J’ai été invité à mener en 2009, en 2010 et en 2011, une série d’ateliers de création au Collège Marguerite de Navarre à Pau par l’intermédiaire d’Elise Lamiscarre, professeur de français, dans le cadre d’une Classe à Projet Artistique et Culturel. Il s’agissait de mener un atelier de création numérique mêlant textes/sons/images sur un lieu important dans la mémoire paloise : le Bâtiment B et ses métamorphoses, partie ancienne vouée à la destruction du collège Marguerite de Navarre : que voit-on à l’intérieur ? de l’intérieur ? de l’extérieur ? quels souvenirs en ont gardé les élèves qui s’y sont succédé ?
Pour la troisième fois j’anime cette année une nouvelle série d’ateliers, avec l’intention de créer avec les élèves de la 4°8, un ouvrage numérique sur le chantier du Collège, retraçant la construction des nouveaux bâtiments (après la destruction ou restructuration des anciens).
Premier jour :
Premier atelier :
Nous avons travaillé sur un objet que l’on trouve partout sur le chantier.
J’ai fait écouter aux élèves de 4°8 la voix de Christophe Tarkos dans son texte "Le petit bidon".
Par l’insistance, la répétition, les polyptotes (répétitions d’un même vocable à différentes places et fonctions dans la phrase) tenter de faire lever la pâte-mot pour faire exister la chose poétiquement.
Sur le chantier, nous avons la grue, le marteau, la benne, le marteau-piqueur, casques, Algeco, ponceuse, visseuse, bétonneuse, etc
Tantôt la fiction affleure pour emporter vers le récit, tantôt le texte est travaillé par un jeu d’échos.
La passerelle, par Sean
La passerelle soutenait l’homme, suspendue dans les airs.
La ville, étalée en dessous, à perte de vue.
L’homme qui l’admire.
La passerelle qui le soutient est immobile.
Mais le vent la balance, et lui donne des ailes, et l’homme se ressaisit, et se remet à la passer. La tourelle, sur laquelle elle se tient. La tour, qui les soutenait tous les deux, homme et passerelle. La tourelle d’acier, plantée dans le sol, et le vent qui la balance. Passerelle, où l’homme et vent passent. Et les ailes, qu’elle se met à battre. Et le passage, au loin, qui lui apparaît. Et l’homme s’arrête, et se demande si bientôt, ou même dans très longtemps, il va le passer. Et l’homme se met à réellement battre des ailes. Et le long tunnel, à la fin de la passerelle l’avale. Et la passerelle disparaît, car elle ne vous apparaît qu’une fois, à la fin de tout. Et la passerelle n’est plus, et le bruit des battements d’ailes n’est plus.
L’homme a disparu.
Un convoi, par Hadrien
Dans un convoi, qu’est ce qu’on voit ? On voit un con qui voit. Mais que voit le con qui voit ? Est-ce un convoi de cons qui voient ? Un chantier qu’ils convoitent. Mais que transporte le convoi de cons qui convoitent le chantier. Mais quel est ce chantier ? C’est un chantier dans le collège d’une ville. Dans cette ville il y a des routes, où roule un convoi de cons qui voient. Mais que transporte ce convoi de cons qui voient ? Il transporte des bouts du collège qui va façonner l’avenir.
