Un lieu, c’est d’abord son nom. Une origine qui se lit au fil du temps, dans ce nom, où s’inscrit durablement son histoire.
Ici, l’esplanade a pris le nom de Nathalie Sarraute, écrivaine française d’origine russe.
La bibliothèque, emprunte le sien à Václav Havel, dramaturge, homme d’état tchèque, à côté l’auberge de jeunesse se nomme Yves Robert, acteur et cinéaste français.
Le Centre sportif porte le nom de Micheline Ostermeyer (athlète (lancer du poids, du disque et saut en hauteur) et pianiste française), le jardin Rosa Luxemburg (militante socialiste et théoricienne marxiste, russe, naturalisée allemande), et, installé dans les anciennes messageries des douanes, se dresse le collège Aimé Césaire, poète et homme politique français.
Les noms choisis ne sont jamais ceux auxquels nous aurions pensé, et rarement ceux par lesquels, dans l’usage, au quotidien, on nomme ces endroits.
Il y a des jours où je regarde la carte de Paris et je me surprends à changer les noms des rues, des places, des quais, à rêver de leur donner le nom de gens que j’aime, que j’ai connu, et parfois même ceux de parfaits inconnus croisés dans la rue, dont j’imagine le patronyme. Je préfère à vrai dire quand les lieux que je fréquente gardent leur nomenclature ancienne comme un lointain souvenir et témoignage de ce qu’ils furent qui parvient ainsi jusqu’à nous, dans son lent cheminement, avec son mystère et ses promesses, ses erreurs aussi, ses approximations, mais traversant les époques, malgré tous les changements qui ont bouleversé ces endroits, les ont modifiés, transformés, et le temps passé.
La Halle Pajol n’était naguère qu’un vieil entrepôt de la SCNF, construit en 1926, implantée à quelques mètres des voies de chemin de fer de la Gare de l’Est, qui servait pour le déchargement des colis postaux. Sa charpente métallique a été conservée, même si elle a dû être remise en état. La majeure partie de la Halle Pajol est construite en bois, matériau renouvelable, avec une façade en mélèze. Pour les architectes, il s’agit de réduire a minima l’empreinte écologique normalement causée par une construction neuve.
Équipée de quais et de plateformes diverses, le volume désormais libre sous la charpente, tel qu’il apparaît aujourd’hui, accueillant le jardin Rosa Luxemburg, mi-couvert, mi-ouvert, n’existait pas avant. Le parti architectural a donc été de glisser les nouveaux bâtiments sous cette charpente, pour en préserver à la fois l’intégrité, l’indépendance et la mémoire.
3500 m2 de panneaux photovoltaïques couvrent le bâtiment, qui bénéficie de l’orientation Sud très favorable de la toiture en dents de scie. Cette centrale solaire permet de fournir l’énergie correspondant aux besoins réglementaires du bâtiment, et même probablement plus.
L’eau du bâtiment est préchauffé grâce à des panneaux d’eau chaude sanitaire solaire installés en marquise à l’est de la Halle.
Aucune climatisation n’est utilisée dans le bâtiment, ce qui est plutôt rare aujourd’hui. Un puits canadien sous le jardin permet de rafraîchir la salle de spectacle, la salle de restauration et les salles de réunion du bâtiment. L’air chaud est capté puis il est conduit sous terre (en moyenne à 15°), pour finalement être réinjecté dans le bâtiment ainsi rafraîchi.
Au final, le bâtiment doit produire plus d’énergie qu’il n’en consomme. Pour l’instant en tout cas, il est à énergie positive.
Sur la façade de la bibliothèque Václav Havel, que je fréquente désormais, on peut d’ailleurs voir combien de tonnes de dioxyde de carbone ont été économisées depuis la rénovation de la Halle Pajol.