Nous entrons en contact avec l’étrange mystère des espaces qui nous entourent. À aucun moment nous ne doutons de ce que nous ressentons, pourtant rien n’y est moins changeant et mobile que nulle part ailleurs. C’est un endroit qui se transforme à mesure qu’on y avance. Sa métamorphose ne l’empêche pas de craindre d’être un jour ou l’autre démasqué. Le temps passant cela devient de plus en plus improbable. Nous voulons être distraits et attentifs. Une manière de considérer la vie. Disparition et conséquences. La lumière des images qui défilent. La présence de tissus dans le paysage prévient que des individus sont là pas très loin, ou que d’autres sont passés. Ce n’est pas vraiment là que ça se joue. Ils restent parmi nous, nous accompagnent, leur façon de durer dans le temps, de trouver leur place dans l’espace autour de nous. Textes et images sont indissociables dans l’espace social. En pleine agitation la foule est toujours calme. Mais ça ne finit jamais, au fond pourtant ça s’effrite.
Aucune ville n’est parfaite, ni ne contient l’infini. Plus loin le silence. Chaque seconde pèse et tinte et après celle-la en voici une nouvelle. Quand on cherche le sommeil quelques voix s’élèvent. Avec la nuit tombée là pile où j’ai été marcher jusqu’au soir. Nous jouons avec la stupeur de ne rien comprendre. Le temps confond les formes verbales. Accélération. Précipitation. À l’intérieur de ton pied quelque chose remue, danse sans que l’on sache vraiment quoi, ni comment. Avec un soleil précaire pour seul témoin. Hier je traverse le mur pour faire comme dans l’histoire. Sans me retourner, invincible et serein, sûr de moi. Je dirais que j’ai traversé le miroir, ce qui ne me ressemble pas encore. Je suis passé de l’autre côté sans même t’apercevoir ou sentir seulement ta présence (trace fugitive, parfum volatile) ou celle de ton passage éphémère en ce lieu. Le jour est tombé en miette, en cendre, en poussière. Je règle la musique sur mes pas, ma volonté, le hasard absolu, et je marche.
Les lignes de désir est un projet éditorial à dimension protéiforme, autour d’un récit à lecture non-linéaire, l’histoire d’un homme qui traverse la ville d’un bout à l’autre, à la recherche de la femme qu’il aime et qui a disparu, dans les lieux qu’ils avaient l’habitude de fréquenter : un entrelacs d’histoires, de monologues et micro-fictions, de promenades sonores et musicales, cartographie poétique de flâneries anciennes, déambulations quotidiennes ou voyages exploratoires, récits de dérives aux creux desquels se dessinent les lignes de désir.