Le théodolite jaune, par Rémi Dornel
Le théodolite jaune projette son laser rouge invisible. Le théodolite jaune sur son trépied sert au chantier. Il est sur son chantier, il projette son laser. Son laser reste toujours en place. Il ne bouge pas. Il mesure. Le théodolite jaune, grâce à son laser, mesure les distances. C’est un système perfectionné. Il projette lez laser le laser qui ne bouge pas sur son trépied. Le théodolite jaune est réglé par l’homme. Si l’homme se trompe, le théodolite jaune ne mesure plus bien. Et le théodolite jaune est sur son trépied qui ne bouge pas. Il est comme un monolithe qui reste au fil des siècles et qui ne bouge pas. Ils ont été bâtis par les Dieux, le théodolite jaune par les savants. Le théodolite jaune est de même couleur que le tractopelle, mais lui ne bouge. Il mesure et sert au chantier. Il est utile, comme les monolithes. Mais lui, on sait à quoi il sert. Il mesure, il est utile. Le théodolite jaune aurait pu être l’oeuvre de Théo. Un monolithe construit par Théo. Le lit de Théodore est le théodolite. Mais il ne ressemble pas au monolithe de Théo. Le casque jaune de l’homme est de même couleur que le Théodolite jaune mais pas de la même que le monolithe de Théo ou le lit de Théodore. La théorie des météorites est celle d’un autre Théodore. Les météorites ont une théorie, celle de Théodore qui a observé les météorites avec un théodolite, mais pas le théodolite jaune sur son trépied, qui sert au chantier.
Merci théodolite jaune sur son trépied.
Le marteau-piqueur, par Perrine
Dehors, un marteau-piqueur, dans une cour, un marteau-piqueur, au milieu d’un chantier, un marteau-piqueur.
Un marteau-piqueur qui nous pique tel une abeille qui nous pique comme un marteau-piqueur et qui nous fait mal, mal aux oreilles, il nous fait mal le marteau-piqueur : mal aux oreilles, mal à la tête, toute la journée constamment le marteau piqueur fait du mal .Même quand le marteau-piqueur s’arrête ; sa résonance est telle qu’il nous fait encore mal.
Le marteau-piqueur tel un battement de cœur ou un pivert dans la foret martelant un arbre… comme le marteau-piqueur martelant le bitume.
La Poussière, par Romain Ferlat
Poussières fines et libres, presque invisibles.
Symbole de vieillesse et d’abandon. Mais aussi le pou qui nous garde en vie.
Poussière partout dans l’espace, l’espace libre, toujours en mouvement, la poussière, mais insonore. Poussières intouchables, vite dissipées mais qui revient comme l’espoir ou le malheur, on ne la voit pas, la poussière mais elle est là tel un corps céleste qui nous protège.
Poussière qui se dépose sur des surfaces planes et immobile et au moindre mouvement elle s’envole et regagne sa liberté vers le ciel, elle voit tout, la poussière qui est là autour de nous, résidu de la construction de l’homme, symbole de la réussite et du progrès, la poussière tel la poussière d’étoile.
Une légère poussière blanche qui prend à la gorge.
Poussière qui alimente l’aspirateur, mais que l’on veut enlever alors que la poussière, c’est une poussé de molécules poussiéreuses. Après la mort on devient poussière de soi-même et l’on reste comme avant libre et unique.
La poulie, par Marianne S.
La poulie coulisse
La poulie part et repart
La poulie part et revient
C’est une simple poulie qui défile devant nos vies ahuries
La poulie voyage dans le coulis des nuages et accélère notre pouls dans son périple
La poulie est comme une poupée, comme des mots qu’on manipule
La poulie coulisse précipitamment
La poulie n’est pas possible
La poulie lit dans nos pensées
La poulie lisse nos pensées
La poulie répète les mêmes partitions
La poulie est un poulpe qui nage dans le ciel
La poulie porte les planches et les palettes, les palettes et les planches
La poulie soulèves les paillettes
La poulie coulisse lentement
La poulie monte et descend
La poulie est une vraie poésie
Deuxième atelier :
Le chantier dure depuis de longs mois, on en parle depuis deux ans, et il va durer encore un an minimum. Les élèves, comme les professeurs, vivent avec au quotidien. Rendre dans la durée ce moment dans un lieu comme le chantier. Je lis un extrait de "Un parc, un hiver" de Tarkos. Cet instant qui ne passe pas. Je leur demande d’écrire un poème sur ce moment terrible qui ne se termine pas, qui s’étire en longueur, dans un temps dilaté.
