet été et de ces (...)
Deuxième semaine de l’atelier d’écriture proposé par François Bon pendant 10 semaine dont vous trouverez sur tiers livre les propositions d’écriture développées, avec exemple basé sur un texte d’auteur. Pour cette semaine, c’est à partir du Château de Franz Kafka, de Dire I/II de Danielle Collobert.
Je vais tenter de profiter de cet été et de ces ateliers (...)
« Last night I dreamt I went to Manderley again... »
« J’ai rêvé l’autre nuit que je retournais à Manderley. J’étais debout près de la grille devant la grande allée, mais l’entrée m’était interdite, la grille fermée par une chaîne et un cadenas. J’appelai le concierge et personne ne répondit ; en regardant à travers les barreaux rouillés, je vis que la (...)
Pendant 10 semaines, à partir du dimanche 30 juin 2013, François Bon lance un atelier d’écriture dont vous trouverez sur tiers livre les propositions d’écriture développées, avec exemple basé sur un texte d’auteur. Cette première semaine, c’est à partir de L’été 80 de Marguerite Duras, que j’ai relu pour l’occasion (quel beau livre).
Je vais tenter de (...)
« En marchant, se fait le chemin / et tournant le regard en arrière / on voit le sentier que jamais / on ne foulera à nouveau / Marcheur, il n’y a pas de chemin. »
Antonio Machado.
Arrête ton cinéma, la tentation de dire cela à celui qui en fait trop, qui exagère, forçant le trait. Un peu comme s’il faisait l’acteur ou jouait une pièce de théâtre, (...)
Tous les commerces sont fermés à cette heure matinale, grillage en fer baissée, porte close. Le sol pavé glisse dangereusement, la pluie de la veille le rend luisant et prolonge la perspective des ruelles fuyantes, reflétant au sol l’image tremblante des bâtisses. Il est encore tôt, les passants sont rares et pressent le pas, visage fermé, regard (...)
Partir de chez soi, sans savoir avec précision où aller, commencer à marcher, à remonter les rues, longer les trottoirs, se faufiler entre les passants, regarder ce qui se passe autour de soi tout en marchant, être à l’écoute de la ville, les bruits des voitures, les conversations feutrées dont je ne capte que certaines bribes ou au contraire ces cris, (...)
J’étais parti à New York avec l’idée contradictoire d’y ralentir le temps là-bas. Je ne sais pas pourquoi, c’était juste une envie, qui répondait sans doute à un besoin de changement de rythme, pour entamer un nouveau cap.
Bien sûr là-bas, tout a été très vite. Nous avons beaucoup marché, arpenté les rues, les avenues, les parcs, les places, les métros, les (...)
Harlem, comme le Bronx, a longtemps été considéré comme un ghetto en raison de sa forte criminalité et son imposante communauté noire. Mais le quartier n’a pas toujours eu ce visage. En traversant le quartier ce jour-là, nous avons certes vus quelques bâtiments fermés, aux fenêtres murées de parpaings en vue d’être détruits, ou réhabilités, comme cette (...)
Un homme était assis près de la fontaine de Bethesda, au cœur de Central Park, quand nous sommes allés nous y promener dimanche. Il écoutait Night and Day chantée par Franck Sinatra. Il était assis là, sur le banc en pierre, immobile, son lecteur CD à ses côtés, volume monté au maximum, lisant, un léger sourire de contentement ravi aux lèvres, dans ce (...)
Curiosité du calendrier, il y a trois ans, Daniel Bourrion et moi échangions textes et photographies pour les vases communicants de mai 2010. Je recevais son texte Ruines écrit à partir de photographies prises en Normandie, à Édenville, dans la Vallée des peintres, tandis qu’il accueillait mon texte Présence active du vide, écrit à partir de deux de (...)
Buying some vintage records in Williamsberg stores Playing paper boats on east river shores Meeting mermaids and lobsters in Coney Island Puking our deep fried Oreos in Astroland Spending our days watching skylines from rooftops On independance day, Manhattan fireworks Life is easier where the walls are red Brooklyn is a place stuck in my head (...)
