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Jardins secrets du Marais à Paris

« Qu’est-ce qu’un jardin à Rome ? se demande Pascal Quignard dans Le sexe et l’effroi. L’âge d’or revisite le présent. Il s’agit de retrouver quelque chose de l’inactivité divine. Se tenir immobile comme les astres dans les cieux. Entouré d’un nimbe. Se tenir immobile comme le fauve se tient immobile avant de bondir sur la proie. Se tenir immobile comme l’instant de mort qui divinise. Se tenir immobile comme un feuillage avant l’orage, comme les statues de ces dieux érigées dans les bosquets, telle doit être la vie devant la mort. Se tenir comme la vision du jardin embouteillée sur le rebord de la fenêtre, arrêtée par les deux rayons qui lui opposent les yeux fascinés. »

Dans la Rue Elzévir, j’aperçois en passant, derrière les grilles les jardins de l’Institut Suédois. Un café estival et un salon de lecture encadrent la nouvelle installation sonore d’Åsa Stjerna inaugurée en mai. Une œuvre qui prend son point de départ dans la densité historique du lieu.

Une nouvelle sélection, encore plus vaste, de livres suédois en plusieurs langues, avant leur parution, pour tous les âges, sont proposés à la lecture estivale. Avec le livre un prêt d’un transat est proposé par l’Institut.

Dans la Rue des Francs-Bourgeois, je pénètre presque par hasard dans le Jardin du Clos des Blancs Manteaux :

Ce jardin inspiré du Moyen Age présente 250 espèces plantées, organisées en petits parterres qui encadrent une belle vasque de pierre. On y trouve aussi un olivier.

Pendant la semaine, son entrée est réservée aux écoles et aux groupes d’enfants, qui viennent y découvrir la flore et l’écologie à travers une exposition située dans le bâtiment voisin. Le public ne peut y pénétrer que le week-end.

On y accède par la rue des Blancs Manteaux, mais il ne se montre pas tout de suite. Il faut en effet franchir un seuil puis longer un couloir avant de l’atteindre : c’est en quelque sorte un jardin secret, qui ne se dévoile qu’aux connaisseurs ou aux curieux. Particulièrement calme, et coupé des bruits de la ville, c’est un havre de paix, une parenthèse dans la ville et l’agitation de la rue le dimanche.

De même pour le jardin suivant, le Jardin Franc Bourgeois-Rosiers, seuls ceux qui connaissent déjà son existence peuvent y pénétrer, car il se situe en réalité entre plusieurs hôtels particuliers du Marais. J’y accède par le 35-37 rue des Francs-Bourgeois, au niveau de la cour intérieure de l’Hôtel de Coulanges (et son portail d’un bleu magnifique), qui accueille la Maison de l’Europe
.

Un jardin enclavé entre l’Hôtel de Coulanges, l’Hôtel Barbes et l’Hôtel d’Albret, avec une grande pelouse parsemé de quelques jeux pour enfants et entouré de murs bordés de cannes de Provence, qui créent une ceinture verte autour de cet espace singulier.

« Mon jardin est une perle brillante, écrit François Matton sur son blog. J’en ai longtemps cherché l’accès. Je le savais proche, tout proche, aussi proche qu’étrangement inaccessible. J’ai tant tourné autour de lui ! Tant d’années ! Finalement mon effort a été récompensé : j’ai trouvé l’accès à mon jardin. Il était là, il m’attendait. Je le savais, n’en ai jamais douté. Maintenant nous ne faisons plus qu’un. Nous nous étreignons d’aise et de partout. Portés dans l’éblouissement et tournant sur nous-mêmes pour l’éternité. »


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