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Christine Jeanney

25/08/2010. 15h00. À la hussarde. C’était le moment, ça venait, peut-être le temps de s’assoir devant et de se dire.

Tout allait recommencer, ça se voyait (les feuilles jaunes des cerisiers, les cosmos à pétales écarquillés, les tiges sèches des hémérocalles brandies, vaines, debout et vaines), ça recommencerait, surveiller la pendule, la montre, le radio réveil, le tableau de bord, la montre, la pendule, le tableau de bord, le radio réveil, constater et anticiper, 10 minutes avant ça, 30 minutes pour le faire, dans une heure j’irai, pas le temps alors des œufs, et le soir se dépêcher, débarrasser pour avoir le temps de dormir, débarrasser l’embarrassé avant qu’il ne s’embarrasse à nouveau et reprendre, en soufflant ou en chantonnant, c’était selon, si les objets obéissaient ou pas dans leur lenteur.

Le temps de s’assoir, devant et c’était là. Enfin, on le voyait, brutalement, posé à l’extérieur, visible dans les membranes orange, la graine au centre proche de tomber, les chapeaux crèmes sortis du sol et frangés par les écureuils, qu’il ne fallait jamais toucher, ou alors se laver les mains, le poison que ça contenait et qui rappelait ce film de Sacha Guitry ou peut-être un conte de fée, et bien sûr les sept nains de la forêt et les robes bleues de Walt Disney, la sorcière, enfin toutes ces images arrondies.

Le temps de s’assoir, pourquoi faire ? Peut-être un bilan, un retour sur la longue plage derrière, ce qui c’était passé avant ça.

Les discussions. Les rencontres. L’utilité de ce verbe être, l’énervement de ce mot comme. Des digressions (à quel moment j’avais compris que diSgression n’existait pas ? le recul avant de l’écrire, à chaque fois faire attention). Emportements et déplacements, des écarts, des fatigues, en vêtement normal, fatigue d’être fatiguée, et les secousses. Le roulis constant dans la tête, et pédaler à contre-sens, contrer le temps, s’en éjecter.

Et le blabla sélectionné, effacé, touche Enter enfoncée avec le médium, un coup sec, virulent, main théâtrale, parfois, mais c’était mieux ainsi, bien mieux. (15h49, relire, et s’il fallait le faire maintenant ? Tout sélectionner, tout vanish, ne conserver qu’Amours en cage prise de vue 23/08/2010 16h56, et puis rien ?)

16h04 Mais c’était pourtant bien l’endroit, l’endroit pour dire et pour s’assoir. L’endroit ici, chez lui qui attrape Rome d’un coup, qui donne des bribes à soi et se perd dans Marseille « étalée et c’est un vertige » qui dit « Avec Entre » « Le poème devient un acte de résistance. Écrire, pour Antoine Emaz, c’est se révolter contre l’inacceptable », c’était bien l’endroit où s’assoir, les bouts de matière sur des tables, ici, tout exposé, libre service, et ensemble le long d’un canal, l’alentour que disaient les autres en marchant. Et les autres. Ceux qui viendraient, ici, qui diraient, ou ne diraient pas, qui seraient passés entre les arbres, auraient vu des rochers sur la mer, prononcé des paroles étranges, fait ruer la langue, cut-up les mots, et tous les autres, c’était vraiment l’endroit ici, pour s’assoir et se réconforter du temps, amis voici le temps venu, repartir et recommencer, et puis cette fin idiote qui menacerait toujours.

Envoyer le document en pièce-jointe, y réfléchir, avant de cliquer, modifier.
Ne pas « écrire chez l’autre », mais assise à côté de lui, se reposer, en lévitation gratuite, au calme. Alors, le titre à rallonge, allez, à la hussarde, Parler des Vases communicants en vase-communicant et parler de l’automne sans dire le mot, ça se tenait à 16h14 et à 16h48 aussi, et même ensuite.

Le premier vendredi du mois, depuis juillet 2009, est l’occasion de vases communicants  : idée d’écrire chez un blog ami, non pas pour lui, mais dans l’espace qui lui est propre. Autre manière d’établir un peu partout des liens qui ne soient pas seulement des directions pointant vers, mais de véritables textes émergeant depuis.

Pour les Vases communicants n°15, j’accueille Christine Jeanney qui vient de diffuser Signes cliniques chez Publie.net.

Le texte reçu aujourd’hui sur son site Tentatives est un nouvel extrait des Lignes du désir, texte en cours d’écriture.

D’autres vases communicants ce mois-ci (merci à Brigitte Célérier pour le travail de veille) :

Joachim Séné et Jean Prod’hom Michel Brosseau et Christophe Sanchez Kouki Rossi et Florence Noël Anita Navarrete Berbe et Piero Cohen Hadria Maryse Hache et Florence Trocmé Anne Savelli et Loran Bart Daniel Bourrion et Brigitte Célérier


Parler des Vases communicants en vase-communicant et parler de l’automne sans dire le mot de 15h00 à 16h48

Publié le 3 septembre 2010
Vases communicants


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