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Intervention à l’enssib pour la journée de formation : Bibliothèque physique, bibliothèque numérique

Voici les grandes lignes de mon intervention du mardi 24 septembre 2013 à l’enssib sur le thème : Bibliothèque physique, bibliothèque numérique : organiser leur valorisation mutuelle en bibliothèque publique.

J’ai légèrement remanié la présentation de mon intervention que je reprends le mardi 16 septembre 2014 à l’enssib, en y incluant une présentation complète des éditeurs 100% numériques (adultes et jeunesse) sur Pearltrees que j’ai élaborée pour les collègues de Seine-et-Marne, à la demande de la Médiathèque Départementale pour qui j’anime le stage de formation : Organiser une rencontre autour de la littérature numérique.

Les bibliothèques publiques interviennent désormais à la fois sur un territoire physique et sur un territoire numérique. La valorisation de ses services, de ses ressources, de ses contenus doit être pensée dans un espace global et organisée en un écosystème dans lequel chacune de ces actions de communication et de médiation impactent à la fois le physique et le numérique.

Rendre visible le livre numérique, par liminaire



Le livre numérique est une technologie tout comme le livre imprimé. Ce n’est pas la technologie qui compte. C’est le texte. On achète des liseuses et désormais surtout des tablettes, ce n’est pas pour faire la promotion de ces outils, mais ces outils doivent être les vecteurs de transmission du texte.

Double difficulté sur le numérique :

Pas de collection pluraliste, d’offre d’abonnement cohérente pour tous les publics.

Le prêt de livres numériques par les bibliothèques est une des attentes des usagers qui a souvent du mal à se démocratiser faute d’accords entre éditeurs et bibliothèques.

Editeurs 100% numériques, par liminaire



Face à l’essor de la lecture numérique, les bibliothèques publiques sont aujourd’hui convaincues de l’intérêt de proposer à leurs lecteurs un catalogue de livres numériques attractif, actualisé et représentatif de la diversité de l’offre éditoriale et souhaitent mettre ces livres à disposition dans des conditions au moins équivalentes (de simplicité, de portabilité, d’adaptation à toutes les circonstances de la vie quotidienne...) à celles qu’autorise la lecture de livres imprimés.
Le livre numérique souffre d’un manque de visibilité (de matérialité) pour une partie du public.

Isabelle Aveline : « Il me semble — et depuis longtemps — que c’est l’exercice de la médiation qui seule rendra le livre numérique pertinent, voire même qui créera désormais l’existence « réelle » du livre et du livre numérique. »

Matérialiser le livre numérique :

Matérialisation du livre numérique : affichettes, fantômes, QR Code, etc.).

Les éditions NumérikLivres défendent une édition 100% numérique :

« Nous ne faisons pas d’édition papier de nos publications, nous n’en voyons ni l’utilité, ni la pertinence. Nous considérons qu’une œuvre de l’esprit n’a pas besoin du papier pour exister, que le papier est un support de lecture comme un autre, que l’odeur, la froissement des pages et autres croyances ne donnent en aucun cas une valeur littéraire à une œuvre. Ce qui donne une valeur à une œuvre littéraire, c’est le fait qu’elle soit lue et non qu’elle soit imprimée. »

Mais leur portfolio présente les jaquettes de leurs livres numériques avec le volume d’un livre imprimé, ce qui peut nous surprendre. iBooks propose bien les ouvrages numériques que nous téléchargeons, sur les rayonnages en bois d’une bibliothèque !

Mais ce que cherche à défendre NumérikLivres, aujourd’hui plus qu’hier, va plus loin, ce n’est pas le LIVRE mais bien le LIRE. Et c’est bien cela sur lequel il faut insister.

Double difficulté sur le numérique :

1. Pas de collection pluraliste, d’offre d’abonnement cohérente pour tous les publics.

Le prêt de livres numériques proposé par les bibliothèques est une des attentes des usagers qui, une fois équipés, peinent à trouver des ouvrages (coût important du livre pour gros lecteurs), mais le prêt n’est pas possible actuellement faute d’accords entre éditeurs et bibliothèques.

