Depuis plusieurs années, nous revenons en famille dans l’avenue de la Plage, à Édenville, entre Carolles et Jullouville en Normandie, où ma femme, Caroline, a passé son enfance.

Tous les étés, je reviens donc sur les lieux du tournage d’un film sur la passion et ses dérivés : Pauline à la plage, d’Eric Rohmer à la recherche du Rayon vert.

Dans un univers limité : une plage de Normandie et ses environs proches, en fin de saison, avec des alternances de soleil et de pluie. De même pour nous cet été encore.

En allant faire nos courses à pied à Jullouville, ou nous y promener, nous empruntons forcément l’un des lieux du film d’Eric Rohmer, la promenade ou les rues adjacentes à celle-ci qui conduisent à la plage. Un matin, nous apercevons fugitivement un petit garçon qui roule sur une trottinette rouge, quelques centaines de mètres plus loin, au moment de prendre une photo d’une des allées qui conduisent à la plage, il entre à nouveau dans mon champ de vision et je le prends en photo. Le temps d’éloigner l’appareil de mes yeux, il est déjà parti et disparaît au loin sur la promenade. Comme souvent je ne regarde pas sur l’écran de mon appareil photo l’image que je viens de prendre, parfois juste pour vérifier un cadre ou une lumière, mais c’est finalement assez rare. En rentrant à la maison, je charge mes photos sur mon ordinateur et découvre ce cliché qui m’en évoque un autre, de mes vacances à Tournon-Saint-Martin, dans l’Indre, que j’ai retrouvé récemment en rangeant mes photos sur Flickr.

L’espace d’un instant, une image de moi apparaît dans le viseur de mon appareil photo, alors que je photographie un enfant, quarante ans plus tard, dans un autre lieu de l’enfance, celui de ma femme, qui devient petit à petit, la preuve en image, le lieu de mon enfance devenu adulte. Comme ces films qui nous racontent des histoires qui deviennent un peu les nôtres, avec le temps. Ceci est l’histoire d’un homme marqué par une image d’enfance.