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Transports en commun

Texte écrit lundi midi pendant que mes étudiants de Sciences Po travaillaient sur la description de la ville en s’inspirant de l’écriture de Guillaume Fayard, suivant la même contrainte que celle que je leur avais indiqué. Dans la tension du texte qui s’écrivait face à eux, en même temps qu’ils écrivaient eux aussi, et qui était vidéoprojeté sur l’écran blanc resté allumé après ma présentation d’Audacity.

Lentement, temps de, dans la chaleur de tes, sans fin des profondeurs, taxis silencieux.

Corps hagard, ces femmes qui, sirène, lumières chaleureuses. De retour.

De retour, vieux platanes. Un autre chien, et l’odeur de ta peau.

Rue inconnue, le monde se lève, le pas en te regardant, dans les artères.

Fin. Descente. Entrée. Départ. Arrêt. Fin. Descente. Attirer dehors, du bruit creux de tes pas.

Plaisir de contempler, dans ses yeux, neige tombe, sur l’emploi du temps.

Un courant d’air, pour mieux t’échapper, par la ville. Du bruissement, te souviens de tout.

Le ciel vous, le sol, soit, un peu moins froid, en te disant ça ira. Même si, dans leur monde.

Sous l’effet d’un puissant. Le goudron pourtant, ces fantômes poussant.

Les yeux rivés, toujours à l’heure, toujours avec son dos, mêmes réverbères.

Le vent souffle, suivre du regard, flot de voitures, il te regarde, grand ciel, le même tempo.

Peut-être. Cela n’empêche. La ville telle, sur le bitume tiédi, au son lointain des pas. Homme, femme ?

Le verdict, ce sol grisâtre, même parcours, de simples taches, les odeurs seules, train-train interminable.

Un long couloir étroit, après ton réveil, la moindre ouverture, un point positif, à proximité, pour toi imparable.

Pas les voitures, ne jamais croiser ton regard, des bousculades, quelques mois plus tôt. Changement de point de vue.

Fixant sans harassement ni affaiblissement, sors instantanément, simple objet du quotidien.

Telle perfection, mieux marcher sur une main. Sur la route, à profit cet instant, à qui veut l’entendre.

Il faut dire qu’ici, regard furtif, manteau de fourrure, petit rictus, murs blanc cassés, voix à peu près correcte, avec hésitation.

Selon un rythme, ce brouhaha une chanson, à contre-courant, de la marche marque l’entrée, lui laisser place.

Des contrées éloignées, mettre à l’abri, passants plus rares, les lumières, seul.

Un parcours, sol lourd, ailleurs et te voilà, mannequin rayonnant, l’opacité de la nuit.

Les escaliers de pierre, combat perdu d’avance, contre les épaules, autour de toi, son travail, déjà-vu mécanique.

Torpeur urbaine, dans le décor, transports en commun. C’est du sincère ou pas, tellement de visages, station bondée, murs blancs.

Froid mordant, corps et âme, à perte de vue sur des dégradés de gris, te laisser séduire. Remonter cette rue, avec amertume, et un peu de remords.

Ta route, inlassablement, longue promenade, le bruissement du vent.

Un flot de. Pour admirer. Chaleur pesante et un nuage de poussière. A force de persévérance.

Au rendez-vous, rallier l’avenue, pire, périple, bon à piétiner. Comme point final.

Je retrouve au moment de mettre en ligne ce texte, en commentaire d’un texte de François Bon sur son site autour du Manuel d’instructions de Cortázar en atelier d’écriture, d’après ses Instructions pour monter un escalier, extrait de Cronopes et Fameux, ce texte sous forme de propositions pour Écrire la ville, le 9 septembre 2008.

Écrire la ville. Nul besoin de courir le monde, l’univers urbain qui nous entoure est une source constante d’inspiration. Effectuer des petits voyages exploratoires à travers les rues de votre ville, en observant ses flux, la constante mutation de sa géographie. Par l’écriture d’un manuel d’instructions, reproduire, à travers ces menus exercices, les mouvements constants au sein d’une banalité familière. Instructions pour traverser la route en veillant à bien regarder à droite à gauche. Instructions pour respecter les passages piétons. Instructions pour rouler à droite. Instructions pour attendre le feu vert et traverser la route. Instructions pour attendre le bus sous l’abri bus. Instructions pour aider une personne âgée à traverser la rue. Instructions pour tourner quand on est à vélo. Instructions pour traverser un pont. Instructions pour prendre le train. Instructions pour faire la queue devant le cinéma ou un musée. Instructions pour garer son vélo. Instructions pour marcher les yeux ouverts. Instructions pour suivre un inconnu dans la rue. Instructions pour aller acheter une baguette de pain. Instructions pour héler un taxi. Instructions pour demander son chemin. Instructions pour rebrousser chemin quand on s’est perdu. Instructions pour se perdre en ville. S’adresser à des adultes comme si on parlait à des enfants qui n’en sont déjà plus.


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