En l’absence de communication radio ou de radar, les pilotes engagés dans les années 20 dans la traversée des États-Unis de nuit pour la poste aérienne, devaient utiliser des avions de surplus de la Première Guerre mondiale, et s’appuyer, pour se guider dans leur plan de vol, sur des cartes de navigation souvent imprécises, inutiles de nuit, et risquaient de se perdre. La plupart du temps, ils étaient seuls en l’air, à voler au-dessus d’un territoire désertique, espérant atteindre la destination sans ambages ni mauvais temps.
Pour résoudre ce problème crucial, le Congrès américain a financé à l’époque la construction à travers tout le pays d’imposantes flèches, afin de tracer une route fléchée à travers tout le territoire et permettre ainsi aux avions de s’y repérer plus facilement.
Ces stations de guidage se décomposaient d’une flèche, d’une cabane et d’une tour équipée d’une torchère à gaz, la cabane servant au stockage de la réserve de gaz. Ces flèches étaient de grandes tailles, certaines mesurant près de 20 mètres de long, formées de grands blocs installés à même le sol.
Chaque flèche en béton, peinte en jaune vif pour être bien visible, était accompagnée d’une tour métallique de 15 mètres de haut, émettant une lumière puissante à l’aide d’un moteur à essence, pour guider les pilotes.
Deux avions pouvaient donc décoller de chaque côte et rallier la côte opposée en 36 heures. L’extrémité de chaque flèche pointait vers la suivante, tous les 5 à 15 kilomètres. Le pilote suivait les flèches de proche en proche pour arriver à destination.
Ces stations de guidage avec leurs tours métalliques et leur leur phare ont été mises au rebut et leur matériaux recyclés lors de la Seconde Guerre mondiale, la peinture jaune s’est effacée au fil des années, usée par le temps, la rudesse des éléments. Mais les imposantes flèches en béton sont toujours présentes.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, ce système de balise éclairée la nuit est semble-t-il toujours en vigueur dans l’État du Montana.
Une carte Google dresse l’ensemble des balises de direction toujours existantes.
Il reste donc encore sur le territoire américain, souvent perdues au milieu de nulle part, ces flèches construites au ras du sol, envahies par les mauvaises herbes qui poussent à travers les fissures du béton, abandonnées depuis longtemps par ceux qui les avaient construites. Ces flèches géantes peuvent indiquer le chemin du désert, mais c’est souvent vers le passé qu’elle pointe, celui d’un temps disparu, dont le paysage garde encore la trace, comme une carte, le parcours secret, vestiges d’une autre époque.