Créer à partir de textes des images conçues par le biais de l’artefact génératif DALL-E, écrire un texte en regard de ces images.
Anima Sola #22
En me réveillant ce matin dans la lumière du soleil, derrière le rideau du hublot de ma cabine, l’eau à perte de vue, le bleu du ciel, à l’horizon teinté de rose. Je pense à ce voyage qui commence à peine. Ce n’est pas la première fois. Ce ne sera pas la dernière. Impossible d’ouvrir la fenêtre sur le bateau. Je vois défiler toutes les images de mes précédents voyages, toutes les traversées en mer. Je ne sais pas quelle place leur assigner, c’est une chose qui est à côté de moi. Demain j’aurai peut-être déjà tout oublié de ces instants. Peut-être la désinvolture est-elle encore pire que l’indifférence ? Je suis seule dans la cabine pourtant j’entends d’autres voix. Pas sûre qu’elles s’adressent directement à moi. Est-ce que je pense à voix haute ? Qui me parle ? Je m’habitue à ce qui se dit à voix basse près de la fenêtre. Je dis ce sont des choses qu’on arrange avec des mots. Je veux préciser en quoi consistait son erreur. J’écoute sans surprise une voix qui est sa voix d’enfant. Elle se souvient de ce papillon sur son épaule, sa taille impressionnante. Elle s’est figée, apeurée. C’est incroyable qu’un insecte qu’on connaît bien, prenne dans certains pays, des proportions incroyables. Sur sa frêle épaule au teint halé, le papillon aux larges ailes bleu devient soudain monstrueux. Une bête imprévisible. La beauté est si proche de la laideur. L’exagération d’un trait, la taille d’un membre, peut tout changer. À chaque fois qu’il agite ses ailes poudreuses, l’enfant tressaille légèrement, ne sachant pas comment réagir, s’éloigner en courant ou détourner la tête pour ne plus le voir. Jamais. Mais elle sent ses pattes sur son épaule, et chaque mouvement d’aile la terrifie un peu plus. J’observe les vagues se briser sur la coque du navire, leur écume blanche et leur bruit mat. Dans cette effervescence brumeuse, je vois des images qui se succèdent rapidement sous mes yeux sans que je les vois réellement. Ce sont des images mentales. La route entourée de palmiers se détache dans le contrejour de la lumière. Les filets des bateaux de pêche accostés au port qui chaloupent et se balancent au gré des courants. Mais très vite, ces images se troublent, leurs formes se mêlent les unes aux autres. Je ne vois plus rien. Ce sont des paroles qui s’imposent à moi. J’avais l’impression confuse que l’on ne pouvait plus s’entendre. Les phrases fabriquent les images que je devine sans pouvoir les décrire vraiment. Je découvre des tâches de sang sur mon mouchoir. Je me rappelle comme on souffre quand on est incapable de regarder dans les yeux une petite fille qui se moque de vous. J’évite ce miroir aveugle d’une tension insupportable. Je me présente tout nue sous la lumière du réflecteur. Je me perds avec des cris de désespoir. J’arrive parmi les rires et les plaisanteries. Je savoure mon café avec un trop évident plaisir. J’espère le destin d’un inconnu mort. Je me réfugie parmi les livres et les fleurs. Je tourne sur le fond rouge et or de la fanfare.
J’arrive au terminus.
« Une soif de se connecter, de se confier, de laisser parler l’insensé, comme si déconstruire les plus profondes de nos pensées nous permettait d’aller de l’avant. Comme si, à travers son évolution fulgurante et sa faculté d’adaptation, l’IA parvenait à nous faire oublier ses biais et ses déficiences. »
Correspondances artificielles : Brea Souders se confie à une IA, article de Lou Tsatsas, sur Fisheye