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Série photographique sur le vieux-port de Marseille

Fasciné par les reflets fugaces de ce dont nous pressentons que nous serons un jour à jamais séparés. Néanmoins étroite est la voie entre les constructions abstraites.

Les quais sont désormais très larges et rendus aux piétons, ils se prêtent bien à l’organisation et à l’accueil d’événements et d’animations. Ils ouvrent surtout d’étonnantes perspectives sur le port, la mer et l’horizon, les bateaux qui étaient auparavant à quai face à la Canebière ont été repoussés sur les côtés du quai. L’allègement du trafic se fait déjà très nettement sentir.

L’horizon s’incline, les jours sont plus longs. Ou encore : j’étais le silence qui suit. Le reste ce sont des leurres qui détournent de l’essentiel. Je pense que oui, mais l’époque s’y prête beaucoup moins. Le monde est figé dans sa propre stabilité, ça frise un peu le pléonasme dont la présence vise d’abord à l’effacement. Ca met en place un vide.

Le réaménagement du Vieux-Port est marqué par un ornement architectural étonnant, la vaste mais très aérienne ombrière du quai de la Fraternité (dont le chantier n’est pas encore tout à fait achevé). Son étonnante structure et sa matière mirifique mettent en valeur les jeux de reflets de la mer
et du ciel changeants avec les heures et la lumière.

Les expressions d’anonymes isolés dans la foule. Étrange impression de calme et d’abandon, avec des temps morts comme des pannes d’électricité. Le brouhaha ambiant ajoute à la confusion. Il y a toujours une petite fenêtre où je m’échappe. Votre passe-temps préféré ? Laisser filer une pensée. Votre animal préféré ? L’air du temps. C’était hier l’achèvement du lyrisme et du fer à souder.

Cette œuvre élégante et singulière dispensera son ombrage aux activités traditionnelles du quai, avant de se transformer en un point de ralliement de Marseille.

Trace encore bleue de l’attente. Ils tournent le chiffre. La fiction s’inverse. Ils sortent du bateau dans la chaleur du quai. Le feu momentané du recul. C’est l’inerte ou encore la chaleur. La difficulté du souffle. Le repli étrange d’une respiration incapable de trouver sa marge réelle.

Liaison entre les quais du Vieux-Port et le centre-ville qui connaît plusieurs opérations de réaménagement et de requalification, le bas de la Canebière, entre la place du Général-de-Gaulle et le quai de la Fraternité, est réservé aux piétons et aux bus, en préfiguration de ce que sera à terme le quai de la Fraternité. La circulation reportée sur la périphérie est facilitée par le réaménagement des carrefours et l’installation d’un dispositif vidéo contre le stationnement anarchique destiné à maintenir les voies complètement libres au trafic. Ce débouché spectaculaire de la célèbre s’ouvre en grand sur la magnifique perspective du Vieux-Port.

Il fait beau ce matin et j’ai achevé de penser. Ciel changé ciel pavé se perd.

La grande réussite du projet est de dégager les quais, d’en ouvrir les espaces, le traitement de la surface des quais évitant d’entraver les déplacements par des obstacles, les quais retrouvent leur aspect linéaire originel. Où que l’on se trouve, rien n’arrête la vue.

Cette circulation d’air ou de souffle, j’y reviendrai. Lentement, pas à pas sortir du soi-disant soi, devenir peu à peu ce projet mouvant. Nous avons entendu quand nous faisons partie de ce qui est dit. Sensible au double sens de ce qu’on sent et ce qui se sent. Et ça commence seul.

Le revêtement du sol, pavage homogène en pierre, matériau noble et naturel par excellence, dont la taille et la texture des pavés différencient les espaces selon qu’ils sont réservés aux piétons, aux véhicules légers ou aux bus et autocars.

Rythme changeant. Transformation radicale du paysage. Le vent y met gentiment du sien. Le souffle court. Ce matin, la lumière bleutée.

L’éclairage des quais du Vieux-Port fait appel à des lampadaires dont la forme élancée évoque celle des grands mâts. Sur le quai de la Fraternité, ces mâts seront recouverts d’une « écorce » lumineuse tout à fait originale. Elle permettra d’étonnants reflets, des jeux et variations de lumières notamment à l’heure du soleil couchant.

La lumière du jour efface tout - Le rideau blanc fait cran - Sans toucher le sol, vaguelettes du bord, les ondes légères - Des reflets irisés - Feux follets multicolores, billes ou bulles scintillantes virevoltent dans le coin.

Il est prévu des mâts plus hauts sur le quai de la Fraternité que sur les quais du Port et de Rive Neuve. La hauteur et la puissance de l’éclairage permettent d’éclairer toute la largeur des quais. Les pontons du plan d’eau participent aussi à l’éclairage et à l’ambiance du Vieux-Port.

Devancer l’appel. Prendre ce risque sans rien à craindre. Écrire c’est maintenant disperser les ombres, d’un signe et dans une violence bleue embrasée et effacée, bribes, fragments épars d’une histoire éclatée, qu’elle invente. Procéder par prélèvements, détournements, abstractions successives, c’est se donner, douter de ce que l’on lit, voit et entend, des phrases, peu importe : en vrac, elle voudrait tout dire. Geste mécanique, sourire distrait. Ne rien dire. Ne rien taire. La postérité et ainsi de suite d’un pas flottant pour respirer un peu, comme une parenthèse qu’on ferme. Pour voir ? Les regarder pour ne plus jamais les oublier. Nous ne cesserons plus de voir. Le ciel s’agrandit. Nous voyons bien plus loin que le présent.

Depuis que les premiers Grecs ont poussé leur bateau dans cet abri naturel « contre la houle, le vent et l’ennemi », la calanque originelle a beaucoup changé. La ville en a progressivement occupé les trois côtés, qui n’a cessé de se construire et reconstruire sur elle-même. Le théâtre incomparable du Vieux-Port au décor minéral forgé par le vent, dont la lumière change au fil des heures et que le couchant recouvre chaque soir d’un voile doré.


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