Créer à partir de textes des images conçues par le biais de l’artefact génératif DALL-E, écrire un texte en regard de ces images.
Anima Sola #3
Je m’enfonce dans la vie. Le monde est éclairé d’une manière inédite. C’est une lumière qui vient de l’intérieur. Cela ne nous tombe pas dessus, ne nous recouvre pas. Ni un voile ni une couverture. Cela vient de l’intérieur. Je pense à ma main qui devient orange et translucide lorsque je la place devant une source lumineuse. On peut voir à travers. Chez moi, je marche souvent dans le noir. Je progresse dans l’obscurité. Souvent je me cogne aux meubles, je bute contre les murs. Je ne m’arrête pas pour autant. J’habitue peu à peu mes yeux à la pénombre. Je veux réussir à voir dans le noir. Je fais pivoter mon corps et mon visage. Quand je rêve je parviens à voir des images, j’assiste à des scènes dans l’obscurité de ma chambre, le noir de mon esprit endormi. Ce qui m’attire dans la clairière est cette lumière justement. J’aime la fraîcheur des sous-bois, le bruit des pas sous les feuilles et les tiges qui craquent, l’odeur d’humus qui chatouille les narines. J’entrevois le tremblement presque furtif des feuilles de l’arbre. J’aime la forêt mais je préfère habiter en ville. J’admets la dérision de vivre comme un mot entre parenthèses. Je prononce un mot pour désigner quelque chose que je vois, mais c’est autre chose qu’on entend. il y a un écart entre ce que je dis et ce que les gens comprennent. Je dis le mot bûche, ils voient un bureau en bois. J’épelle le mot feuille, cela désigne le cri d’un oiseau pour la plupart d’entre eux. Le sens de ce que je dis est différent du mot qu’il désigne. Je pense me retrouver seul dans la forêt et je n’arrête pas de croiser des inconnus. Personne ne me parle. Ils marchent tout droit, sans s’arrêter. Ils m’ignorent tous. Leur démarche m’intrigue, guindée. Dès fois, pour les provoquer je finis par me placer sur leur chemin. Je pensais être seule, ils me dérangent, je veux prendre ma revanche. Je leur fais de grands signes de la main. Je me moque d’eux, de leur attitude hautaine et leur tire la langue, mais rien n’y fait. Je suis invisible. Je ne peux m’empêcher de les regarder pour tenter de comprendre ce qu’ils font là. On dirait un rendez-vous. La femme marche lentement sur le sentier. Son manteau s’accroche parfois aux tiges des arbustes, aux ronces près du sol. Elle lève haut ses pieds à chacun de ses pas. L’homme ne la voit pas tout de suite. Il est occupé à couper du bois. Il prépare un feu. Cela change selon l’heure de mon arrivée sur place. Dès fois le feu a déjà pris, de grandes flammes dansent tandis qu’une épaisse fumée grise s’élève vers le ciel. Je ne comprends pas le sens de leur chorégraphie. La signification de ce rendez-vous secret. Pourtant, je joue un rôle dans cette comédie. Si j’arrête de penser à eux, j’ai l’impression qu’ils pourraient disparaître. En même temps ce sont eux les intrus. Ils envahissent mes pensées. Je ne veux pas partir, les abandonner, de peur de me perdre en les laissant sur place. J’anticipe le retour en silence, le sourire de pardon. Le feu commence à prendre. Les fougères accentuent l’âcreté de la fumée. Je suis fascinée par le feu. Il prend en moi, m’embrase. Je m’élance dans le noir des flammes comme si mon corps était au bord de la fuite. Je voudrais partir mais je n’y parviens pas.
« Lentement mais aussi sûrement qu’inexorablement, nous sommes en train de collectivement et singulièrement redéfinir notre rapport à la langue. À l’échelle de cette grande interface membranaire du monde que l’on nomme “le numérique”, nous parlons constamment à des moteurs de recherche, à des algorithmes, à des individus ou à des collectifs absents au moment même de l’énonciation, et désormais à des agencements et à des générateurs. »