Face à l’essor de la lecture numérique, les bibliothèques publiques sont aujourd’hui convaincues de l’intérêt de proposer à leurs lecteurs un catalogue de livres numériques attractif, actualisé et représentatif de la diversité de l’offre éditoriale et souhaitent mettre ces livres à disposition dans des conditions au moins équivalentes (de simplicité, de portabilité, d’adaptation à toutes les circonstances de la vie quotidienne...) à celles qu’autorise la lecture de livres imprimés.

2. Manque de visibilité (de matérialité) du livre numérique pour une partie du public.

L’expérience Publie.papier proposé par Publie.net :

Les livres que vous trouverez sur notre site sont disponibles sur commande chez tous les libraires, auquel ils parviendront dans un délai de 72h maxi. chaque livre inclut par principe un code d’accès pour le téléchargement de sa version numérique (utilisable y compris par bibliothèques). chaque page livre propose des liens avec des libraires partenaires, dont certains assurent une disponibilité immédiate de l’ouvrage. distribution assurée par Hachette Livre, aux conditions habituelles de leurs remises libraires.

Extraits inattendus : Les participants ont travaillé sur une modification de l’espace et de l’environnement de la bibliothèque, pour y intégrer des extraits de contenus, livres, poèmes, musique… qui surgiraient au gré du déplacement de l’usager. Ludiques et agréables, ces stimulations lui donneraient envie de s’intéresser aux collections présentées.

L’expérience des Bibliothèque des l’agglomération de Clermont-Ferrand autour des ouvrages de Publie.net :

Les QR Code :

Google passe des partenariats avec certaines librairies américaines pour fournir la version numérique d’ouvrages disponibles sur place à l’aide de vignettes de QR Code qui s’adressent aux possesseurs de liseuses électroniques, invités à scanner ce code correspondant à un ouvrage en rayon. Il les renvoie vers le site marchand Books Inc., réseau de libraires indépendant auquel appartient la librairie, où l’on peut acheter la version électronique du livre vu en librairie. Ces ebooks sont fournis par Google, grâce à qui les libraires estiment disposer « du plus vaste catalogue de livres numériques sur Internet. »

Les cartes ebooks :

Les cartes ebooks arrivent en France. L’exemple des éditions E-Fractions : Faire cadeau d’une carte a plus de charme qu’un lien de téléchargement cela devient un joli objet, un objet transitionnel.

L’exemple de BookInCard :

BookInCard est un tout nouveau concept pour offrir des livres numériques. Ces cartes cadeaux sont basées sur le principe du coffret cadeau.

Mais le prix est fixe même si les ouvrages numériques sont moins chères (mais il est possible de conserver le budget restant pour choisir à tout moment un ou plusieurs autres ouvrages) : 19,99 € ou 29,99 €.

Matérialiser sa lecture numérique :

James Bridle a imaginé des bookcubes, des cubes pour matérialiser ses lectures numériques et leur souvenir dans sa bibliothèque, comme les livres papier matérialisent nos souvenirs de lectures rangés dans sur nos étagères.

« Ces enregistrements (matériel) - ces souvenirs - sont importants parce qu’ils sont des pierres, des aides mémoires et des quantifiants visuels », explique-t-il. « Les livres sont des souvenirs d’eux-mêmes. »

Accompagner le livre numérique en ligne et un situ :

Démarrez une lecture dans le métro, la poursuivre en obtenant le livre complet dans une bibliothèque près de l’endroit où vous êtes. C’est le projet Underground Library développé par les bibliothèques de New York. Cette bibliothèque virtuelle permettait aux passagers du métro new-yorkais de lire les 10 premières pages d’un livre sur leurs smartphones avant de les diriger vers la bibliothèque la plus proche pour se procurer le livre intégral en papier.



Utilisation des QR code en bibliothèque :

Une solution pour faire parler d’un ouvrage : organiser un événement. Si la conférence de presse est retenue par un grand nombre de maisons d’édition, tandis que les dédicaces composent l’autre partie (mais comment dédicacer un livre numérique ?), les lectures publiques sont remises au goût du jour avec le numérique. Pourtant, elles ne sont pas légion. En France, deux expériences majeures (en dehors du travail régulier qu’effectue François Bon autour des textes publiés sur Publie.net), une lecture publique à la librairie l’Arbre à Lettres pour l’un des titres NumerikLivres et deux événements organisés par Apple France avec l’éditeur Versilio dans la prestigieuse boutique du Louvre.

