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Série photographique sur le parvis de La Défense

Invité avec Cécile Portier et Serge Bouchardon à présenter notre approche de la littérature numérique et des ateliers de création que nous mettons en place dans le cadre scolaire (j’ai pour ma part évoqué les ateliers réalisés à Paris, Bagneux, Boulogne, Melun, Pau...), nous étions jeudi 7 février 2013 à l’Espace Grande Arche du parvis de La Défense pour la journée InterTICE : sur plus de 1 500 m², classes, groupes d’expérimentations pédagogiques et partenaires y présentaient les usages numériques d’aujourd’hui.

Alors qu’il était en résidence pour une semaine d’immersion à La Défense, lors de Paris en Toutes Lettres, François Bon a invité plusieurs auteurs à écrire leur vision du lieu. Je lui avais envoyé ce texte que je relis avant de le diffuser ici :
je me souviens de la Défense même si je n’y suis jamais allé. Ce texte est désormais en mode Premium sur le site de François, comme il s’en est expliqué sur son site : en route pour la web-edition.

« Pas d’autre choix, selon François que d’envisager, pour Publie.net en tant qu’expérience commerciale, et toujours dans le but d’un outil mutualisé pour redistribution claire des revenus, et apport en contrepartie de technicité et propulsion, qu’aller vers ce concept de web-édition. »

La commercialisation n’étant pas forcément dans ce dispositif, comme me l’a rappellé justement Xavier Cazin, directeur d’Immateriel un outil de rentabilisation, mais de propagation, « l’idée est simplement de rencontrer des lecteurs hors du premier cercle en leur proposant des choses là où ils ont l’habitude d’acheter leurs livres. »

Le web est plus que jamais le terrain de la lecture/écriture/expérimentation numérique, la lecture sur ce support est devenue une habitude que tout le monde a acquise depuis 20 ans, parallèlement à la lecture papier.

Mon livre est mon site, longtemps que je le pense moi aussi, je le vis au quotidien. Ce que je veux c’est fabriquer des objets qui proposent une nouvelle forme de lecture, pas forcément trouver de nouveaux moyens de gagner la vie (quoi que les deux ne sont pas forcément contradictoires). Mais ce n’est pas cela qu’il faut retenir, dans l’état actuel de l’édition numérique. Faire partie de l’abonnement Publie.net avec ses textes et son site c’est un grand privilège. Cela permet à des lecteurs ne connaissant pas mon site, et certains projets spécifiques conçus pour ce support, d’y avoir accès.

Je pense notamment à mon projet de Planche-contact, qui est un projet transmédia : entre web-fiction et web-documentaire.

Revenant sur la parvis de La Défense, je me permets de reprendre mon texte pour le diffuser également sur mon site :

Le lieu est mouvant :




OUR HEARS BELONG TO STORM

C’est un jour quelconque. Il est vrai qu’au commencement on se sent contraint et vaincu par la force. Cela a l’air si étrange que je ne peux pas me rappeler avoir jamais vu quelque chose de pareil. Je n’étais pas comme ça, avant. On ne regrette jamais ce qu’on n’a jamais eu. Ne retiens que ce que tu ne peux pas saisir et ce qui te saisit t’emporte, alors le lieu est mouvant. Pour le reste, pas vu ou oublié. Les voyages sont dedans. Et s’il s’en trouve par hasard qui en doutent encore, le chagrin ne vient qu’après le plaisir et toujours, à la connaissance du malheur, se joint le souvenir de quelque joie passée. Ils s’en servent, je crois, par forme et pour épouvantail, plus qu’ils ne s’y fient.

I’VE SEEN IT ALL

S’égarer dans le labyrinthe bruissant de la ville. On ne peut que donner une sensation du présent qui va rencontrer l’expérience entière de la personne avec qui l’on parle, si l’on est chanceux. Pour une fois c’est la métaphore qui est ingrate et la réalité un conte de fées. Une façon de dire. Alors je le fais lorsqu’il n’est pas là. Lui expliquer la vigilance nécessaire pour qu’il n’y ait plus jamais ça. Donner corps à une somme de moments fuyants et coupés de leur sort. La question cruciale et affreusement difficile des choix. Le chemin à suivre. Ce paradoxe de l’acuité de la conscience, indissociable du sentiment d’éternité. Les mots pour le dire. Tombée du haut, la lumière complice pose quelques taches luisantes sur vitres rosées. Le possible reflet d’une vitre, mais non, peut-être n’est-ce qu’un imperceptible bougé du regard.

GOSSIP IS WHERE THE MUSIC IS

Le ciel est noir dans le fond. Rompue, la courbe unie du ciel, perce un tremblement de lumière bleutée. Quand j’ai ouvert la fenêtre, j’ai vu l’arbre, et le château, ils me ressemblent de loin. J’ai suivi son reflet sur la ligne, c’est comme ouvrir ciel et terre. Ce qui fut fait. Ce qui bat, ce qui sauve et désespère. On voit l’éternel retour à l’œuvre. Des détails très précis en eux-mêmes donnent, par leur simple juxtaposition, un ensemble tout à fait saisissable, mais un peu flou. L’espace est à la fois construit et déconstruit, créant un ensemble mouvant, instable. La langue tourne à l’horizon, avec l’encre du jour voilée derrière les rideaux.

UN JOUR SANS

Je voudrais pénétrer dans les profonds reflets, pénétrer dans la lumière de ces grands miroirs. Ces milliers de petits mouvements pour percevoir le monde au quotidien. J’ai connu l’impossible en cette esquisse. Je me gardais bien de me souvenir de ce qui venait de se passer et j’affectais la plus grande indifférence. On retourne les paysages pour s’y noyer dedans. Le clair du jour par leurs ombres ravi. Le temps, sans revenir ni hésiter, en ses heures fugitives. C’est un trajet dont on rêve, une trêve courte et accablée. Je ne sais plus où j’en suis, vous m’embrouillez. La mémoire est menteuse, la moindre réminiscence est toujours reconstruite. Chacun s’en va comme il peut. Après tout, c’était peut-être hier.

La première biennale de création de mobilier urbain, sur l’esplanade de La Défense, initiée par le scénographe urbain Jean-Christophe Choblet, propose d’expérimenter des prototypes de mobilier urbain spécialement dessinés par de jeunes créateurs pour le site de La Défense en réponse à usages liés à la spécificité de cet espace urbain. Les usages qui ont été identifiés et traités pour cette première édition sont les suivants : déjeuner, attendre/s’abriter, travailler/se cultiver, poser/se reposer.

Ces mobiliers sont ainsi testés jusqu’au 28 février dans les conditions du réel, sur les quatre saisons, par tous les utilisateurs du site, qu’ils soient habitants, salariés, visiteurs ou touristes.


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