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Vases communicants

Vases communicants : Louise Imagine (Il pleuvra demain…). En savoir plus sur les Vases communicants et sur mes textes écrits à cette occasion depuis le début de l’opération.

Elle lui avait alors demandé : « Où me faut-il aller ? »

Pour simple réponse il esquissa un pâle sourire, il aurait tout aussi bien pu grimacer tant son visage resta triste, voilé d’une étrange gravité… D’un geste lent mais que rien ne semblait pouvoir interrompre, il prit alors le carnet de la jeune femme, - il avait glissé ses longs doigts à travers ses poings crispés, délogeant le petit calepin qu’elle tenait fermement tout contre elle quelques secondes auparavant. Elle aurait pu se lever d’un bond le gifler le frapper le traiter de fou pauvre malade espèce de taré, après tout elle ne connaissait cet homme que depuis quelques minutes à peine, depuis qu’il s’était assis à sa table sans qu’elle l’ait invité. Elle resta immobile pourtant, le regardant caresser doucement, patiemment la couverture noire de l’objet. Un frisson parcourant son échine, elle se surprit à penser qu’elle ne pouvait plus rien lui cacher, qu’il savait tout - ou rien peut-être - mais en définitive comprenait.

« Destin scellé »



Toujours silencieux, il ouvrit finalement le petit livre, tombant exactement sur la première page non remplie, celle qu’elle s’apprêtait à entamer avant qu’il ne l’interrompe. Comme si ce geste était le plus naturel du monde – rien d’autre à faire de toute façon, elle en était convaincue, à bien y réfléchir tout ce qu’elle avait vécu jusqu’à présent la menait inexorablement à ce jour là, cette seconde précise de son existence - elle lui tendit son stylo. Il y eut le crissement aiguisé de la plume sur le papier, et plus rien d’autre ne comptait, il y eut ce bruit fluide et généreux, elle n’en voyait pas la danse ni même le résultat mais peu importe, et la foule et les bruits du café fondirent jusqu’à disparaitre, envoutée, absorbée, elle entendait elle écoutait la musique du métal et de l’encre se mêlant au papier. Et plus rien d’autre n’existait.

Puis il posa à plat devant elle la page qu’il venait de noircir.

« C’est ici que tout commence »
« Ici que tu dois aller. »
Louise Imagine

(Elle en était certaine, peu importe le temps que cela prendrait, les kilomètres à parcourir et les pays à traverser, peu importe les épreuves qui la ralentiraient, elle trouverait).

Photographie de Pierre Ménard

À lire sur le site de Louise Imagine, Il pleuvra demain…, mon texte : Échec à la nuit.


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