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Reportage photographique au Fort d’Aubervilliers

L’année dernière j’ai visité et rendu compte sur ce site de ma visite de la Tour Paris 13 avant sa destruction. Un tour du monde de l’art urbain.

Œuvre de Guy Denning

Depuis quelques jours, quarante artistes urbains, de renommée internationale qui ont eu carte blanche pendant sept semaines, pour exprimer leur art, exposent dans la friche industrielle de deux hectares du Fort d’Aubervilliers, ancien fort militaire (un pentagone à cinq bastions), puis caserne de gendarmerie mobile, enfin fourrière automobile, avant que le lieu ne soit pris d’assaut pas les bulldozers. La transition est le thème directeur de cette exposition.

Œuvre de Levalet

Il faut savoir également que Frédéric et Irène Joliot-Curie ont travaillé sur la radioactivité au fort d’Aubervilliers.

« Je continue sur les faits avérés, écrit Raphaël Meltz dans son épisode Suburbs consacré au fort d’Aubervilliers et publié dans le magazine Le Tigre. Frédéric et Irène Joliot-Curie, selon plusieurs sources concordantes, ont travaillé sur la radioactivité au fort d’Aubervilliers. Un rapport de la Criirad (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité) en 2006 précise : « D’après les pièces consultées, Irène et Frédéric Joliot-Curie y ont effectué des manipulations sur des sels de radium 226 dans les années 1920 à 1930 (locaux non identifiés). » La mission d’information et d’évaluation sur le Fort d’Aubervilliers, présidée par Evelyne Yonnet (maire-adjointe de la ville, et à l’époque conseillère générale) disait la même chose, deux ans auparavant : « Il ressort, des informations officieuses, que le site a abrité quelques expériences de Frédéric et Irène Joliot-Curie ». »

Œuvre de Jef Aérosol

En 1945, juste après l’explosion d’Hiroshima, le journal L’Humanité écrivait : « La bombe atomique a son histoire depuis 1938, dans tous les pays des savants s’employaient à cette tâche immense : libérer l’énergie nucléaire. Les travaux du professeur Frédéric Joliot-Curie ont été un appoint énorme dans la réalisation de cette prodigieuse conquête de la science. »

Œuvre de RCF1

Plus tard, les expériences sur la radioactivité pratiquées par le ministère des Armées, en marge des essais nucléaires menés dans le désert algérien, ont gravement contaminé le fort. De 1995 à 2003, la décontamination et la dépollution suivent leur cours. Jusqu’en 2004, sont entreposées dans les casemates 8 et 9 l’ensemble des déchets nucléaires ayant été trouvés sur place. En 2009, l’inventaire national des déchets radioactifs, effectué par l’Andra, ne signale plus la présence de ces déchets, probablement évacués vers Cadarache dans les Bouches-du-Rhône.

Safari-photo urbain au fort d’Aubervilliers

Tour à tour, la création d’un hôpital et d’un vélodrome ont notamment été à l’étude sur ce lieu emblématique. Après ces abandons successifs, le Fort d’Aubervilliers accueillera finalement un projet ambitieux d’écoquartier et verra s’implanter à ses abords une gare du Grand Paris Express à l’horizon 2022.

Un artiste en herbe au Fort d’Aubervilliers

En attendant les premiers travaux, prévus à la mi-juillet, le site se transforme donc en galerie d’art éphémère, pour un festival en plein air, In Situ, du 17 mai au 14 juillet 2014.

Œuvres de Benjamin Laading et de 13 Bis (au premier plan)

Épaves de voitures, sol du parking de la casse, alcôves, murs et parois métalliques, chaque mètre de cette ancienne casse automobile a été utilisé par des artistes aussi différents que Jef Aérosol, David Walker, OnOff, 93 MC, 13 Bis, Benjamin Laading, Michael Beerens, Jorge Rodriguez Gerada, Milo, FKDL, Dan23, Kouka, Kenor, Borondo, Ripo, RCF1, Sixo, Wose et bien d’autres.

Avec Grounding Gratitude, Jorge Rodriguez-Gerada signe un des plus grands portraits jamais peint au sol. Il s’agit de Nicole Picquart, Présidente de la Régie de Quartier.



Friche mi-industrielle, mi-naturelle, en se promenant on entend les oiseaux chanter, le public des visiteurs est très familiale, c’est même assez intrigant de les voir tous armés d’appareils photos et d’enregistrer ainsi ce qui est voué à disparaître, pour en prolonger le souvenir. Un safari-photo urbain en quelque sorte.

In Situ Art Festival est ouvert gratuitement chaque après-midi le mercredi, le samedi et le dimanche.




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