Ce recueil poétique retrace l’expérience d’une spectatrice regardant le film de Chantal Akerman, Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles, qui raconte le quotidien d’une jeune veuve, mère d’un adolescent, une ménagère enfermée dans la routine d’une vie : « le désarroi des aléas / du / désœuvrement / son désespoir et leur monotonie dans / (...)
Quand je ne dis rien je pense encore
Chaque phrase hésite à se poser, chaque ligne vacille comme si elle allait s’effacer avant même de s’inscrire. Dans l’étirement de l’instant, cet intervalle qui amplifie la tension, qui en retient l’élan, le mot tarde à venir, presque à contretemps. Il faut attendre, parfois longtemps, que le bon mot se forme, qu’il (...)
Chaque mois, un film regroupant l’ensemble des images prises au fil des jours, le mois précédent, et le texte qui s’écrit en creux.
« Une sorte de palimpseste, dans lequel doivent transparaître les traces - ténues mais non déchiffrables - de l’écriture “préalable” ».
Jorge Luis Borges, Fictions
C’est un lieu qui n’est ouvert qu’une fois par an. Le (...)
Après Meta Donna, Et tout soudain en rien, Suzanne Doppelt publie Un beau masque prend l’air, texte poétique en écho à 17 œuvres picturales dans lesquelles figurent des animaux.
Les animaux présents dans ces différentes œuvres ne sont jamais les mêmes d’une peinture à l’autre, ils ne représentent donc pas le portrait d’un animal, mais le décrivent dans (...)
Marcher à côté de ses lacets dans un frigidaire vide
Les installations de Chantal Akerman forment un contrepoint spatialisé à son œuvre cinématographique. Elles nous invitent à inventer notre propre chemin, à éprouver et à traverser le film ou l’installation chacun à sa manière. Elles construisent un espace qui nous met en mouvement et éveille notre (...)
Au lieu de créer une distance
J’avais entendu une de mes collègues en parler à la bibliothèque. Je n’ai pas réalisé tout de suite qu’il s’agissait de l’exposition dont nous avions vu des reproductions avec Nina sur le quai d’une station de la ligne 1, la semaine précédente. J’ai proposé à Caroline qu’on s’y rende. Un but de promenade. Partir sans (...)
Une absence de point final
Les valises tournent lentement sur le tapis roulant de l’aéroport. On regarde son manège monotone, l’air hagard, les yeux fatigués, baillant, le visage terne, les vêtements froissés. Certaines valises passent plusieurs fois devant nous, personne autour de nous ne les prend. Dans le même état d’attente et d’effroi, épuisés (...)
Entre deux nuages
Difficile à contrôler, ça n’arrive jamais à l’instant prévu, à l’endroit qu’on imagine. C’est désarçonnant. Premières marches de l’escalier en colimaçon, dans une sculpture monumentale de plusieurs étages (sculpture symphonique de Gabriel Loire, entièrement incrustée de vitraux colorés). On monte sans prendre garde à la hauteur du bâtiment, (...)
Le temps d’un flottement
C’est à chaque fois différent mais le même trouble nous submerge. Treize heures d’avion ce n’est pas rien. Décollage depuis Roissy, en début d’après-midi. On n’arrive que le lendemain. Mais entre-temps c’est la durée du voyage qui s’allonge comme suspendue, maintenue en l’air, semblant ne pas avancer. Deux journées se confondent en (...)
Chaque mois, un film regroupant l’ensemble des images prises au fil des jours, le mois précédent, et le texte qui s’écrit en creux.
« Une sorte de palimpseste, dans lequel doivent transparaître les traces - ténues mais non déchiffrables - de l’écriture “préalable” ».
Jorge Luis Borges, Fictions
Toutes les stratégies sont bonnes pour voir la ville (...)