Les lumières s’éteignent, le piano se met à jouer tout seul. Plan fixe sur des couloirs vides, des vérandas désertes mais aussi sur des paysages inhabités, des arbres isolés, quelques rares fleurs, un poteau télégraphique, du linge qui sèche au vent.
On dit juste ajournement le temps de faire retomber la pression. Mettons à part la question des bons sentiments et regardons les faits. Entre ces deux-là, l’entente cordiale tient de la nécessité. D’abord, nous ne sommes pas du tout dans une logique de front, de conquête de territoire. Tout dépend de ce qu’on appelle le peuple. Il y a une ambiguïté dans le terme. Les gens oublient le passé et ne peuvent même plus imaginer l’avenir. La cacophonie du moment n’explique pas entièrement leur inaudibilité. Seule compte la survie au présent.
L’idée de faire le bonheur des gens malgré eux en assénant l’idée que c’était mieux avant me paraît éthiquement douteuse. Mais personne ne peut tuer le passé, il ressurgit toujours au pire moment.
Il n’y a aucun signal fort de reprise. Ce n’est pas assez, mais ce n’est pas rien. Si vous voulez changer vos habitudes, changez vos matériaux. Le corps est devenu l’interface majeure de nos relations aux machines.
On continue parfois à utiliser l’expression classes populaires pour parler des personnes de condition modeste. Il leur faut une nouvelle clarté pour qu’elles s’estompent de nouveau. Un flux continu d’informations va se superposer à notre perception naturelle des choses. Il y a besoin de produire du sens, besoin de mettre en récit, de symboliser, de forger de nouveaux imaginaires collectifs du passé et de l’avenir. C’est aussi une affaire de langage. En anglais, le mot pour conviction et condamnation est le même.
Le fantôme est dans les bibliothèques. Le jardin produit des silhouettes. Un objet, à chaque fois qu’il apparaît, change de forme. Le temps à est la complexité. L’image est un moment qu’on négocie ensemble. La pellicule est aussi étincelante que fragile. Plans et lignes qui s’échappent sans unité évidente mais d’un équilibre somptueux et d’une grâce inattendue. Rien n’est moins rassurant que ces plans dits de quiétude. Il s’agit aujourd’hui de saisir, dans chacune des situations nouvelles, les perspectives qui s’ouvrent autant que les risques qui pointent.
Pouvons-nous continuer à utiliser Internet comme outil de partage et de connaissance quand la moindre de nos contributions peut, un jour, être retenue contre nous ? Ça n’est pas du cynisme ni de la provocation. Je fais les deux avec la même sincérité. L’important, ça n’est pas le support, c’est ce que je vais injecter dedans.
On a simplement envie de choisir ce qu’on partage de sa vie et avec qui. L’exposition à l’altérité multiplie les chances de trouver les choses que l’on ne cherche pas, ce qui est essentiel pour la connaissance. C’est que notre utilisation d’Internet dépasse largement le simple cadre des communications. Espace de la mémoire. Enfance du temps. Nous y mettons notre vie.
On retient à la fois l’envie de partir, de fuit, si forte, couplée à cette impuissance à le faire, ou simplement à se projeter dans l’avenir. Tenir cet objectif à la fin de l’année et de façon durable. On a beau décrire, rien ne peut rendre l’étrangeté qui submerge le visiteur. Mais je ne pense pas au passé. Je pense à aujourd’hui, à l’avenir. À ce que je vais faire, à comment je vais adapter ma vie pour entrer dans des situations qui m’apprennent quelque chose, qui me posent un défi. Je me suis dit : On va voir... On a vu.
Après ce sont des discrétions.
Cut-up réalisé à partir de ma lecture du journal Libération du vendredi 25 et mardi 29 octobre 2013. Les photographies diffusées ont été prises à Bastia, en Corse, à la même période.