Je suis retourné récemment sur le Chemin de Halage à Pantin au bord du Canal de l’Ourcq, faire le tour de l’ancien bâtiment des Magasins généraux des douanes abandonné devenu entretemps un espace de travail totalement repensé et investi par l’équipe de l’agence de publicité BETC.
L’accès au bâtiment a longtemps été interdit par de grands panneaux annonçant sa surveillance 24h/24h. La mairie de Pantin y avait un projet immobilier d’envergure, avec bureaux à tous les étages et brasserie au rez-de-chaussée.
J’y suis retourné plusieurs fois. En septembre 2013 par exemple, dans le cadre des Journées européennes du patrimoine, je suis allé visiter les entrepôts de la chambre de commerce de Paris à Pantin. Le bâtiment, que j’avais déjà photographié l’année précédente, à l’abandon depuis de nombreuses années, était recouvert de graffitis. Accédant par le seul escalier à près de 30 mètres de hauteur, au 4ème étage, on pouvait découvrir une trame très simple de poteaux et de poutres dont les murs accueillaient les œuvres des graffeurs qui avaient pris possession des lieux désaffectés. De larges baies permettaient d’admirer les vues proches et lointaines sur la ville.
La structure imposante et ingénieusedes Magasins Généraux a été construite par Étienne Chouard conformément aux dessins de Louis Suquet.
Les entrepôts de la CCIP à Pantin ont cessé peu à peu leur activité aux débuts des années 2000. Rachetés par la commune de Pantin, les magasins de béton ont été transformés en bureaux pour la grande agence de publicité BETC, et deviendront, selon l’architecte Frédéric Jung, en charge de la reconversion du bâtiment, la figure de proue d’un nouveau quartier de Pantin, cherchant à lancer une nouvelle dynamique urbaine le long du canal.
L’agence de publicité BETC devant investir les lieux en les transformant radicalement, celle-ci a souhaité garder en mémoire l’héritage artistique du lieu. L’entreprise s’est donc efforcée de conserver et de partager avec le public ce patrimoine culturel si riche, en collaborant à la réalisation d’un livre proposant un regard inédit sur l’histoire du graffiti. Dans Graffiti général, paru aux éditions Dominique Carré en octobre 2014, l’auteur Karim Boukercha raconte 40 ans d’évolution du graffiti parisien, un mouvement socio-artistique qui a fortement contribué à la transformation et à l’évolution du visage de Paris et de sa banlieue.
En parallèle du livre Graffiti général, paru aux éditions Dominique Carré en octobre 2014, qui propose un regard inédit sur l’histoire du graffiti à Paris et sa banlieue, un site interactif a été créé graffitigeneral.com.
Le lieu est encore en pleine mutation. Les abords en chantier. La ville de Pantin se transforme pour intégrer le Grand-Paris.
Plus d’espace dédié, de bureaux attitrés, chacun peut choisir sa place et en changer à sa guise, en fonction de l’heure, de l’ensoleillement du lieu, ou du type de travail à effectuer. Mais le revers de la médaille de cette liberté au bureau, c’est que le personnel est géolocalisé pour qu’on puisse le joindre en cas de besoin. La pointeuse a visiblement changé de forme, elle est devenue transparente et mobile, dans l’air du temps en somme.
Sur le site de la BETC, on peut lire cette présentation de l’approche novatrice du travail et de sa mise en espace : Vive le bureau libre : « Les Magasins généraux offriront des possibilités de travail et d’expérimentations multiples et uniques. Pour opérer cette transformation, BETC a croisé les approches classiques des espaces de travail avec d’autres plus innovantes, notamment hollandaises, considérant dans une seule et même pensée le lieu, les gens et les outils de travail. C’est ainsi, finalement, que l’agence a pu développer un espace de travail innovant, permettant de nouvelles formes de collaboration et de production adaptées aux usages, modes et envies de chacun, et à la stratégie de l’entreprise. »