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Récit poétique à partir d’images créés par procuration

Créer à partir de textes des images conçues par le biais de l’artefact génératif DALL-E, écrire un texte en regard de ces images.


Anima Sola #8

Dans la nuit, je me dédouble. J’agis sous le poids d’innombrables fatigues. L’abandon de certaines charges inutiles. Je ne peux pas avancer sans cela. Les lumières et les ombres accompagnent mon trajet. Main dans la main. Un miroir invisible. Personne ne me regarde comme toi. Je regarde le ciel sans nuages, haut à donner le vertige. Dans la ville, la nuit tout s’arrête à un détail près. La lumière émane de l’intérieur des véhicules, derrière les fenêtres. On devine les ombres des habitants. que se passe-t-il à l’intérieur ? On s’y projette faute de pouvoir y être. On imagine les scènes de ménage, les tensions entre les couples, les enfants qui se chamaillent, leurs cris agaçant, perçant les tympans. Les couples qui se cherchent, ceux qui se caressent comme on se gifle. Les absences, les prétextes, les aveux, les heurts. Une voiture s’arrête brusquement au milieu de la route, phares allumés. Un homme sort du véhicule, debout devant la porte ouverte, main sur le capot. À l’affût. Ce n’est pas le conducteur. Il cherche quelqu’un du regard. Un rendez-vous. Une menace soudaine. Heureusement il ne me voit pas. Le moteur de la voiture tourne encore. Son ronronnement. Sur le qui-vive. Je prolonge mon air inexpressif, avec une douceur opaque et flottante de pierre ponce. Je ne veux pas me faire remarquer. Je reste immobile. Je suis une ombre dans la pénombre. Noir sur noir pour ne pas attirer l’attention. Je cherche à échapper à la fascination des autres regards. Dans la discrétion des rues désertes. Leur abris précaires. Je l’accompagne, il ne s’en faut plus de beaucoup. Et soudain tout s’embrase sans savoir d’où cela vient. Des cris au loin. Des bruits de pas résonnent dans l’espace nocturne. Les ombres fuyantes s’affairent, glissent sur les parois des immeubles. Les silhouettes s’effacent aussi vite qu’elles apparaissent. Des groupes se forment. Les immeubles se vident et tout le monde se retrouve dehors. Les premières sirènes de police retentissent. Les voitures prennent feu. Les ombres s’enflamment. Le jour en pleine nuit. Des monstres jaillissent dans les flammes. On pourrait rester des heures à les regarder. Au cœur de la révolte. Le soulèvement de la ville. Brûler pour effacer ce qui dérange, ce qui dépasse, ce qui provoque, pour éliminer toutes les traces. Soulager un temps la colère, adoucir le ressentiment. Des années de mépris, de harcèlement quotidien, la haine tenace. À la fin il reste toujours la carcasse calcinée d’un véhicule, d’un abribus, d’une poubelle dont la forme des polymères agglutinés au sol dans le noir de fumée a quelque chose d’indécent. Tout ne peut pas disparaître. A l’aube la violence des combats transparaît dans les débris et les ruines de la ville. Je me souviens des feux de cet été qui ont dévasté des forêts entières de chênes verts et d’oliviers. Chaque brindille, chaque herbe sèche, chaque parcelle de terrain, saturées de chaleur, frôlant régulièrement le point de combustion. Une étincelle suffisait pour tout faire flamber. Le feu s’était approché de la ville jusqu’à menacer les premières habitations à la périphérie. Je ne veux plus y penser. Je m’occupe étrangère aux sensations de l’extérieur. C’est toujours le même rituel. Ce n’est peut-être pas lié à ma solitude. Non, ça n’a rien à voir. J’allume un contre-feu. Je doute de revenir vers la ville connue. Au matin, je suis de retour à la maison. Je me retrouve. Je veux un dénouement aimable, une raison de rire. Personne ne te regarde comme moi.

« Nos souvenirs peuvent également être influencés par des messages ou des phrases que nous recevons d’autres personnes. Par exemple, en demandant à une personne « Quelle était la nuance de rouge de cette voiture ? », nous lui fournissons implicitement un "fait" supposé, à savoir que la voiture était rouge alors qu’elle ne l’était pas. Cela peut générer de faux souvenirs et est appelé présupposition. »

GPT and Human Psychology : Analogies with Human Thinking and Reasoning, Maarten Grootendorst.


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