Les vidéos géolocalisées de la playlist « Ici même si » montrent les places de Paris recomposées façon puzzle, selon le principe du jeu sérieux des Situationnistes. « Aux quat’ coins d’Paris qu’on va l’retrouver éparpillé par petits bouts, façon Puzzle. » Chaque film propose en effet à voir une place d’une manière nouvelle, inédite, il invite à la déambulation, (...)
Texte écrit lundi midi pendant que mes étudiants de Sciences Po travaillaient sur la description de la ville en s’inspirant de l’écriture de Guillaume Fayard, suivant la même contrainte que celle que je leur avais indiqué. Dans la tension du texte qui s’écrivait face à eux, en même temps qu’ils écrivaient eux aussi, et qui était vidéoprojeté sur l’écran (...)
Lorsque nous étions à Londres pour passer les fêtes de fin d’année en famille, nous avons visité l’exposition Hollywood Costume qui s’était installée au Victoria and Albert Museum de Londres jusqu’au 27 janvier 2013. Une rétrospective qui examinait le rôle du costume dans l’écriture cinématographique pour mettre en lumière le processus créatif du costumier, (...)
Delphine Regnard avait lancé la semaine dernière un appel à participation collective ce mardi, de 14h30 à 16h30, pour accompagner en ligne le travail de ses élèves de première L. : Les L du désir.
« Dans le cadre de notre Séquence 3 Exercices de listes et à la suite de la lecture des Pâques à New York de Cendrars et de Il y a d’Apollinaire, nous nous (...)
J’ai suivi François Bon dans son court périple à Brooklyn, et sa traversée du bruit, dans le métro et ses tambours, pour son intervention à la New York University avec Olivier Barrot, puis profitant de son séjour pour visiter la librairie Barnes & Noble Brooklyn ou essayer le Kindle Fire dans son lit. À son retour, (...)
Deux ans après mon intervention sur "Média en quête d’identité" un travail sur le livre numérique (et non numérisé ou autrement homothétique...), où j’avais animé entre autre un atelier sur l’écriture de l’instant, je reviens donc en Ardèche, à Saint-Apollinaire-de-Rias, dans le cadre de la Fête de la Sciences 2011, où je suis invité pendant trois jours pour (...)
À l’occasion du concours lancé par la médiathèque de l’Astrolabe à Melun sur les carnets de voyage, dans le cadre de son festival annuel, en novembre 2010, mes filles Nina et Alice (10 et 12 ans) y ont participé en proposant un voyage imaginaire : Notre tour du monde. Nina travaille sur son carnet de voyage Dessin de Nina
En partant (...)
Samedi, je suis parti me promener un peu au hasard des rues du 11ème arrondissement, et, remontant la rue du Chemin Vert, je me suis retrouvé devant l’entrée du Cimetière du Père-Lachaise. Des années que je n’y étais pas venu. Je suis entré dans le cimetière et je me suis promené dans les allées, montant, descendant, cherchant les endroits les moins (...)
Hier soir, je découvre une série de tweets de Joël Ronez au moment où je m’apprête à rédiger le récit de ma promenade avec Caroline, remontant jusqu’à chez nous depuis la Gare de Lyon, où nous étions venus accompagner notre fille Alice pour son départ une semaine en colonie de vacances. Joël Ronez commence le livetweet de ce qu’il nomme avec humour son (...)
En rentrant chez moi, j’assiste à une scène étrange. Plusieurs femmes marchent au ralenti sur les trottoirs de la rue Pierre Dupont, mais également sur ceux du Passage Dellessert. Je marche d’un bon pas et ne m’arrête qu’un instant pour les observer mais leur image reste imprimée en moi, sans doute accentuée par le contraste entre la vitesse de mon (...)
L’image de San Francisco se confond pour moi avec celle de Vertigo, chef-d’œuvre d’Alfred Hitchcock tourné sur place du 28 février au 15 octobre 1957. La ville n’y joue pas un rôle central, mais elle constitue l’arrière-plan caractéristique de ce drame interprété par l’envoûtante Kim Novak et le tourmenté James Stewart.
