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Images de l’instant présent #1

Forget your perfect offering
There is a crack in everything
That’s how the light gets in.

Leonard Cohen, Anthem, 1992

La somme des sensations

La musique s’est arrêtée mais pas dans la tête. Elle poursuit son lent cheminement. Le jour doit suivre mais pour d’autres que nous. Il suffit de fermer les yeux. Prendre l’habitude de croire au monde extérieur. C’est à l’intérieur que ça souffle. Entrer par contact dans ce sommeil. Près de la fenêtre dans la lumière. La maison n’existe plus dès lors que l’on doit partir. S’éloigner c’est déjà oublier. La première règle c’est d’éviter les traces. Le monde avance d’empreintes en empreintes. Parfois la chute dans la perte de langage. À quoi tiennent les choses ? La sensation de se faire brûler la rétine. Le ciel devient pourpre. Lumière du ciel et gestes qui continuent à exister comme un refus du passé. Quelque chose de plus dans son sourire et sur tout son visage. Solide et cristallin, c’est assez. Je ne peux pas croire à tout ce qui s’est passé, ce qui s’est dit. Un poids qui entraîne par le fond. Cette présence miniature et flottante. La trame des mots sur un invisible métier à tisser. On ne peut pas découvrir l’ennemi dont on rêve. Chaque fois au bord de se faire comprendre mais déjà trop tard. Les élans intérieurs qui affleurent à la surface. Le chagrin éprouvé devant ce qui s’efface. Rien n’est dit, mais rien n’est caché. Pulsion, voyages, traversées, cheminements, brusques et lents éveils. Ce que je devine de toutes ces trajectoires, de ces mouvements agités. Il y a surtout que lorsqu’on cherche, on finit par trouver. La présence au bout des doigts qui se dérobent malgré tout. Même si cette vibration semblait palpable. L’envie de nommer tout ce que nous aurons vécu. Tous ces cris ne laissant sortir que la violence, les mots, les gestes. Avant de laisser place à la nuit, au milieu de la ville. On regarde la même réalité d’un côté ou de l’autre. Juste un rêve solitaire infini, une insulte au malheur. Cet appel de l’autre côté de la frontière. La somme des sensations apporte un bonheur plus durable que l’amertume du passé.


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