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Série photographique dans l’Hérault

Une semaine en famille dans l’Hérault, entre Ceyras et Pézenas, à la découverte de la région et du Lac du Salagou.

Le lac du Salagou est un lac de retenue du barrage du Salagou. Il est situé au centre du département de l’Hérault, sur la rivière Salagou, affluent de la rivière Lergue qui se jette dans l’Hérault. Il atteint une profondeur d’environ 40 mètres.

Le village de Celles a été exproprié lors de la mise en eau du barrage du Salagou, à la fin des années 1960. À l’époque, il était prévu de réaliser le plan d’eau en deux étapes, d’abord à la cote 139, puis ultérieurement à la cote 150. Celles étant à 144 m d’altitude en moyenne aurait donc dû être submergée, d’où son maintien à l’état de ruines pendant longtemps.

Les pentes minérales du Lac du Salagou où presque rien ne pousse à part la vigne, accueillent d’étranges messages, phrases sybillines qui rappellent les inscriptions murales sur les quais de l’île Saint-Louis de Rétif de la Bretonne. Le paysage aux couleurs variées et changeantes est remarquable. Il associe la ruffe friable (terre rougeâtre saturée d’oxyde de fer qui passe du rose à l’ocre puis au rouge brique et au rouge sang) et les eaux tantôt bleues, tantôt grises du lac artificiel. Humide, la terre se transforme en boue rouge.

Les messages du Salagou sont des inscriptions éphémères, mosaïques de tesselles blanches ou de cailloux clairs disposés pour former des lettres, écrire des mots sans fioriture. Certains en profitent pour y déclarer leur amour, d’autres gravent l’écorce des arbres de cœur et de prénoms, pour ne pas se perdre, il y en a qui sèment des petits cailloux sur leur chemin. Ici, les passants (habitants et visiteurs) inscrivent leurs rêves à même la terre, ils expriment leur désir sur les flancs ravinés du Salagou, en toute quiétude.

Les textes écrits à la hâte au bord de la route sont vite détruits par les nouveaux venus. Trop paresseux pour aller ramasser des cailloux, ces derniers défont les textes existants pour écrire le leur.

Cœurs de petits cailloux blancs et prénoms laissés par les amoureux, messages d’amour, messages de haine, parfois obscurs, citations littéraires, jeux de mots, spirales ou serpent de pierre, et signes ésotériques.

Le travail du temps sur les murs des villes que nous traversons en sillonnant l’Hérault du côté Clermontois est le même que celui que l’on découvre dans toutes les villes de province du sud de la France. Les couches s’y superposent racontant chacune une infime partie de l’histoire du lieu, par strates successives et traces du remords.

Peu de graffitis sur les murs des villes ici, mais quelques slogans vindicatifs, frondeurs, parfois énigmatiques.

Je peux rester des heures à regarder un vieux mur, comme j’aime contempler les nuages qui se forment dans le ciel estival. Devant un mur nu, m’émerveillant d’imperceptibles variations dans sa texture colorée. Photographier un mur, c’et comme prendre en photographie une fenêtre ou une porte, c’est un lieu de passage, de transition. C’est comme lorsque j’observe longuement les nuages, j’y découvre des messages obscurs et impérieux. La patience et l’attente affinent ma vision et me font voir des formes étranges d’une magnificence si évanescente que les larmes me montent parfois aux yeux.

Le vrai peintre est rare et la vraie peinture « demeure précieuse et unique » écrit Léonard De Vinci dans son Traité de la peinture. Elle naît dans la solitude et la méditation, de l’attention aux spectacles spontanés de la rue rapidement enregistrés, de la rêverie devant les images suggestives nées du hasard (taches et lézardes sur les vieux murs, nuages), des esquisses embrouillées, première projection des images intérieures et de la patience à écouter les critiques et à se corriger. Elle se plaît aux analogies secrètes entre les règnes de la nature, aux images ambivalentes et aux expressions ambiguës.

Je pense sans trop savoir pourquoi à Savannah Bay, de Marguerite Duras. La rencontre des deux femmes : l’une très âgée, Madeleine à la mémoire défaillante, au chagrin refoulé ; l’autre qui pourrait être sa petite fille, désireuse de lui rendre le souvenir avec la douleur de son passé. Entre les deux, une jeune femme en maillot noir, qui nage courageusement, avant de se noyer. Par amour. Une affaire de famille, d’identité à préciser. Toujours la même histoire :

« Madeleine. - C’était l’été au bord de la mer Jeune femme. Jeune femme. - Tu n’es plus sûre de rien. Madeleine. Madeleine. - Je ne suis sûre que de presque rien. (Temps). La pierre blanche, j’en suis sûre. (...) Un amour Un amour comment ? Un amour de tous les instants sans passé sans avenir Fixe Un crime. »

Savannah Bay, de Marguerite Duras n’est pas un récit linéaire, mais une histoire qui se fait et se défait au rythme des battements du cœur, une histoire apprise par cœur, comme un texte de théâtre, par une actrice. Le ressac de la mémoire, comme les eaux de Savannah Bay, fragments de souvenirs qui se déposent pour être emportés à nouveau, et recomposés, dans le lointain de la mémoire, de la géographie, du théâtre.

Un jour marqué d’une pierre blanche...

La villa gallo-romaine de Loupian est un site archéologique qui se trouve dans la commune de Loupian entre Montpellier et Béziers, au cœur de la Gallia Narbonensis. Les fouilles du site occupent trois hectares au sud du village. Elles ont révélé les restes d’une villa gallo-romaine, très riche en mosaïques. Le site a été occupé pendant plus de 600 ans.

Accompagné par un guide, nous plongeons dans l’ambiance et l’histoire des grandes exploitations agricoles gallo-romaines à travers une reconstitution de l’un des bassins des thermes cerné de sa mosaïque d’origine, des maquettes du domaine agricole retraçant les 600 ans d’existence et des objets trouvés pendant les fouilles archéologiques. À l’endroit de leur découverte, nous admirons les mosaïques polychromes qui décoraient la résidence d’un riche notable au Vème siècle après J.C., reflet du raffinement de cette civilisation.

Je n’ai souhaité prendre aucune photographie des inscriptions du Lac du Salagou ou des mosaïques de la villa gallo-romaine de Loupian, afin de décrire, en creux, avec toutes les autres photographies que j’ai choisi de garder au fil de cette semaine passée dans l’Hérault, la variété et la beauté des paysages traversés.




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