Lors de notre séjour à San (...)
Des ruines modernes au bord du Pacifique. Les vagues de l’océan viennent s’écraser sur les rochers et nous rappellent celles qui scellèrent le baiser de Scottie et Madeleine dans Vertigo. Les structures labyrinthiques des anciens Bains Sutro gisent à nu sous un ciel éclatant, les lys sauvages fleurissent sur les falaises coiffées de cyprès dont le (...)
Vous êtes ici : brusquement. Une nouvelle journée sous la grisaille parisienne. Entre les quatre murs de la chambre, se languir des mois précédents où soleil et chaleur étaient quotidien.
Vous êtes ici : la vue est tout simplement renversante. La rue assez morne s’éveille d’une dynamique nouvelle : jusqu’alors immobile, elle grouille de monde tout à (...)
Harry Callahan, Providence, 1984
La méthode de Harry Callahan était de se balader tous les matins dans la ville où il vivait pour y prendre de nombreuses photographies. Je fais de même. Je veux voir combien de photographies différentes je peux rassembler en jouant avec les variations d’une même idée. Et passer ensuite toute mon après-midi à faire (...)
L’innocence s’acquiert au fil de l’instinct. La mémoire choisit, elle retient ou efface, le souvenir appelle et l’oubli nous aveugle. Sa bouche ressasse, elle essuie les traces. Ici, pour vous, je passe et moi ici j’ai peur. Pas le droit de chercher par vous-même la vérité des faits. Le pli marque donc une limite interne. Il faut l’entendre dans le (...)
Réalisé par Antoine Viviani, co-produit par sa société de production Providences et Arte, In Situ propose de suivre plusieurs interventions artistiques visant à réenchanter le quotidien de la condition urbaine.
Le film d’Antoine Viviani peut être visionné de manière interactive. Le spectateur peut en effet le voir sous différents angles en utilisant (...)
Drums & Guns
La Revue Urbaine (découvrir et repenser les villes européenes) vient de mettre en ligne, l’ensemble de ses numéros.
URBAINE est une tribune militante pour une ville meilleure. C’est une revue collaborative pour ceux qui veulent révéler, valoriser, encourager ou agir pour la diversité de nos villes. URBAINE est un réseau européen de citoyens qui (...)
Tokyo by night
Sa lumière froide, un dernier éclat. Une fausse annonce. Souvent cela sera tout. C’est après que tout cela pose problème. Mais là il n’y a que les voix et les rires étouffés. Le gouffre de la gorge et la densité de l’air. La vibration des sons et le silence. Appuyé contre ce qui se dérobe, il n’est plus possible de tenir très longtemps. Mais une dérive (...)
J’ai toujours aimé les ateliers d’écriture itinérant, ceux que j’ai organisé à Paris lors de mes ateliers d’écriture sur la ville, le long du canal Saint-Martin, lors de la Tentative d’épuisement d’un lieu parisien : Place Stalingrad, ou avec les élèves de 6° et de 4° du Collège Valmy, écrire le long du Canal Saint-Martin.
« On vit quelque part : dans un (...)
Vous lui montrez les murs sans fenêtre, rien que cette porte par là où celui qui vous parle est entré, de l’autre côté les couleurs, le bruit, toute la variation du monde. Le risque de s’y prendre. L’autre vous écoute. Il vous dit que dans tout le vacarme des grands arbres, l’animal se vautre dans la poussière. Tout passe et tout demeure mais notre (...)
Je me souviens, il progressait dans l’espace incertain en lançant au-devant de lui un ruban blanc lesté d’une pierre. C’est d’abord un texte qui est comme un fil conducteur. Pour être parcouru, l’horizon devait d’abord être fragmenté en petites unités praticables, à pied. La progression se fait par dévoilements successifs, mais chaque voile retiré s’ouvre (...)
