LE BAL, plateforme d’exposition, d’édition, de réflexion et de pédagogie, dédiée à l’image sous toutes ses formes : photographies, cinéma, vidéo, nouveaux médias, proposait les 21 et 22 janvier 2019 une formation inter-professionnelle en partenariat avec la DRAC Île-de-France sur la thématique image et territoire.
Selon « qui parle » et « d’où l’on parle », le territoire prend des sens différents. Le territoire n’est pas une donnée géographique préalable. Il est constitué et habité par les hommes. Lieu de partage, c’est aussi un espace critique et subversif en perpétuel mouvement. Comment le lire, le comprendre et en retour mieux nous connaître ? Comment par l’image donner à voir ses potentiels ? Comment s’investir à l’échelle d’un territoire ?
L’objectif de cette formation inter-professionnelle à destination des acteurs du champ éducatif, social et culturel, à laquelle j’ai participé pour la bibliothèque François Villon et le projet de La ville à l’œuvre, une carte du quartier que j’y ai lancé et que j’anime depuis deux ans, était d’aborder la notion de territoire au travers des images et de leurs enjeux, en participant à un workshop de création avec deux photographes, Aurélien Bambagioni et Guillaume Lebrun, afin de pouvoir monter ensuite de manière autonome des ateliers culturels et artistiques avec des jeunes.
L’atelier auquel j’ai participé était proposé par Aurélien Bambagioni : Un X marque l’emplacement. Le photographe nous a proposé six parcours au choix dans le quartier du BAL, pour chacun d’entre-eux une série de dix adresses géolocalisées. Une fois choisi le parcours, il fallait nous rendre sur place en binôme et photographier ce que nous retenions à cet endroit, ce qui attirait notre regard, notre attention. Le parcours était constitué de deux axes qui se croisaient en X. La dernière photo du parcours devait être prise à la croisée des deux axes et constituait en quelque sorte le trésor que nous avions trouvé à cet endroit, comme souvent le X sur une carte marque l’endroit d’un trésor.
Au retour de notre périple, chaque binôme avait réalisé une série de photographies. Après sélection de dix images correspondant aux points précis du parcours, chacun a collé ensuite ces photographies qui avaient été imprimées par l’équipe du Bal sur des feuilles autocollantes, sur une feuille A3 sur laquelle Aurélien Bambagioni avait préalablement disposé selon un assemblage permettant de plier la feuille pour obtenir une carte alternant images imprimées des lieux captés sur Google Earth et zones blanches où placer nos photographies en provenance de chaque lieu.
Parcours X4.
Avec Sébastien Boutin (mon binôme dans cette expérience) nous avons suivi les indications géolocalisées d’Aurélien Bambagioni reproduites ci-dessous :
1 - 48.8831590, 2.3266745
2 - 48.8823503, 2.3259191
3 - 48.8816490, 2.3256056
4 - 48.8812878, 2.3251228
5 - 48.8799433, 2.3240241
6 - 48.8790049, 2.3233777
7 - 48.8814952, 2.3233709
8 - 48.8804251, 2.3252901
9 - 48.8800608, 2.3260063
X4 - 48.8807139, 2.3247688
Voici nos dix photographies, réalisées en concertation, plusieurs photographies étaient prises à l’emplacement indiqué sur la carte, puis nous discutions ensemble pour savoir qu’elle était selon nous la plus intéressante. Au fil du parcours un point de vue s’est dessiné, entre signes de la ville (enseigne, art et mobilier urbain) et rencontres fortuites (à un endroit sans grand intérêt, le portrait d’une habitante, nos visages dans un reflet, ou au centre du X. notre trésor : un vieux vélo à l’abandon).
L’atelier de Guillaume Lebrun se concentrait pour sa part à un endroit précis du quartier, en l’occurrence la place de Clichy. Le photographe a demandé à l’ensemble des participants d’aller à la rencontre des passants, des habitants, des touristes, qui fréquentent et transitent par la place, afin de faire leur portrait en leur demandant de poser pour eux, tout en prenant des photographies du cadre dans lequel ils avaient installés leur studio de prises de vues improvisé en extérieur : des fragments de graffitis, d’affiches lacérées, de détails architecturaux, du sol, des murs de la place.
En revenant de cette prise de vue, ils avaient pris plus de deux cents photographies, il leur a fallu sélectionner avec l’aide de Guillaume Lebrun, les photographies qu’ils retiendraient pour la mise en forme d’un carnet photographique. À partir d’une maquette préétablie par le photographe au format A5 une fois pliée, et dans laquelle devait impérativement figurer une photo choisie par l’artiste comme base commune. Chaque participant a sélectionné les photographies qu’il voulait garder et mettre en page dans ce carnet, en les collant, puis en intervenant dessus avec des feutres directement sur les pages et les photographies. Le résultat de leur carnet est un portrait vivant de la ville, de visages croisés dans leur environnement, corps s’inscrivant le temps d’une image dans son territoire.