Tous les mois, faire échange de vidéo. S’emparer des images et de la bande son, entrer en dialogue avec, sans nécessairement modifier le montage de la vidéo mais en ajoutant selon ses préférences (voix off, texte lu, improvisé, écrit sur l’image, ajout de sons, de musique), puis envoyer sa propre vidéo à son correspondant pour qu’il s’en empare à son tour.
Le premier vendredi du mois, chacun diffuse le mixage/montage qu’il a réalisé sur la vidéo de l’autre et découvre à son tour son montage mixé sur la chaîne YouTube de son invité.
Forme de l’esprit
Images : Pierre Ménard / texte : Alice Diaz
Avec la présence de Nina Diaz.
je sens l’irréel vivant
discuter l’eau
l’histoire de votre peuple est loin
des fables de patience
nos cadavres son enterrés sous les arbres
nous ne les oublions pas
restent les rêves
tu as l’âge d’être une vision
tout en retenue
peut-être avons-nous
la même forme d’esprit
nous passons à côté
La mémoire et l’oubli
Images : Alice Diaz / texte et voix : Pierre Ménard.
Il suffit parfois de franchir le seuil d’un lieu qu’on ne connait pas, d’entrer dans cet espace inconnu, pour commencer à voir ce qui nous entoure, envisager ce qui nous accueille sous un angle différent, un changement radical de point de vue. La lumière nous envahit lentement de sa chaleur trouble. L’impression que rien n’a changé, pourtant rien n’est plus pareil, nos perceptions trompées, se perdent et se troublent. Les sons qu’on entend prennent un tour mystérieux. On avance au ralenti, dans l’incertitude. Des voix douces chuchotent leurs secrets au creux de notre oreille. Tout ce qui paraît familier nous devient étrangement insolite.
D’entre les formes qui apparaissent, l’ombre d’une silhouette se dessine avec insistance, mais toujours sur le point de s’effacer au profit de ce qui peut encore et à chaque instant surgir de l’obscurité. L’image prend forme et plie l’espace, ploie les choses à sa force. C’est en prenant conscience de l’inépuisable variété de ce qui nous paraît opposé, que l’on arrive à comprendre leur vraie nature, leurs liens. Les êtres, les lieux perdent leur exclusivité, sans perdre leur originalité.
Comment transcrire les images précises que j’ai en tête, sans les fabriquer de toute pièce ? Là où s’enlacent la mémoire et l’oubli.