Je vais me promener, tous les chemins me conduisent au même endroit. Une voie sans issue. Je l’écoute me parler. Il y a eu un mot. Ce qu’il me dit : il y avait ces lits. Ces lits séparés. Elle m’a même dit qu’elle allait foncer dans l’arbre. Et je ne peux m’empêcher de voir cette image de la voiture accidentée contre l’arbre. Je poursuis mon chemin. Je (...)
Vous êtes libre de ne pas entrer. Libre de vos mouvements. Ici, les histoires se confondent et se font écho. Dans ses girations, si terriblement matérielles que l’esprit s’en mêle, s’emmêle, c’est une machine à faire tourner l’esprit autour d’un centre qu’on n’a point vu. Existe-t-il vraiment ? Même pas sûr qu’il existe. Mais s’il n’existait pas, autour de (...)
Aller dans un endroit banal, n’importe quelle ville de banlieue fera l’affaire, y aller sans raison précise, au hasard c’est idéal, on peut prendre une carte, fermer les yeux et pointer le doigt n’importe où dessus. C’est là que je vais aller et s’y rendre sans se presser. Cette ville la visiter comme un touriste qui aurait perdu son précieux guide, (...)
Étranger en tout lieu être partout chez soi. L’enthousiasme ou les projets d’avenir sont difficilement supportables en cette période de l’année. Sonne révolution qui oblige. Des éclats et désastres, énigme, évènement pur coupant au sommet des dunes. Ils avancent les enfants, par petits groupes ayant perdu leur cohérence à l’arrière, mais dont ils gardent (...)
L’air est un mur, la peau un barrage. On capte les bruits de loin, on observe le moindre geste. Chaud devant ! Pas touche ! Par moments la surface a besoin d’être enfin calmée. L’ampoule grattée jusqu’au sang, les raies blanches laissées par les ongles sur la peau hâlée, et toutes ces égratignures qui sont comme les signatures des grains de sable. Le (...)
Pour commencer le nouveau jour, c’est bien mieux de caresser le temps tout doucement dans le sens du pelage. Je suis dans une posture très inconfortable. Reprendre son souffle fort heureusement en temps voulu. Mon corps est un costume de feutre, sans boutons ni passementerie. Sans aucun espoir de médaille. Faire peau neuve chaque jour avec dans (...)
Avec le soleil malgré le vent frais. La pierre n’a pas reçu en partage sa respiration. Dehors entier réceptif. Luxe de sortir du monde pour mieux y plonger. Étrange comme pour moi entre écrire et marcher, quelque chose avance ensemble. Le même air pris à pied ou bien assis dedans mes mots à les trier, une respiration, un souffle long, pour vivre mieux (...)
« Trajets, parcours, topologie, quadrillage, lignes de fuite, lignes de désirs. Espace complexe donc, multitude de points de fuite singuliers, la perspective tourne. Rien d’irrémédiable. Cheminements. On ne choisit pas sa mort ? (.) Troupeau d’éléphants en marche, sans lieu précis, en errance. Chacun son allure, sa vitesse donc. Son désir. (.) Dehors, (...)
Il est souvent plus simple de faire que de justifier pourquoi on ne fait pas. L’allure est régulière, marcher dans la rue, jamais à vide, place gardée pour nos accumulations. Ainsi les livres successifs, loin d’être des opuscules indépendants, font corps, sont, chacun, les parties d’un tout. Quelque chose à dire, à formaliser. Quelque chose du (...)
Lire pour n’être plus soi. Donc, même tout gosse, je lisais tout, je continue d’ailleurs. Si mes parents me disaient : « On n’a pas le droit de lire à table », je continuais. Je lisais les étiquettes des bouteilles de bière, je lisais les étiquettes des boîtes, parce que pour moi si c’était écrit c’est que c’était important, donc je continue ça. Qu’on (...)
Ne pas trouver son chemin dans une ville, ça ne signifie pas grand-chose Mais s’égarer dans une ville comme on s’égare dans une forêt demande toute une éducation. Il faut alors que les noms des rues parlent à celui qui s’égare le langage des rameaux secs qui craquent, et des petites rues au cœur de la ville doivent lui refléter les heures du jour aussi (...)