« Un parc, un hiver, un seul hiver, une masse de brouillard, un seul ciel bas, nous allons passer un seul hiver, un hiver long, une seule masse d’un seul hiver, du brouillard et un ciel bas, des nuages, une durée, la durée d’un seul hiver, du brouillard et un ciel bas, des nuages, une durée, la durée d’un seul hiver, une masse d’un hiver, une masse grise de nuages bas, de brouillard, de froid qui dure, qui continue, qui ne s’arrête pas, qui forme une masse lourde, une seule masse d’un seul hiver qui ne finit pas, cela ne dure qu’un hiver, mais l’hiver dure, il pleut, la possibilité de se modifier, de faire en sorte que les mécanismes de conscience ne soient modifiées, qu’il y ait eu une modification de soi, il y a le parc, il y a les vitres et des ondes, les ondes passent à travers les vitres et le parc, un parc où l’on rencontre quelqu’un peut-être, si cela se trouve, cela peut se passer dans le parc ou, si l’on arrive à sortir du parc, alors dehors, en dehors du parc cela peut se produire, sans parler des rues, des boulevards, des parcs, des ruelles d’une saison qui ne finit pas, d’une route, au bord de l’océan sans routes, sans boulevards, sans parc, à travers la pluie. Un parc, un hiver. Un parc nu, les arbres des feuillages n’ont pas de feuilles, sont noires et filandreux, sont des broussailles noires inextricables enchevêtrées au-dessus du ciel uniformément gris-blanc, le parc est vide, le ciel et le sol sont sables, uniformément, les enfants ne jouent plus, il n’y a aucun passant dans les allées, le parc ne laisse pas de trace, les broussailles noires grisaillent les allées. Un parc, un hiver. »
Christophe Tarkos, Anachronisme.
Le chantier. Au fil du temps. Au quotidien.
Le temps se délite, la lecture nous relie.
Autre proposition d’écriture :
Un lieu, un instant, le décrire en quelques mots simples, termes que l’on retrouve communément dans le "corpus poétique" et pour chacun de ces mots, composer un texte fait d’une succession d’énoncés plus ou moins fragmentés, enchevêtrés, collés les uns aux autres, pouvant même juxtaposer et confronter délibérément des contraires, qui n’ont en commun que d’inclure à chaque fois le mot proposé en exergue, ou de s’y rapporter, dans une vertigineuse énumération, une variation insistant sur chaque mot.
L’effet fantôme, Yannick Liron, P.O.L., 1997.
Présentation du texte :
« L’effet fantôme » est un terme d’imprimerie qui évoque la transparence du papier lorsque les pages d’un livre se superposent, le texte apparaissant au verso de la page et qu’elle nuit à la lisibilité de celui-ci.
Dans ce livre, le fantôme, ce sont les autres livres, leur résurgence fragmentée, parcellaire, lointains souvenirs qui remontent lentement à la surface, sortes de lieux communs littéraires.
Le livre comporte sept chapitres (la nuit, le jardin, la maison, les lumières, le ciel, les fenêtres, les ombres) thèmes poétiques récurrents, qui forment ici un tableau assez méticuleux, voire maniaque, d’un lieu, d’un instant, vu sous différents angles, comme en suspens, donnant au lecteur cette surprenante impression de « déjà lu » qui rend ce livre si vertigineux et lancinant.
Deuxième jour :
Premier atelier :
Nous sommes partis des mots. On a dressé un premier inventaire des mots du chantier à partir d’une liste que l’on a complété.
J’ai fait écouter à la classe le poème « Prendre corps » de Ghérasim Luca, où le rapport amoureux et érotique passe par l’alternance « je te/tu me » et la permutation du rapport nom (ou adjectif, adverbe...)/ verbe, le tout travaillant par un système d’échos et de variation du rythme. Je leur ai demandé d’écrire un poème sur eux et le chantier. En gardant la structure « je te/ tu me », en renversant les rapport noms /verbes et en créant de nouveaux mots. A l’horizon du poème : moi et l’écriture.
