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Exposition photographique collective au Bal à Paris

Sophie Calle, Antoine d’Agata, Julien Magre, Stéphane Couturier et Alain Bublex ont chacun fait de l’autoroute un territoire d’expérimentation et nous embarquent dans de drôles d’endroits, nous racontent d’étranges histoires, à l’occasion de l’exposition S’il y a lieu je pars avec vous, qui se tient au Bal, du 11 septembre au 26 octobre 2014.



Alain Bublex s’intéresse à l’effet que l’autoroute produit sur nous, l’effet de son surgissement. Sophie Calle interpelle l’automobiliste au péage de Saint-Arnoult : « Faites-moi voyager et je vous offre le péage. » Sur le trajet de Paris à Marseille, d’où est originaire Antoine d’Agata, l’artiste enregistre les paysages nocturnes des parkings. Julien Magre nous embarque dans un road movie entre rêves, apparitions et hallucinations. Stéphane Couturier restitue en image la sensation permanente de saccade, la griserie de la vitesse.



« Ils sont cinq sur cette autoroute, écrit Philippe Azoury dans le magnifique livre de l’exposition - drôle d’endroit pour une rencontre. Cinq photographes/artistes à qui l’on a demandé de voir à notre place - nous qui roulons là sans rien y voir, nous qui roulons à l’aveugle. Cinq pour investir l’autoroute, et la faire sortir de cette idée fausse qui lui colle à la roue : n’être à jamais qu’un non-lieu. Pour cela, rouler différemment, prendre leur temps, un autre temps, a contrario de l’excès de vitesse. Un temps de pause, peut-être. Le temps de se perdre et celui de s’arrêter, de parler, de chercher à parler, d’écrire. Pour atteindre quelque chose qui aurait l’intensité du voyage ultime et l’ironie de l’aire de jeu. »

L’autoroute est propice à la fiction, comme Julio Cortázar et Carol Dunlop l’ont montré dans Les autonautes de la cosmoroute. C’est un endroit fragmenté, où se mêlent les notions de vitesse, d’espace temps. Une traversée géographique, parfois autobiographique. Un territoire de création. Une invitation au voyage. Une prolongation du journal intime. Une invitation à se trouver, à se perdre. Un changement de dimension en nous. Un monde d’éclats, de flashs, d’apparitions fulgurantes, de disparitions sans regret, un monde de vitesse pure. Toute la mémoire que nous avons des paysages d’autoroute, déformée par le temps et par la voiture, par la fatigue et par l’enfance. Chacun ses fantômes. Et mille et une façons de voyager. En soi.

« Où pourriez vous m’emmener ? » demande Sophie Calle aux conducteurs sur l’autoroute. « Au paradis, mais quand et comment, je ne sais pas, ça s’organise tellement à l’avance qu’on risque de jamais y aller. »


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