Lire à ce sujet l’article de Clément Montjou : Comment faire la promotion d’un livre numérique ?

À partir de quelques exemples de médiation variés, quelles pistes nouvelles peut-on envisager ?

Actions de médiation autour du livre numérique.

Bibliothèques publiques de Montréal : Une communauté autour de Publie.net. Un exercice de lecture/écriture partagée.

Ateliers d’écriture de François Bon en nocturne à la Bibliothèque Universitaire d’Angers.

Résidence numérique sur le site de la bibliothèque. Carte blanche offerte à un auteur et animation originale de son site permettant de sortir le site de la simple boite à info.

Résidence d’auteurs numérique en bibliothèque, en librairie... (Conseil Régional d’île de France, ou dans le cadre du programme, « Écrivains en Seine-Saint-Denis », initié par le département de la Seine-Saint-Denis avec les villes de ce département.

Ateliers d’écriture et rencontre avec le public autour de l’ouvrage Comment écrire au quotidien édité par Publie.net à la librairie Dialogues à Brest.

L’exemple de la médiathèque des Ulis avec Pinterest.

L’exemple des Ulis avec la Biblio Boite (Pirate Box).

Ateliers numérique d’accompagnement autour du livre : création de livre, téléchargement légal, choix entre liseuses et tablettes (démonstration).

L’exemple des ateliers numériques autour des ressources numériques l’Astrolabe.

Podcast de lecture :

La médiathèque de l’Astrolabe à Melun propose régulièrement des rendez-vous lectures. Le public est invité à écouter ou lire un texte autour du thème choisi par les bibliothécaires... On peut facilement s’abonner à ce podcast sur iTunes. On pourrait imaginer la même initiative pour les livres numériques.

Vidéos de livres lus ou d’échanges autour du livre :

Vidéo de présentation de livres lus par les lecteurs de la médiathèque et les bibliothécaires, sur le modèle de la de la Collection "Dans le texte" de la BU d’Angers sur son compte Youtube : Un professeur évoque le livre qu’il a lu First Ladies : de la tradition à la modernité de Pierre-Marie Loizeau.



Hangouts sur Google +

Des conversations en groupe à distance conviviales avec appel vidéo avec vos interlocuteurs (jusqu’à 10 personnes).

Incarner le livre numérique :

Donner corps et identité au livre numérique.

Comme pour certaines ressources numériques, pour lesquelles nous avons choisi à l’Astrolabe de Melun, d’identifier des parrains et marraines, cette piste de médiation peut être très riche, car elle remet l’humain et l’échange au cœur des relations bibliothécaire/public.

Un livre se lit, s’échange, se partage, se prête aisément. Avec le livre numérique cet échange est réduit à sa seule dimension numérique (via email ou réseaux sociaux). Avec le procédé de personnification des livres numériques, c’est une façon de donne corps et matérialité au livre. Un relai.



Fahrenheit 451 est un roman de science-fiction dystopique de Ray Bradbury publié en 1953 aux États-Unis chez l’éditeur Ballantine Books. François Truffaut en a fait un film, Fahrenheit 451, sorti en 1966, avec Oskar Werner, Julie Christie, Cyril Cusack, Anton Diffring. Cette incursion de Truffaut dans la science-fiction lui permet d’explorer un futur plausible. Une partie de son enfance, marquée d’une part par son amour des livres et d’autre part par le nazisme, qui brûlait ces livres dans les rues.

Grâce à un ingénieux tour de passe-passe et surtout avec une chance incroyable, Guy Montag parvient à s’échapper de la ville et se laisse porter le long du fleuve pour rencontrer les membres d’une communauté itinérante composée de vieux diplômés de Harvard qui habitent sur les routes, le long de vieux chemins de fer rouillés. Ils ont chacun appris un livre par cœur afin de le sauver de l’oubli auquel il était promis. Finalement, la guerre éclate, et Montag voit la ville détruite, lui donnant une chance pour un nouveau départ.

Bien sûr, pour parvenir à cette personnalisation, il faut que cela soit visible et que le bibliothécaire qui s’empare d’un ouvrage, soit facilement repérable. Identifiable. Avec des habits repérables aisément, des badges.

Voir redesigner le/la bibliothécaire.

Fabriquer le livre numérique :

La librairie McNally Jackson Books de Brooklyn, à New York.

