La photo a fait le tour du monde, notamment via le Twitter : un jeune couple apparemment en train de s’embrasser au sol au milieu de « CRS » canadiens pendant les émeutes qui ont suivi la défaite des Canucks de Vancouver face aux Bruins de Boston en finale de la Stanley Cup de hockey.
Le photographe Richard Lam, était balloté entre les manifestants et les policiers anti-émeute quand il a repéré le couple.
Il raconte au Guardian : « J’étais à une vingtaine de mètres. Il y avait ces deux personnes au sol dans cette rue désertée. J’ai d’abord pensé qu’un des deux était blessé. C’était le chaos total. Les émeutiers ont mis le feu à deux voitures et après j’ai vu des pilleurs casser la vitre d’un grand magasin.
À ce moment, la police anti-émeute a chargé dans notre direction. Après m’être arrêté de courir, j’ai remarqué l’espace derrière les policiers où les deux personnes se trouvaient, avec les CRS et un feu en arrière-plan. »
Les circonstances entourant la photographie ont été ensuite clarifiées, la jeune fille serait tombée sur le sol, poussée par la foule. Les internautes se sont quand même pris d’affection pour les amoureux, prenant un malin plaisir à les inclure dans différentes photographies historiques ou sportives.
« La police a chargé la foule et ce couple qui essayait de rester ensemble n’a pas réagi à temps et s’est fait piétiner par deux policiers anti-émeute. La fille a été renversée tête la première sur la chaussée et son petit ami est tombé sur elle. Elle avait visiblement mal, elle pleurait, mais les deux policiers les ont poussé et sont repartis. »
Lorsque les policiers ont foncé vers les émeutiers, Alex Thomas, la jeune femme sur la photographie a eu très peur. « Je n’avais jamais rien vécu de semblable avant et c’était très effrayant », se souvient la jeune femme. « J’étais bouleversée, je suis tombée, et je ne savais plus trop ce qui était en train de se passer. » Son amoureux d’origine australienne, Scott Jones, 29 ans, voulait l’apaiser et l’a embrassée. Un photographe a croqué cet inusité moment d’intimité sur fond de violence et depuis, la photo a fait le tour du monde.
Une version confirmée par une vidéo prise par une étudiante en photo mise en ligne par le Vancouver Sun.
Ce qui fascine dans cette photographie prise sur le vif, et qui explique aussi la frénésie qui a suivi sa parution et sa large et rapide diffusion sur les réseaux sociaux, dans les commentaires, et les nombreux détournements dont elle a été l’objet (voir dans l’exemple ci-dessous, leur amateurisme et leur réalisation à la hâte, avec les moyens du bord), montre bien que la superposition de ces deux scènes, ces deux instants que tout semblait séparer, ne pouvant pas figurer dans un même espace, leur donnait l’apparence d’un mauvais slogan publicitaire élaboré à partir d’une image détournée : faîtes l’amour pas la guerre.
On a beau connaître le fin mot de l’histoire, quand on regarde attentivement la photo (une horde de policiers pourchassant au loin les émeutiers dans un nuage de fumigènes, la figure hiératique d’un policier anonyme au premier plan, flou, barrant littéralement l’image par sa stature sombre, qui interdit le photographe de passer, cherche à nous interdire l’accès de l’espace laissé libre, et ce couple au sol qui s’enlace à même le sol, qui s’embrasse dans cette zone vide, ce no man’s land, comme pris entre deux feux), il y a bien deux mondes qui s’opposent. Mais on le devine en creux, dans l’angle mort de cet événement, que la profondeur de champ nous révèle.
À la suite du vote le 13 février au soir d’un nouveau programme de rigueur par le Parlement grec, de très violents incidents se sont déroulés dans la journée et la soirée à Athènes. Comme cela avait été le cas pour les émeutes de Vancouver, une image d’un baiser des émeutes d’Athènes est très vite apparu sur le net. Cette photographie a été prise par Géorgie Panagopoulos, pour l’agence de photographes Eurokinissi.