Le doute et ses mirages s’effacent. La lumière par une ouverture. L’un n’est-il pas de l’autre bord ? Je voulais aller loin, entrer ailleurs. La nuit qui nous a suivis pas à pas a le souffle court. Moments miroitants, dangereux. Je cherche le plan que j’ai gardé de la ville. Les mots, les tracés se reforment comme d’anciens chemins qu’aurait mal redressés la ville. Beaucoup de souvenirs incertains, ouverts, à déchiffrer encore. En sommeil, tournés vers l’ombre. Depuis longtemps il ne cherche plus qu’à tracer ce qui reste du langage. Nous rencontrerons de grandes difficultés, parfois. De plusieurs façons, comme des branches portent des branches. Lever par ce levier, l’infini, l’arbitraire triste du signe. Leur apparence, ou leur rumeur. Dans les cris de bonheur ou le silence attentif. Un visage, tantôt souriant et tantôt en larmes. Que disions-nous ? C’est à la fois oublier et se souvenir. Dans ce lent déroulement des resserrements et des échappés, effet de détachement sinon de vertige.
Au-dessus du temps, dans cette transparence tremblante. Quand on voyage, on n’en finit pas dériver d’un souvenir à un autre. Dans l’air gris, on joue à se perdre, à se retrouver. La ville, là-bas, avec son chaos de toits se diluant dans la pollution estivale. Les fenêtres d’abord. Depuis le début, arrive-t-on encore à voir ? Des pièges pour le regard. Pris dans les plis. J’imaginais le futur autrement, ce qui est banal au fond. Et le temps passe à rebours des choses, éclairé soudain par ce rapprochement. Parce que ça passe par-dessus, par-dessous : ça s’emmêle. Variations impossibles à circonscrire, à limiter, à amener à soi, à comprendre. Donner forme à l’informe, visage à l’inconnu. Multiplication des points de vue et richesse foisonnante des observations. Attraper seulement quelques éclats le long des linéaments, dans ces jeux de continents aux contours imprécis, et tout ce trouble. Tout ce trouble porté longtemps, comme emmêlé dedans. Le rythme éclaté de nos trajectoires inverses.