Aménager le noir des signes sur le blanc de la page avec une intensité continue.
Attendre.
Dans le secret des paysages silencieux.— Sandor Krasna (@KrasnaSandor) samedi 24 octobre, 2020
Contents. Ce n’est pas souvent. Abandonné. Pensé après l’avoir écrit. Créer. Peut-être pas le bon mot. Pas de meilleur. Créer. Un réel. La première fois. Témoigner. Seulement. Rendre compte. Pour mes enfants. Des choses à dire. Le matin. Les anomalies. J’en parle. Quand je peux. Rencontre des gens. Envie d’écouter. Pas fréquent. On s’arrête. On ne se dit pas grand chose. La fatigue. Par nature. Pas beaucoup. Des choses à dire. Ils me regarderont. Une exception même si eux. Je n’ai pas pu.
Écrire ça. La réponse. Contents. Quelque chose à dire. Le matin. L’œil alerte. Observateur. La maison du voisinage. Celui qui dort. Lui aussi. Se lève tôt. Et puis voilà. Un jour. Un enfant a vomi. Leurs petits malaises. Comme tout le monde. Trop mangé. L’école. On les comprend.
J’écris. Liberté d’écrire. Demander conseil. Un manque de communication. Enfin une difficulté. Des mots. Vous faire sentir coupable. Essayer de faire parler l’enfant. Commencer à. Raconter ma journée de travail. Ce que j’ai vu. Un don d’observation. Vous en servir. Raconter. Ce qu’il en pense. Il y a aussi un petit garçon. Et pourquoi. En imaginant. C’est le mot. La vie d’un autre. Parler de lui. Voilà. Et vous. Votre boulot. Un boulot. Pas uniquement un travail.
On dirait. Un boulot. Même de créer. J’ai arrêté. De grands signes aux gens. Qu’ils ralentissent. Un accident. Plus loin. Pour un accident créé. J’ai vu. Comme un fou. Ce n’était rien. Ce qu’il fallait. Le flot des voitures. Ralenti. À cause de moi. J’ai vu enfin les visages. Trop vite d’habitude. Ces visages. Avec étonnement. Merci d’un geste. Qu’est-ce qu’il y a ? Pas toujours le temps de répondre. Envie de pleurer. Devant tout le monde. Par terre. Glisser sous les roues des voitures.
J’ai écrit. Envie de pleurer. Dire au monde. C’est aussi grave. D’ailleurs. Mais ça, je vais l’écrire. Ça date du temps où. Rien que ça. Ce que c’est. Des visites. On entrerait par l’arrière. Dans la cour. Les bêtes. Se retrouver. Une sorte d’ultime réunion de famille. On papillonne des yeux. Et dans un coin. Un tas. Le regard de quelques bêtes. Immobiles. Clouées au sol. Les piquer. Pour les faire avancer. Le couloir de la mort. C’est étroit. Place que pour un seul. Chaque côté du mur. Plus vite. Affolés. Une chair blanche. Tendre. Et voilà. Dans le couloir. Courir. Pour la première et la dernière fois. Contre les murs. L’unique effort. Dans le couloir. Les yeux brillent. Lueur unique. Au bout du tunnel. Jusque là. L’endroit où. C’est la fin. Dans leurs yeux. Observer.
Dans un sens, ça facilite les choses. Pas besoin d’écrire. Je n’ai rien à dire. Rien à créer même. Je ne sais pas pourquoi. Les histoires. Passer la nuit entière. Rien à dire. Où est le problème ? On suit une ligne droite. Une voiture invisible. Personne ne peut montrer du doigt. Personne n’a rien vu. Suivre la trace. La trace. Toujours la trace. De plus en plus difficile à suivre. Ça ne fait rien. On continue. Cette sorte d’obsession. Sans pensée. On va droit devant soi. Sans hésiter. Sans jamais changer d’avis. On est propre. Léger. Pour que ça n’arrive jamais.
Jamais vu ça. Les journaux c’est pareil. Un truc hybride. Mais c’est touchant. Fragile. C’est drôle. Quelque chose de bien à raconter. Un titre correct. Ce qui va attiser l’œil. Ceux qui abandonnent. Ce genre de chose.
Un endroit où vous avez l’habitude d’aller. Un grand jour, décidément. Tout compte fait. Plus tard.
L’habitude de deviner. Discrètement. Ses yeux, noirs. L’impression d’être regardé. Comme toujours. Je me vois comme je suis. Une manière de regarder. Ce qui m’excite et me fait peur. Dans mon rêve.
J’ai parlé. Un point d’ancrage. Un peu de temps pour imaginer. Chez nous par hasard. Le seul souvenir. Chez moi. Regarder la télé.
On n’abandonne pas. Dormir dehors. Empoisonner son monde. Je ne sais pas. Imaginer l’histoire. Plus difficile que de s’inventer une vie. Quelqu’un d’autre. Pas connu. Voilà sans doute pourquoi. Retrouver ce qu’il a pu vivre. Juste avant.
Il souriait. À revers. Bouche ouverte. Comme il est dit. Je me souviens de ce mot. Dans l’air pur. Écrire. Je me suis tu. J’avais tout dit. Toujours des images dans la tête. Un éclair. Les détails. Ce qui m’entourait. Cette lumière comme du lait. Tout le paysage. À travers un nuage de pollen. Ce blanc doux. Transparent. Cette lumière. Cette lumière de nulle part. Je me souviens. Je n’ai pas eu le temps de lui demander ce qu’il faisait. Il a traversé. Je devais regarder ailleurs. Un miracle.
Je voyais tout. Plus besoin de m’inventer des images. Penser à rien. Quelque chose de différent. Le bout de son jardin.
Une vision pour elle. Impossible d’en douter. Il faudrait que ça dure plus longtemps. Cette lumière tous les jours.
Texte écrit à partir de l’atelier d’écriture en ligne proposé par Laura Vasquez : Écrire une voix avec Samuel Beckett (Cap au pire, traduction Édith Fournier).
La sculpture de Louise Bourgeois, No exit est inspirée d’un souvenir d’enfance, lorsque Louise Bourgeois se cachait sous les escaliers pour espionner son père. Il s’agit d’une cellule représentée par les panneaux métalliques qui entourent un escalier en bois très raide s’élevant presque jusqu’au sommet du panneau. À l’entrée de l’escalier, deux boules jaunes. La cellule est ouverte, sans toit, ni même de fermeture, qui n’aboutit à rien, mais nous avons tout de même une impression d’enfermement renforcé par les deux boules qui semblent obstruer l’entrée. On hésite d’ailleurs à pénétrer à l’arrière de l’escalier qui parait absurde, puisqu’il mène nulle part. Pas d’issue comme l’indique le titre de l’œuvre : No exit. L’artiste a suspendu dans une cache sous l’escalier, deux cœurs en caoutchouc. Nous sommes condamnés comme Sisyphe à rouler une pierre à un sommet qui dévale aussitôt et l’oblige à recommencer de nouveau. Sans issue de secours, porte de sortie. Nous sommes emprisonnés dans nos souvenirs, nos secrets, notre passé et ne pouvons pas en sortir.