Duane Michals est un photographe américain connu pour ses séquences, séries de photographies à l’influence surréaliste où des histoires fictives se mêlent à des légendes manuscrites au dessous.
Au début de sa carrière dans les années 60, Duane Michals est passé par une image plus classique, entre photos de reportage, portraits et prises de vue urbaines. Empty New York (New York vide), sa véritable première série réalisée en 1964 dépeint sa ville d’adoption surpeuplée sans présence humaine, en citée fantôme.
Cette série fait référence à l’atmosphère surréaliste des photographies de Paris d’Eugène Atget que Duane Michals a découvert en 1962. Pour tenter de devenir « l’apprenti d’Atget » selon l’aveu même du photographe, Duane Michals vagabonde dans ce désert urbain, ses rues, ses magasins, son métro, tous vides. « Atget est important pour moi, explique-t-il. Ses images très théâtrales, ses mises en scène, ses atmosphères mystérieuses m’ont toujours fasciné. C’est lui qui m’a amené aux séquences. »
Les photographies montrent une ville vide et silencieuse dans des compositions d’intérieurs et d’extérieurs assez classiques : une laverie où Duane Michals avait ses habitudes près de chez lui, une boucherie vétuste, une allée désolée derrière les montagnes russes à Coney Island, un salon de coiffure typiquement new-yorkais, une vitrine pleine de chaussures pour femmes, une rame de métro où gisent au sol quelques détritus, un pont, un restaurant, une chambre, un escalier.
Le désert des photographies de Duane Michals comme celles d’Eugène Atget dramatise le réel, il crée « ce salutaire mouvement par lequel, écrit Walter Benjamin, l’homme et le monde ambiant deviennent l’un à l’autre étrangers. » Les rues vides, fixées à une heure matinale, paraissent inviter l’observateur à se promener, paisible et solitaire, à déambuler dans ces espaces inoccupés. Dans un rêve infini d’errance nostalgique.