Ce qui surprend d’abord c’est que l’on pense rentrer dans un café, on ne voit les livres qu’ensuite. Et juste entre le café et les rayonnages de livres, une machine à imprimer des livres à la demande. Derrière la machine une jeune femme officie (elle travaille à l’élaboration d’un livre mais s’empresse d’expliquer le fonctionnement de la machine et son intérêt dans ce lieu. Devant elle, des présentoirs de revues et des ouvrages réalisés avec la machine, faisant la part belle à la création contemporaine, et aux livres personnels (album photo ou récits de vie).

Le BiblioLab serait un nouveau rôle et un nouvel espace dans la bibliothèque, qui proposerait un lieu de création et de conception autour du livre, pour sortir de la consultation. Les usagers sont au cœur de l’activité de cet espace, qui est à leur service, ainsi que les moyens et outils mis à disposition librement (équipement, personne, mise en relation, rencontre, conférence et atelier).

Book Expresso Machine : L’expérience de la librairie de Brooklyn :

La bibliothèque centrale de Brooklyn propose depuis un mois à son public d’imprimer plus de huit millions de titres en plusieurs langues en appuyant sur un bouton. L’Espresso Book Machine a été inaugurée le 7 mars, après avoir surtout équipé des bibliothèques universitaires. La bibliothèque, qui ne pouvait investir 125000 dollars 95000 euros dans l’achat de la machine, a conclu un accord avec le fabricant, On Demand Books, qui prête la machine gracieusement et assure son exploitation commerciale. ;:Les deux-tiers des ouvrages sont libres de droit et proviennent principalement de la base Google Books mais aussi d’Internet Archive, de Gutenberg et de Gallica. Ils sont vendus en fonction du nombre de pages : de 8,99$ 6,8 euros ? pour 40 pages jusqu’à 23,99$ 18,2 euros ? pour 830 pages, la capacité maximale d’impression de la machine. Les livres sous droits (commercialisés par des éditeurs comme Harper Collins, Simon & Schuster, McGraw ?-Hill, Hachette, Macmillan, O’Reilly et des presses universitaires) sont vendus au prix du détaillant. Le temps moyen d’impression est de quatre minutes.

70 machines de ce type sont pour l’instant en service dans le monde.

Impression à la demande.

Atelier de numérisation de livre (cf. Jisui au Japon) : Le temps moyen pour scanner un livre de 300 pages via cette méthode est de 3 à 4 heures.

Édition de livres numériques.

Collection de livres numériques sur un thème qui fait partie de l’identité de la bibliothèque (un personnage historique, un artiste, un sujet d’actualité ou thématique d’un festival que la bibliothèque veut mettre en avant et soutenir durablement :

L’exemple de The Sketchbook Project (collection de carnets de voyages et leur bibliothèque numérique) :

Ateliers de création : avec un auteur qui met en place des ateliers d’écriture numérique dont le résultat est publié en version numérique (bien sûr avec une partie apprentissage de la fabrication d’un livre au format ePub).

Concours de nouvelles ou ateliers d’écriture avec publication numérique à la clé, et diffusion sur le catalogue de la bibliothèque.

Atelier de création de livres numériques :

Logiciels en ligne ou sur ordinateur :

Apprendre à créer ses propres livres numériques au format ePub, et les lire ensuite sur une liseuse, ou une tablette comme l’Ipad, avec des outils gratuits comme Byeink, Polifile, Papyrus, ou directement avec le logiciel Sigil.

Sur tablettes :

Creative Book Builder

Conclusion :

Les solutions pour rendre visible le livre numérique sont nombreuses, les exemples d’expériences très riches, et les outils pour les mettre en place très variés. Mais le plus important par rapport au livre numérique, pour que cela fonctionne et rencontre le public des bibliothèques, c’est que le personnel de la bibliothèque en soit le premier vecteur, le premier lecteur, et du coup le premier médiateur. On ne peut pas mettre en place d’offres numériques (en livre comme pour toutes les autres ressources) sans être soi-même un lecteur aguerri, passionné. Et cette prise en charge doit être collective pour fonctionner durablement. Le livre numérique en bibliothèque, c’est à la fois un fonds, un service, et de nombreuses animations qui y sont attachées (ateliers, initiations, rencontres, débats).


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