Le doute et ses mirages s’effacent. La lumière par une ouverture. L’un n’est-il pas de l’autre bord ? Je voulais aller loin, entrer ailleurs. La nuit qui nous a suivis pas à pas a le souffle court. Moments miroitants, dangereux. Je cherche le plan que j’ai gardé de la ville. Les mots, les tracés se reforment comme d’anciens chemins qu’aurait mal (...)
Cet homme, je le croise dans la rue, familiarité passagère avec lui, les traits de son visage, son expression. Je le connais, mais je ne parviens pas à mettre un nom sur son visage, identifier d’où nous nous connaissons. J’essaye de me repérer par rapport à l’endroit où je le croise. Cet endroit, c’est la même chose. J’ai confondu avec une autre (...)
Mieux envelopper, marcher. Sans devanture et sans relief il va falloir se projeter. Comment dire, dedans ? Ce n’est pas comme dans l’attention flottante, le monde continue de se produire, les bruits agacent, les odeurs ondulent. On ne peut pas tous intervenir à chaque instant. Pendant ce temps, les corps en suspens, autour de nous tout continue à (...)
Dans le cadre de ma résidence d’écrivain soutenue par la Région île-de-France à la librairie Litote en tête, j’ai commencé l’écriture d’un texte intitulé Les lignes de désir, récit à lecture aléatoire, résulte de la contrainte d’une écriture en ligne, réalisée directement sur Internet, en 2010 et 2011.
Ce projet d’édition est protéiforme. J’imagine au-delà de la (...)
Le soleil est haut dans le ciel, c’est un beau jour d’été. Il fait chaud, l’air est lourd, pas un souffle de vent. L’homme dort à même le sol, sommeil d’ivrogne, lourd et fatigué. Il a échoué là, sur le trottoir, sans savoir où il est, ce qu’il fait là. Il a fermé les yeux et tout oublié. Son souffle est épais, aviné, troublé. Je l’entends, passant à ses (...)
C’est un lieu que je connais bien, tous les matins le même rituel pour aller prendre mon train, remonter la rue à l’ombre écrasante du bâtiment de la SNCF. Le mur nous soutient, nous guide, avec la ligne de soutènement qu’il trace à nos côtés. Je parviens finalement tout en haut de la rue. Là, tout s’ouvre, se dégage à ma vue. Attendre avant de (...)
Dans ce passage guère accueillant, qui conduit au parking de cet immeuble sans charmes, ce lieu qui n’est pas un lieu, lieu de transition plus qu’un lieu de passage, tout en longueur, on n’y traîne guère. L’immeuble est au bout, en retrait de la rue, assurant la relative tranquillité de ses habitants. Une fois passé le porche d’entrée, dans le mur, (...)
Vérifier, de mes yeux vérifier. Combien de silhouettes croisées et recroisées au hasard des rues, des dizaines et des dizaines de fantômes de cette sorte ? Se souvenir de ces visages, de ces silhouettes, les extirper, le plus souvent, c’est une rue, une station de métro, un café qui nous aident à ressurgir du passé, de la matière sombre comme en (...)
La forme la plus simple de la carte géographique n’est pas celle qui nous apparaît aujourd’hui comme la plus naturelle, c’est-à-dire la carte qui représente la surface du sol telle que vue par un œil extraterrestre. Le premier besoin de fixer les lieux sur la carte est lié au voyage : c’est le mémento de la succession des étapes, le tracé d’un parcours. (...)
À un moment ou à un autre tous hésitent. Nous lançons des messages qui s’effacent. Le monde, le réel n’existent que vus, perçus. Rêvés à travers notre regard. Ne vous laissez pas impressionner. Manière fragmentée de se donner corps. Une idée d’abord lointaine et floue. Fragilement, intensément.
Surtout, ne pas définir, ne pas tracer de contours. (...)