« je te flore /
tu me faune /
je te peau / je te porte / et te fenêtre /
tu m’os / tu m’océan / tu m’audace / tu me météorite /
je te clé d’or / je t’extraordinaire / tu me paroxysme / tu me paroxysme / et me paradoxe / je te clavecin / tu me silencieusement / tu me miroir / je te montre / tu me mirage / tu m’oasis / tu m’oiseau / tu m’insecte / tu me cataracte / je te lune / tu me nuage / tu me marée haute / je te transparente / tu me pénombre / tu me translucide / tu me château vide / et me labyrinthe / tu me parallaxes / et me parabole / tu me debout / et couché / tu m’oblique / je t’équinoxe / je te poète / tu me danse / je te particulier / tu me perpendiculaire / et sous pente / tu me visible / tu me silhouette / tu m’infiniment / tu m’indivisible / tu m’ironie / je te fragile / je t’ardente / je te phonétiquement / tu me hiéroglyphe / tu m’espace / tu me cascade / je te cascade à mon tour / mais toi / tu me fluide / tu m’étoile filante / tu me volcanique / nous nous pulvérisable / nous nous scandaleusement / jour et nuit / nous nous aujourd’hui même / tu me tangente / je te concentrique / concentrique / tu me soluble / tu m’insoluble / en m’asphyxiant / et me libératrice / tu me pulsatrice / pulsatrice / tu me vertige / tu m’extase / tu me passionnément / tu m’absolu / je t’absente / tu m’absurde / je te marine / je te chevelure / je te hanche / tu me hantes / je te poitrine / je buste ta poitrine / puis ton visage / je te corsage / tu m’odeur / tu me vertige / tu glisses / je te cuisse / je te caresse / je te frissonne / tu m’enjambes / tu m’insupportable / je t’amazone / je te gorge / je te ventre / je te jupe / je te jarretelle / je te peins / je te bach / pour clavecin / sein / et flûte / je te tremblante / tu m’as séduit / tu m’absorbes / je te dispute / je te risque / je te grimpe / tu me frôles / je te nage / mais toi / tu me tourbillonnes / tu m’effleures / tu me cerne / tu me chair cuir peau et morsure / tu me slip noir / tu me ballerine rouge / et quand tu ne haut talon pas mes sens / tu es crocodile / tu es phoque / tu es fascine / tu me couvres / et je te découvre / je t’invente / parfois / tu te livres / tu me lèvre humide / je te délivre / je te délire / tu me délire / et passionne / je t’épaule / je te vertèbre / je te cheville / je te cil et pupille / et si je n’omoplate pas / avant mes poumons / même à distance / tu m’aisselle / je te respire / jour et nuit / je te respire / je te bouche / je te baleine / je te dent / je te griffe / je te vulve / je te paupière / je te haleine / je t’aime / je te sens / je te cou / je te molaire / je te certitude / je te joue / je te veine / je te main / je te sueur / je te langue / je te nuque / je te navigue / je t’ombre / je te corps / je te fantôme /
je te rétine / dans mon souffle / tu t’iris /
je t’écris /
tu me penses »
Ghérasim Luca, Prendre corps
Arthur H en propose une très belle version chantée dans son avant-dernier album Baba love.
Lecture sous forme de duo par certains élèves après l’atelier :
Je te foreuse Tu me loft Je Te fracasse Tu me tracasses Je te déblaie Tu me balaie Je te béton Tu me réponds Je te marteau Tu me tuyau Je te pieux Tu me diamètre Je te solide Tu me tractopelle Je te trou Tu me caves
Marie. K
Je t’armature Tu me bétonnes Je me construis Tu me démolis Je te gravages Tu me désamiantes Je le graviète Tu m’ouvriètes Je la casque Tu la cloutes Je nous martèle Tu le pelles Je me terre Tu nous métal Je me tuyautes Tu l’aljecotes.
