La bibliothèque de Bourges m’invite pour animer deux ateliers d’écriture numérique à destination d’un public non initié, afin de lui faire découvrir l’étendue et la richesse des possibilités offertes par les nouvelles technologies. J’arrive la veille en fin d’après-midi. Le premier atelier est annulé faute de participants. La directrice m’accompagne à l’hôtel Le Christina. Nous dinerons ensemble. En attendant l’heure du repas, je me promène dans les rues autour de la cathédrale Saint-Étienne et prends des photographies à la tombée de la nuit, entre chien et loup. Je retrouve la directrice pour manger au restaurant avec elle. En rentrant à l’hôtel j’allume la télévision, et c’est à ce moment là seulement que je découvre ce qui vient de se passer au Bataclan. Je passe des coups de fil pour savoir si mes proches sont à la maison, nous habitons le quartier où les attentats viennent d’avoir lieu. Le lendemain matin, après l’atelier d’écriture dans le quartier des Gibjoncs à Bourges, je découvre cette peinture murale sur un immeuble à l’abandon, que je photographie et publie sur Instagram avec cette légende : Free as a Bird. Une image peut dire la violence des événements et trouver la force d’y résister par l’art, la pensée et le dialogue.
En rentrant à Paris le lendemain après-midi, j’écris un texte diffusé sur mon site : Je ne suis pas en guerre.
Je ne suis pas en guerre et je souhaiterais que nous ne le soyons jamais, que nous essayions de comprendre enfin que si cette violence cherchait à « effacer toute diversité, nier toute individualité », il faut prendre garde de ne pas y sombrer dans l’usage irréfléchi, disproportionné, émotionnel, des réseaux et des médias sociaux, exiger que nos responsables politiques cessent enfin leur surenchère guerrière, en prenant enfin leurs responsabilités, et tenter de comprendre ensemble ce qui s’est passé réellement, sans hystérie, en prenant du recul, réfléchir à ce que nous venons de vivre, et qui pourrait tout à fait se reproduire. Une façon de penser le monde autrement, dans le partage et le dialogue, sans oublier les principes fondateurs de notre République, liberté, égalité, ni les renier, avec un peu d’imagination et d’ouverture d’esprit, pour retrouver ce que nous sommes, ce qui nous unis dans nos différences : fraternité.
Photographies prises le vendredi 13 novembre 2015 à Bourges
Dans l’ombre vacillante
Avancer, espérer qu’une aube se lève à l’horizon du jour.
Une part de la peur se tait qui est une pause de faux silence.
La pensée d’une main consolante sur l’épaule nue.
Nuit est le contraire de ton visage.
Un miroir ciselé d’ombres imparfaites.
Tu ignores comment nommer les instants où ton cœur cesse de cogner contre tes côtes.
On entend nos voix se blesser contre l’écran du téléviseur.
Les images prennent parfois un aspect fulgurant.
On a peur, un peu, quand même.
Dans le sens ancien du mot silence.
Dans le cadre de l’exposition photo Paris, 13 Novembre 2015, Du jour au lendemain sur les grilles du Jardin May-Picqueray, à Paris 11ème, pour commémorer les cinq ans des attentats, l’Association Onze propose de participer, à leurs côtés, à la campagne #Journaldu13 et de créer ainsi un espace virtuel de mémoire collective et photographique en hommage aux victimes du 13 novembre 2015.