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La jeune photographie européenne

Dédié à la diversité photographique européenne, le festival Circulation(s) organisé par l’association Fetart au 104 à Paris dans le 19ème, a pour vocation de faire émerger les talents. Tremplin pour les jeunes photographes, laboratoire prospectif et innovant de la créativité contemporaine, ce festival original et ambitieux, occupe une place particulière dans le paysage photographique français et européen.



Voici une sélection des artistes qui m’ont le plus marqué lors de ma visite de l’exposition au 104 :

Kwei Yih est un projet qui est enracinée de l’expérience personnelle de l’artiste. Après des années d’une vie itinérante loin de son pays natal, Zhen Shi est tombée dans un état d’anxiété et d’impuissance, et désirait retrouver ce sentiment d’appartenance perdu. Un sentiment complexe, où nostalgie et mal du pays se mêlent pour devenir bonheur ; où son pays natal reste pour toujours au fond de son cœur, paisiblement.

CINÉMA : histoires domestiques est une série de collages pensés comme des variations. Chaque collage est réalisé à partir d’une photographie familiale anonyme que l’artiste démultiplie, découpe, peint, et assemble pour composer une nouvelle structure. Dans cette recherche, Édouard Taufenbach s’intéresse à la dimension fictionnelle des photographies vernaculaires familiales. Par de subtiles variations de recadrage d’un même cliché au sein de chaque structure, le regard de l’observateur se déplace et découvre la photographie en même temps qu’il en écrit l’histoire. Mémoire et fiction se mêlent dans la perception de ces objets hybrides, naviguant ainsi entre témoignage et imaginaire.



Inspirée par l’histoire d’une amie d’enfance, cette série aborde les parcours et expériences de réfugiés érythréens au Royaume-Uni. Histoires fragmentées, les cartes retraçant les trajets des réfugiés, brodées sur les portraits flous, deviennent le schéma directeur de ce corpus dont le but est d’alerter sur la réalité de la traite des personnes, ainsi que de mettre en lumière la diversité des expériences et difficultés auxquelles les nourrices d’Aida Silvestri ont fait face. Le titre de sa série, Even This Will Pass, fait écho à un message trouvé sur les murs du Mont Sinaï.

Objets Autonomes (Notre-Dames-des-Landes) a été réalisé sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes par Louis Matton entre 2012 et 2015. Les objets et sculptures fabriqués in-situ, peuplant l’espace aux côtés des habitants, signalent leur territoire. Produits et utilisés pour vivre en autonomie, pour répondre aux harcèlements des forces militaires, ils constituent un témoignage sur des savoirs faire artisanaux singuliers  ; s’y mêlent créativité et contestation. À la manière d’un anti-manuel de scouts, l’ensemble photographique concentre différents moyens concrets de reprendre en mains l’existence matérielle et territoriale de nos vies et en dévoilant la plastique de cette matière d’expression, tente d’élaborer une nouvelle cartographie de la zone.

En dispersant les cendres de son grand-père sur du papier photographique, tel un photogramme, Alan Knox a vu apparaître une image de l’univers. A travers celle ci, tout un chacun peut remonter jusqu’au Big Bang, connectant ainsi les morts avec l’origine de la vie. De ces cendres projetées émerge un trou noir, symbole du vide laissé par l’absence d’autrui. L’utilisation de la macro photographie pour immortaliser des fragments de la dépouille de son grand-père permet à Alan Knox de donner à voir les éléments constitutifs de l’univers entier.

Ce projet de Weronika Gęsicka s’organise autour de photographies vintage achetées sur des banques d’images. Elles représentent des scènes de familles, de la vie quotidienne et des souvenirs de vacances. Il est difficile de savoir si ces prises de vues ont été réalisées sur le vif ou si elles sont entièrement mises en scène. Nous ne savons rien des liens réels qui unissent les individus photographiés : sont-ils des acteurs jouant aux familles heureuses ou des anonymes dont les clichés ont été mis en vente ? Les situations photographiées sont sorties de leur contexte initial ; la vision de ces souvenirs se transforme et finit par se troubler complètement.

Durant le soi-disant miracle économique des années 1960, les pouvoirs culturels et politiques italiens ont mis en place une transformation profonde des territoires et traditions au nom du progrès. Cette démarche devait être accompagnée par le développement de nouvelles routes, de nouvelles industries et devait assurer une nouvelle identité à la Calabre. Cette région est un lieu où le challenge de la modernité a progressivement oppressé les hommes et les paysages naturels. In quarta persona est une recherche multimédia de Martin Errichiello et Filippo Menichetti à propos de cette transformation géopolitique survenue au cours des cinquante dernières années et tiraillée entre utopie et trahison.


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