L’air est un mur, la peau un barrage. On capte les bruits de loin, on observe le moindre geste. Chaud devant ! Pas touche ! Par moments la surface a besoin d’être enfin calmée. L’ampoule grattée jusqu’au sang, les raies blanches laissées par les ongles sur la peau hâlée, et toutes ces égratignures qui sont comme les signatures des grains de sable. Le ciel est sans nuage, le soleil immobile et calme. Tout a eu son commencement. Ces moments purs, d’intime cohérence en soi, de transcendance et de révélation. Dans les sons, dans l’émotion plus que dans le miroir. La convocation du quotidien pour en briser la surface même, puisque la marche n’existe pas pour l’homme qui désespère. L’émotion prend, gagne et monte. Inclinaison, inclination, ne pas tenter non plus d’y résister, rester soi-même, tout simplement. Il faut compter les poignées, les grains de sable noirs, les couloirs, les rainures de parquet, un inventaire murmuré, comme le son qui se tapit dans les coins, à la limite de la folie.
Les lignes de désir est un projet de fiction, qui se compose d’une suite de monologues qui se font échos parfois dialoguent ou s’interrompent, écriture mosaïque, micros-fictions, ressassement de mots en mouvement dans le sens d’une marche en avant, dans le bruissement, la rumeur de la ville, son quotidien, non pas le spectaculaire de l’actualité mais ce qu’on ne voit pas puisqu’on y est immergé.