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Workshop au Centre culturel Bellegarde à Toulouse

Ce workshop, au Centre culturel Bellegarde à Toulouse qui s’est déroulé du 8 au 10 avril 2015, dans le cadre du festival Empreintes numériques, a été l’occasion d’expérimenter pendant trois jours, la rephotographie, en utilisant la photographie, la vidéo, l’enregistrement sonore, et l’écriture. En explorant les rues de la ville, les participants ont pris le premier jour sous un magnifique soleil, des photographies pour confronter les jours suivants par photomontage et plusieurs autres procédés de composition et de mixage, ces images de la ville d’aujourd’hui à celles d’hier, principalement des cartes postales anciennes en provenance des Archives municipales de Toulouse). Les deux derniers jours ont été consacrés à la mise en forme de ces données, leur diffusion sur le Web et la restitution publique des créations des participants sous la forme d’une performance visuelle et sonore accompagnant la projection d’une carte réunissant l’ensemble des productions des participants géolocalisées sur une carte multimédia.



La ville est comme notre mémoire, un palimpseste indestructible dans lequel il nous arrive de croiser les fantômes d’un temps ancien, qui peuvent surgir à tous moments entre les strates de nos souvenirs. La ville est à inventer : un espace à traverser, un temps à explorer.

Le premier jour, nous avons donc sillonnés les rues du vieux Toulouse, en suivant cet itinéraire : Basilique Saint-Sernin, Rue du Taur, Place du Capitole, Rue d’Alsace Lorraine, terrasse des Galeries Lafayette, repas en terrasse d’un restaurant Libanais, Église de la Daurade avec sa vierge noire, Quai des Beaux-Arts, Pont-Neuf, Quai de Tounis, Prairie des filtres, Rue de Metz, Lycée Fermat, Église des des Jacobins, Place du Capitole, et retour Rue Bellegarde., en quête de lieux précis que nous souhaitions prendre en photo, à partir de points de vues liés à une série de cartes postales anciennes enregistrées sur mon iPad.



Nous avons également réalisés une performance sonore urbaine, en suivant l’exemple du texte de Bernard Heidsieck (Le carrefour de la chaussée d’Antin), chacun devant à tour de rôle enregistrer le paysage sonore d’une rue en la décrivant à voix haute en même temps qu’on la traverse, au rythme de sa marche et de sa découverte de ce qu’ils voyaient sur leur parcours, ce qu’ils ressentaient, ce qu’ils entendaient. Ce qui a produit d’heureuses surprises et d’étonnantes rencontres.



Les jours suivants nous avons retravaillé les images produites. La partie la plus longue du travail à été de retrouver les photographies prises en fonction des lieux représentés sur les cartes postales pour les intégrer sur Photoshop (outil complexe que tous les participants ne connaissaient pas forcément, mais avec lequel ils ont tous réussis à produire des images intenses, parfois drôles, voire troublantes ou riches de sens, de cohérences et de correspondances). La difficulté était de faire correspondre les perspectives de ces deux images à juxtaposer, à partir d’éléments fixes (angles d’immeuble, cheminées sur les toits, lignes de trottoir, monuments historiques) en commun.







La rephotographie consiste à une refaire une photographie d’un lieu sous un point de vue identique mais à une période différente. Elle permet de documenter le changement intervenu pendant cette période, de faire apparaître les transformations urbaines (architecture, paysage, scènes de la vie quotidienne, etc.), d’explorer l’espace en voyageant à travers le temps.

En janvier 2009, le photographe russe Sergey Larenkov a créé et diffusé des montages de photos du siège de Léningrad mixées à des clichés modernes. Il a poursuivi ensuite ce travail de mashups sur d’autres photos de la Seconde Guerre mondiale prises dans d’autres villes (Moscou, Prague, Paris, Berlin, etc.) : Ghosts, Looking Into the Past, Past in Present. Une sélection de ses images avait été sélectionnée et diffusée dans le numéro 7 de la revue d’ici là sur Publie.net.

En 2011, Taylor Jones met en ligne Dear Photograph, vieilles photos personnelles ou familiales pour actualiser et exposer ses souvenirs intimes dans le cadre de leur prise de vue originale.

De nombreux artistes se sont confrontés à cette pratique pour expérimenter toutes les dimensions créatives de la rephotographie. Les paysages américains de Mark Klett et Byron Wolfe, la rephotographie pour relier le passé et le présent des habitants du village de pêcheurs de Lofoten, dans le Nord de la Norvège, par Hebe Robinson, ou le travail photographique d’Éric Rondepierre, notamment.

La série des photographies de Seuils s’inscrit dans le prolongement des montages de Parties Communes. Des personnages, des décors, de temps et des supports différents, se croisent au sein d’une même zone. Quelquefois, comme le personnage de L’Invention de Morel de Bioy Casares), l’artiste s’est lui-même intégré dans l’image.

Mais ce que l’on imagine avec la photographie peut être également envisagé avec le texte.

Le lendemain de notre journée de prises de vues, j’ai demandé au groupe de se souvenir de toutes les images qu’ils avaient vues lors de notre déambulation et de les convoquer par écrit en les décrivant, comme le fait Laurent Septier dans son texte Œuvres photographiques complètes, d’une phrase la plus descriptive.

Texte d’Ale :

Plan large avec contre plongée du passage piéton du pont neuf, au fond un groupe d’amis de peu noir attend le feu vert, ballon à la main.

Plan large sur mur de briques avec homme torse et pieds nus qui escalade.

Femme de profil sur vélo décoré à fleurs envoie un texto au passage piéton du Pont-Neuf sur fond de rue floue.

Contre plongée d’homme à la casquette dorée attache collier dorée accompagné d’un ami plus petit.

Croisement d’alignements de briques des immeubles du bord de Garonne, sur un de murs le symbole de Batman.

Violoncelle flou en gros plan et jeune homme jouant la musique.

Femme à la doudoune rouge vif de dos regarde le plan du métro sur fond de square Charles de Gaulle flou.

Vue générale de la rue Alsace Lorraine en contre jour, lumière tamisée du matin avec immeubles asymétriques de chaque coté.

Dans les dernières heures du workshop, tout le monde se met à participer à la mise en ligne de nos travaux : redimensionnement des photographies, téléchargement des sons sur Soundcloud, mise en ordre des séquences enregistrées sur la carte de manière aléatoire. Dans une effervescence qui fait tout le charme et la force de ce genre d’atelier de création si particulier.

Voir la carte en taille réelle dans une nouvelle fenêtre.




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