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Une série de vidéo-poèmes

Il existe un mot japonais qui désigne la lumière du soleil qui filtre à travers les feuilles des arbres : Komorebi.

Ce jeu de lumières qui se faufile entre les feuilles d’un arbre est une source de méditation naturelle. Ce dialogue de l’ombre et de la lumière est important pour notre quiétude.

Dans le film de Wim Wenders, Perfect Days, Hirayama est agent d’entretien à Tokyo. Sa vie est constituée de routines. En sortant de chez lui tôt le matin pour aller travailler, il lève les yeux au ciel et sourit. Le midi, lorsqu’il fait sa pause pour manger, Hirayama dégaine son petit appareil Olympus argentique pour saisir le jeu de lumière à travers les feuilles. Dans son placard, il a une multitude de boîtes dans lesquelles il range ces images soigneusement. Une collection de komorebi dont lui seul connaît la valeur. Et chaque soir, au moment de s’endormir, les superpositions en noir et blanc qui apparaissent comme une séquence de rêve, révèle un espace délicat entre hier et demain.

« Si tu regardes des murs souillés de beaucoup de taches ou faits de pierres multicolores, avec l’idée d’imaginer quelque scène, tu y trouveras l’analogie de paysages au décor de montagnes, rivières, rochers, arbres, plaines, larges vallées et collines de toute sorte. Tu pourras y voir aussi des batailles et des figures aux gestes vifs et d’étranges visages et costumes et une infinité de choses que tu pourras ramener à une forme nette et compléter. Et il en va de ces murs et couleurs comme du son des cloches ; dans leurs battements tu trouveras tous les sons et les mots que tu voudras imaginer. » [1]

Cette série de vidéo-poèmes s’attache à la poésie du quotidien en cherchant à saisir l’instant présent, le monde et ses formes mouvantes. Ce qui se tient entre le passé et l’avenir : l’instant immédiat. En filmant, l’attention portée au réel se concentre sur l’informe, l’évanescent, le versatile, tache ou forme sans contour défini. Dans les images de ces rayons de soleil à travers les feuillages, les reflets lumineux sur les vitres, les scintillements à la surface de l’eau, la forme évolutive des nuages, les variations colorées du feu, les taches sur le sol, les ombres qui oscillent, se focaliser sur tout ce qui est banal qui d’habitude n’attire pas notre attention, ce que Perec appelait l’infra-ordinaire, alors que tout nous pousse à chercher l’extraordinaire. Cet exercice opère non seulement caméra à la main, en se focalisant sur tout ce qui d’habitude n’attire pas notre attention mais, également dans le geste d’écrire qui privilégie ici la lecture de textes à paraître (une quinzaine de livres différents à chaque fois) en y prélevant certaines phrases, avec cette attention flottante dans la lecture qui est une forme d’écriture. Une pratique sans cesse recommencée, au fil des mois.

Images de l’instant présent :

1. Septembre 2024 : La somme des sensations

2. Octobre 2024 : Cet appel d’air et de lumière

3. Novembre 2024 : Le temps, ici, n’a pas lieu (À venir)

4. Décembre 2024 : La nuit est à l’intérieure (À venir)

[1Léonard de Vinci (1964), La peinture, textes réunis, traduits et annotés par André Chastel, avec la collaboration de Robert Klein, Paris, Hermann, p. 173.


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