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Dérive à travers les rues de Montréal

Ce texte est un hommage à Benoit Bordeleau et à son travail de dérive dans Montréal, dont il a lu un extrait lors de la soirée de performances et de lectures de la revue bleuOrange, à laquelle j’ai participé le Jeudi 25 mai 2017 à la Station Ho.st, 1494 rue Ontario, à Montréal.

L’envers du décor est parfois plus explicite que l’endroit lui-même. Les Foufounes Électriques sont à l’arrêt. Rue de Boisbriand.

L’ascension du Mont-Royal est un vrai calvaire. Au sommet il y a même une croix mais elle est recouverte d’ampoules façon Las Vegas.

Tu attires mon regard mais comme souvent c’est un détail qui retiendra finalement mon attention. Café #Névé, Rue Rachel.

On ne voit pas ce qu’elles observent avec tant d’attention penchées devant la vitrine, circulez il n’y a rien à voir ! Rue Saint-Denis.

Prenez un livre, donnez en un. Système de livre échange, bibliothèque à ciel ouvert contre le mur de brique blanche rue de la Roche.

Les titres des spectacles à l’affiche en ville reviennent en mémoire : Beaucoup de belles choses pour la fin du temps. Rue Saint-Hubert.

Panneau abandonné dans une friche Rue Saint-Denis, souvenir de la campagne d’Hilary Clinton en 2015 : L’amour l’emporte sur la haine.

Pecho s’est fait choper, la recherche est vaine, le chat ne reviendra pas et l’affichette disparaîtra à son tour. Rue Saint-Grégoire #dérive

Trouver par hasard dans l’allée des bouquinistes de la Grande Bibliothèque le recueil de Félix Leclerc : « Le calepin d’un flâneur. »

La lumière se perd dans la foule. L’œuvre montre la fragilité de l’espèce sculptée dans une motte de beurre. Avenue McGill College.

On entend encore la sonnerie retentir à distance, au bout du fil et personne ne décroche, sentiment d’abandon, Rue Sainte-Catherine.

Sentiment d’extrême solitude réduit à néant par un promeneur de chien en laisse et la joggeuse en sueur. Sommet du parc Mont-Royal.

Se libérer du jour pour l’effacer. À l’abandon, dans la répétition d’un geste inutile. Ce qui file entre les doigts. Rue Saint-Denis.

Le mouvement incessant au cœur du cycle naturel s’inscrit dans le temps. Panta rei. Tout s’écoule, rien ne reste tel.

Au Marché Jean-Talon, c’est la foule des grands jours. Tout le monde a les bras chargés de plantes et de fleurs. Des chariots !

Il est encore impossible de discerner visuellement l’approche de l’aube. Pixels comme tessons de lumières. Place Émilie Gamelin.

« Le temps détruit tout, le temps arrange tout. Il est bien insupportable à la fin. J’imagine un pays sans lui. » Félix Leclerc.

Trop las pour imaginer. Le présent n’est pas une copie parfaite. Mais il ne sait plus ce qu’il doit acheter. Rue Jean-Talon Est.

« À la fin, les rusées tombent dans leurs propres pièges. » Félix Leclerc.

Le flamand rose indique le sens du vent au jardinier déboussolé du quartier de la Petite Bourgogne.

Les passants le fixe sans bouger, à l’affût, cherchant la moindre faille, rien qu’un souffle du mannequin vivant. Rue Sainte-Catherine.

Les reflets modifient nos grilles de lecture. Certains font les mots croisés, d’autres marchent le nez en l’air. Square Dorchester.

Le bleu de la piscine est effet du carreau. Ici, c’est le trottoir qui joue avec le bleu du ciel. Refait à neuf. Avenue de Gaspé.

L’homme rapaillé, de Gaston #Miron : « Je ne suis pas revenu pour revenir. Je suis arrivé à ce qui commence. » Placette Villeneuve.

Quelques photographies de mon séjour à Montréal :




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