Clara E.
Je te grues Je te construis Je te tuyaute Tu me martèles Je te bétonne Il me construit Tu me failles Vous vous creusez Je te modèles Je te ferraille Tu me barrière Je te salis Nous nous enrouillons Il te mélange Vous vous bidonnons Tu me marteau-piqueur
Je te construis Tu me détruis Il te tracto-pelle Je te cimente Tu me brumisateur Il te mélange Je te modèle Tu me faille Il te marteau Je te salis Tu me bruit Il te soulève Je te béton Tu me barrière Il te transporte
Sarah Faget et Maeva Schlieckriede
Je te martèle/tu me marteau Je te ferraille/tu me dérailles Je t’étanchéite/tu m’enchantes Je te bitume/tu m’enrhumes Je te bétonne/tu m’étonnes Je te déteste/tu m’empestes
Je te machine/tu me chagrines Je te moule/tu me roules Je te mèche/tu m’empêches Je te Manitou/tu me magnitudes Je te diamètre/tu me centimètres Je te bâtiment/tu me mens Je te gravât/tu me vois/il s’en va Je te casque/tu me casquettes/il se casse-tête Je te forrage/tu me mirages/il te dégage Je te construit/tu me déconstruis/il te reconstruit Je te débris/tu me souris/il t’envie Je te détruit/tu me vieillis Je me grandis/tu me grues Tu m’impressionnes /je te rayonne Tu fais du bruit/tu m’assourdis Marteau –piqueur tu me fais mal au cœur…
Perrine and Aurélie
Deuxième atelier :
Nous sommes partis du Collège et avons traversé la ville de Pau pour découvrir les autres chantiers de la ville, la future médiathèque et les halles toutes proches. Les élèves ont pris des photos tout au long du parcours, mais aussi noté tout ce qu’ils voyaient sur le chemin.
Dans la ville, par Anne-Sophie et Céleste
Rue du collège, le musée fermé, la bibliothèque taguée, deux petites vieilles à l’arrêt bus « avec mon père, c’était comme ça et… », galerie Bosquet, pas encore dix heures, rideaux baissés, % de remise, La beauté chaque jour
Salle de sport Fitness et juste devant des chewing-gum collés par terre, des crottes de chien, stationnement interdit, défense d’afficher, engageant.
Les halles, la boucherie, le volailler, le primeur, la boulangerie, le poissonnier, l’homme aux épices, des odeurs qui chatouillent l’estomac, on ralentit le pas.
En ville et au Marché, par Clara et Claire
En ville
Même dans la petite ville de Pau, l’aventure est au coin de la rue ! On voit des publicités, des inscriptions et des interdictions.
Par exemple, « Guillaume à tout faire » « Le futur, ça s’invente » « Parisienne de Yves Saint-Laurent » « Amor amor de Cacharel » « Bosquet junior garderie gratuite » « Swatch » « Pour votre épargne, conciliez performance et sécurité » « Qu’est-ce qui vous ferait plaisir ? Coca-Cola ».
On voit des panneaux « A vendre » « A louer » et des distributeurs de sacs pour crottes de chien. Il y a de nombreuses interdictions en ville et dans les magasins comme « interdiction de s’asseoir » « pas de photos, pas de skate, pas de vélo, pas de chiens » « interdiction de fumer » « interdiction de circuler » et « défense d’afficher ». Dura lex sed lex !
Beaucoup de voitures de vélos circulent. On voit aussi des bus comme les P8 P5 T1 T2 T3 P23 P12 P11 P21 P6 P7…
Au marché
Le marché est une petite ville a lui-même. Il y a comme des petites rues « Toupiotte, coquelle, métaù, l’iroulé, lichèrre, padère, cauté, grasilhe, tarisson, toupi ». Des olives, du fromage, de la charcuterie, de la viande, des fruits, des légumes, des produits du monde… miam !