Nous entrons en contact avec l’étrange mystère des espaces qui nous entourent. À aucun moment nous ne doutons de ce que nous ressentons, pourtant rien n’y est moins changeant et mobile que nulle part ailleurs. C’est un endroit qui se transforme à mesure qu’on y avance. Sa métamorphose ne l’empêche pas de craindre d’être un jour ou l’autre démasqué. Le (...)
Zoner, c’est au fond accepter que nous avons renoncé à observer d’autres sujets comme on observe des fourmis ou des myosotis. Et que nous sommes avec les fourmis, les myosotis et les autres humains à la fois sujets et objets d’observation, nous regardant les uns les autres avec la stupéfaction des voyageurs à pied qui n’ont pas réservé à l’auberge. (...)
Promenade géolocalisée entre la rue Eugène Varlin dans le 10ème et l’avenue Simon Bolivar, dans le 19ème arrondissement de Paris, diffusée sous une autre forme, sur le blog d’Anne Savelli : Fenêtres Open Space, à l’occasion de l’opération vases communicants d’échange de blogs tous les premiers vendredis du mois.
Photographies et poésie de Pierre Ménard (...)
Une trouvaille : la visualisation du canon 1 à 2, dit « canon cancrizans » (c’est-à-dire en crabe), issu de L’Offrande musicale, de Jean-Sébastien Bach, sous forme de ruban de Möbius. En effet, sur Parcours étranges on découvre que « le manuscrit montre une seule portée dont le début est joint avec la fin. Cet espace est topologiquement équivalent à un (...)
Voir sans regarder, toucher sans saisir : la mesure des choses
Observer l’émergence du monde, c’est observer à la fois ce qui est en train de disparaître et ce qui n’est pas encore manifesté. C’est-à-dire observer un entre-deux subtil dont nous n’avons pas toujours conscience et que notre regard discerne mal, entravé par des formes de pensée et des (...)
Écoutez le récit d’un voyage dans la ville, des pas sous la neige avancent au hasard. Au coin d’une rue le marché, dans ce quartier c’est tous les mardis.
On enregistre tout ce qu’on entend autour de soi, ce que l’on voit, ce que l’on devine. Avancer avec l’idée d’inventer sa ville et le parcours qu’on y dessine forme quelque part le visage de chacun (...)
Pendant deux heures ce samedi 13 juin, de 14h. à 16h., j’ai suivi en ligne, sur le site de micro-blogging Twitter, l’expérience initiée par Thomas Baumgartner de Twentative d’épwisement d’un llieu parisien qui s’inspire directement du texte de Georges Perec : Tentative d’épuisement d’un lieu parisien.
En octobre 1974 Georges Perec s’est installé pendant (...)
Barcelona, par Rufus Wainwright (Album : Futur Run, 19 mai 1998).
Lancé à l’été 2008 par le collectif Microtruc le projet DCODD se propose d’apporter un regard nouveau sur les lieux familiers de la capitale.
DCODD est un projet de playlists vidéos localisées. Des nuages de codes 2D sont tagués sur les trottoirs de carrefours parisiens (Carrefour de l’Odéon, Place de la Bastille, Place du Châtelet, Place de Clichy, (...)
Strates
Route captive
Strates de terre, de pierres, de goudron
Une tartine d’épaisseur. Soudain cassée.
Ruban de bande magnétique rompu au ban des routes
Mis de côté. On n’y touche plus. On le laisse au temps.
Le temps y travaille son délit de délitement.
Puis il y a la crevasse, la faille et l’écart
On saute d’une rive à l’autre, d’une lèvre à (...)
Après plus de vingt ans à parcourir les routes américaines, le photographe Jeff Brouws se décrit sur son site comme un « anthropologue visuel avec appareil photo ».
Drive-in, vieux panneaux de signalisation et bâtiments abandonnés, il a développé un goût pour les lieux transitoires et les paysages désolés comme dans la série Approaching nowhere. Il (...)
Retrouvez sur RadioList une série de pièces sonores : Ici : Londres.