Nous nous enfonçons avec délice dans les ténèbres et nous leur découvrons une beauté qui leur est propre.
Junichirô Tanizaki, Éloge de l’ombre, 2012
La nuit est à l’intérieur
L’air, la lumière semble douloureusement distinct et proche, même le temps devient concret et perceptible dans son écoulement. Chaque passant est une promesse. Chaque regard un (...)
Une agente immobilière découvre un jeune garçon dans l’une des maisons qu’elle fait visiter à de potentiels acheteurs. L’apparition se répète et la femme abandonne peu à peu son quotidien monotone pour passer de l’autre côté du miroir. Truffé d’apparitions de doubles et de croisements temporels, la précision de la machinerie de ce court roman décrit un temps (...)
Si toutes les feuilles de tous les arbres avaient une langue et si ses langues parlaient de vous, si elles vous décrivaient le jour et la nuit pendant des siècles, elles ne pourraient pas dire qui vous êtes.
Laura Vazquez, La semaine perpétuelle, 2021
Le temps, ici, n’a pas lieu
Une suite de séquences brèves, sans que l’image se modifie de façon (...)
Pour faire le portrait de son père qui porte le nom d’une île en Louisiane sur le point de disparaître, Hélène Gaudy utilise les mêmes outils que dans son précédent roman, Un monde sans rivage, « l’observation, la déduction, les mots et les images, une enquête de proximité pour mieux le découvrir, le rencontrer. » Un récit sensible et mélancolique sur cet (...)
Il existe un mot japonais qui désigne la lumière du soleil qui filtre à travers les feuilles des arbres : Komorebi.
Ce jeu de lumières qui se faufile entre les feuilles d’un arbre est une source de méditation naturelle. Ce dialogue de l’ombre et de la lumière est important pour notre quiétude.
Dans le film de Wim Wenders, Perfect Days, Hirayama est (...)
Pas encore d’ici, plus jamais de là-bas
Il y a quelques années, j’ai commencé à écrire un livre autour Bilal Berreni, alias Zoo Project, artiste urbain né en 1990 à Paris et mort assassiné le 29 juillet 2013 à Détroit. Après plusieurs versions du texte, faute de parvenir à trouver la forme d’un récit où parvenait à se mêler harmonieusement portrait de (...)
Chaque mois, un film regroupant l’ensemble des images prises au fil des jours, le mois précédent, et le texte qui s’écrit en creux.
« Une sorte de palimpseste, dans lequel doivent transparaître les traces - ténues mais non déchiffrables - de l’écriture “préalable” ».
Jorge Luis Borges, Fictions
Il n’y aura pas de journal ce mois-ci. Les images que (...)
Staying alive
Un endroit banal dans Berlin que le film Ondine de Christian Petzold rend particulier, surprenant, c’est le lieu de rendez-vous où les personnages se retrouvent, se perdent de vue, se font des promesses, des adieux, se menace d’y mourir, de partir ou de revenir, un lieu chargé de ces gestes traversés par des émotions qui n’existent (...)
Signe fantôme
Croiser par hasard son reflet dans un miroir, remarquer cette pointe de chemise qui dépasse du col du pull. Ce n’est pas la première fois, l’effet est toujours le même. Le débraillé imprévisible du vêtement ravive le souvenir d’une image d’enfance. Le jour de la photo de classe, le bout de la liquette à petits carreaux reste (...)
Mémoire vive
Une image de la séquence des fresques dans Fellini Roma sert d’illustration à un article sur la décomposition des fichiers numériques de films et d’émissions de télévision qui préoccupe Hollywood. Les professionnels de l’industrie craignent en effet que de nombreux fichiers numériques deviennent inutilisables, une tragédie archivistique qui (...)