On y trouve des produits de bonne qualité « saveurs marines » « Béarn gourmand » « L a qualité c’est notre métier » « agriculture biologique » « saveurs du monde » … Délicieux !
Le marché c’est vivant, on entend des briques de conversation comme « Il fait froid aujourd’hui je trouve mais on va faire avec… » « Montre moi tes beaux ongles » « pas trop fine pas trop mince » « Voilà et ici le jambon. Vous voulez des endives ? »
En interrogeant le vendeur d’olives, nous avons appris qu’il travaille au marché depuis 15 ans. Il en a assez des travaux de la ville et de la mauvaise circulation. « Les ingénieurs devraient retourner à l’école » nous a–t-il dit. Même s’il critique sa ville, il nous a expliqué que même s’il gagnait au Loto, il resterait à Pau.
En sortant, nous nous sommes rendus compte que toute la ville est un chantier et pas seulement notre collège : par exemple, la nouvelle médiathèque, bientôt le marché, les halles, des immeubles en construction, des travaux dans les rues.
Et nous étions déçus car nous avons vus que la grue de notre collège n’est pas le seul phare de Pau !
Dans la rue, par Tiphaine et Camille
En sortant dans la rue, on voit de vieilles façades délabrées, grises et sales, les murs recouverts de graffitis et de tags, comme l’ancienne médiathèque située juste à côté du collège. Le flanc d’un camion annonçait : « Pau, la vie rêvée des villes. » Pas si sûr…
La circulation dans la ville est bordélique. Cela est surtout dû aux nombreux travaux dans la ville. Comme quoi le collège n’est pas le seul lieu en travaux.
Il y a de nombreux bâtiments datés tel que les Halles qui ont été construites en 1976. Celles-ci n’ont jamais été entretenues et ne sont plus aux normes. Elles vont être rénovées vers 2014, les travaux vont durer environ 1 an. Tout le cartier sera bloqué en raison de l’absence d’ordre dans tout le quartier, il sera aussi refait.
Pour l’instant, les commerçants ne sont pas encore touchés par ce projet, mais lors de la remise aux normes des Halles ils seront délocalisés vers la place Verdun.
Dans les Halles, nous percevons des bribes de discutions de plusieurs langues : français et espagnol.
À l’étal d’un boucher, vieux de 80 ans, la famille est réunie. Il y a son fils, sa belle-fille et même son petit-fils durant les vacances solaires !
On sent beaucoup d’odeurs différentes : charcuterie, fromages, café, légumes, poissons et en passant devant le magasin de cuisine chinoise, on imagine même la bonne odeur des nouilles !
Le vendeur d’olives charmant, tout comme son sourire. Des olives dans des paniers, à raz bord, des cornichons et des citrons, Miam ! « Depuis 15 ans, je travaille ici. Les travaux et la circulation me gênent. Les ingénieurs devraient vraiment retourner à l’école ! » nous a-t-il dit en souriant.
Dans la ville et dans les magasins, beaucoup d’interdictions :
Interdiction d’afficher Interdiction de stationner Interdiction de fumer Interdit aux skates Interdit aux chiens Interdit aux vélos…
À l’heure de rentrer au collège, surprise ! Que des vieux dans la rue ! Ils marchent lentement, surtout un avec un affreux pull bleu et un béret basque.
Dans un mois, je diffuserai sur mon site le livre numérique que nous avons réalisé avec les élèves cette année avec l’ensemble des textes écrits lors de nos ateliers, d’enregistrements sonores, de lectures, de plans et de nombreuses photographies du chantier.
Pour finir, je vous signale cet article de Sylvia Agostini sur notre atelier paru aujourd’hui dans le journal La République des Pyrénées : Un livre numérique sur le chantier du collège Marguerite-de-Navarre.