Le Musée d’Art Contemporain [mac] de Marseille, présente, en collaboration avec le Festival Actoral, une importante exposition monographique du plasticien Julien Prévieux, Mordre la machine, du 26 septembre 2018 au 13 février 2019.
L’exposition regroupe une vingtaine d’œuvres récentes de l’artiste ou réalisées spécifiquement pour l’occasion. C’est une véritable rétrospective du travail artistique de Julien Prévieux proposant une lecture spécifique de son parcours, mettant en lumière le caractère précurseur d’une démarche créant des œuvres dans le contexte des transformations globales induites par le numérique.
Le travail de Julien Prévieux entre en écho avec les questions de notre époque, à l’ère de la surveillance de masse, du big data et des data centers, la mise en données et en information du monde, en montrant notamment ces données sous un jour nouveau. Il interprète cet arrière-plan, sous des mises en forme parfois artisanales, pour mieux produire des formes, des expériences singulières, des stratégies critiques et nous donner les outils pour le mettre à distance.
Les notions d’expériences et de programme (économique, social, informatique, architectural), que l’on retrouve dans le parcours élaboré par le musée, sont déjà à l’œuvre dans ses fameuses Lettres de non-motivation.
L’exposition est l’occasion de découvrir également son travail vidéo :
What Shall We Do Next ? (Sequence #2)
Dans le troisième module, qui se compose d’un film et d’une performance présentés, est constitué des tout derniers gestes du futur, prélevés par Julien Prévieux sur le site de l’agence américaine de la propriété industrielle. Ce sont des gestes brevetés par des sociétés, principalement dans le domaine des nouvelles technologies.
Anomalies construites
La vidéo est constituée d’un lent travelling sur les écrans d’une salle d’ordinateur. En voix-off, deux utilisateurs du logiciel gratuit de modélisation Google Sketchup, qui permet notamment de réaliser des monuments en 3D dans Google Earth, témoignent l’un d’une approche de passionné tirant satisfaction de la reconnaissance de son talent par le géant de l’informatique, l’autre, plus critique, décelant une forme de travail déguisé : « je crois que cette fois on s’est vraiment bien fait avoir. Tout était tellement bien foutu, c’est ça, tellement bien foutu, qu’on ne savait même plus qu’on travaillait quand on travaillait. »
Patterns of Life
Ce film recompose une brève histoire de la capture des mouvements et de la schématisation des corps, de l’enregistrement des marches pathologiques par Georges Demenÿ à la fin du 19e siècle jusqu’au renseignement fondé sur l’activité de la National Geospatial-Intelligence Agency impliquant l’usage du data mining appliqué à des trajectoires. Cinq danseurs de l’Opéra de Paris traversent six expériences exemplaires en interprétant protocoles et résultats comme autant d’instructions chorégraphiques. Une voix off révèle les implications politiques, économiques ou militaires de chaque expérience scientifique.