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Récit poétique à partir d’images créés par procuration

Créer à partir de textes des images conçues par le biais de l’artefact génératif DALL-E, écrire un texte en regard de ces images.


Anima Sola #9

Encore une journée qui touche à sa fin. Cet effondrement est aussi soudain qu’effrayant. Certains jours en ville s’écoulent sur moi sans laisser le moindre impact. Dans la foule des passants. Je devine un amoncellement de volumes informes. Les formes et les couleurs. J’imagine un jeu ridicule et monstrueux. Le temps prend un aspect un peu trouble, irréel. Mon corps transporté avec la fluidité d’un rêve. De lourds orages d’été dehors. Certaines heures de la nuit la mort semble une évidence, elle se présente comme la seule issue possible. Dans la multiplicité de ses points de vue. J’explique les faibles gémissements avec les murmures de consolation. Une contraction agréable dans ma poitrine. Une sensation familière, une sensation diffuse qui revient trop facilement. L’air parait flou, brumeux. Une ombre au milieu des ombres, sur un mur entre les feuilles des arbres. C’est un appel, un signe à déchiffrer. Entrer dans le cercle de lumière, traverser les arbres et les arbustes. Les bruits de l’herbe sous mes pas. Les ronces freinent l’avancée, leurs griffes me retiennent en vain. Je pourrais m’égarer, faire un faux pas. Plus j’avance plus la pénombre me recouvre, quelques filaments de lumière irisent les tiges des branches au ras du sol, des feuilles des arbustes. Tout autour de moi est plongé dans l’obscurité. Mes pensées se ramifient comme les branches des arbres à l’infini, jusqu’aux étoiles. La trajectoire épuisante des insectes muets dans la lumière. Des boucles entrelacées à l’infini. La forme d’un grésillement blanc dans mon champ de vision, avec une impatience plus forte que prévue. Je vais au-delà de la peur, au-delà de la fuite en pleine nuit. Les nerfs à fleur de peau, avec toutes leurs liaisons. Je n’ai rien à craindre, cependant. Pas ici, en tout cas. Pas à cet instant. Je confonds les restes de la nuit et des rêves. C’est ce qui me permet d’avancer sans crainte. Ces fragiles filaments s’effilochent dans l’obscurité. Je pleure le manque de soleil et d’air. Mes pensées ressemblent à des synapses électriques. Si je pouvais voir à l’intérieur de mon cerveau lorsque je réfléchis, que j’examine une question cruciale, que je pense à ceux qui ont disparu, ce que j’oublie, c’est ce que je verrais. Tout s’illumine en moi. Une idée. Limpide et laiteuse, la lumière se répand doucement dans l’exiguïté de la pièce comme si elle avait toujours été présente dans le noir, sous la couche de la surface. Je deviens transparente laissant en-dessous une nouvelle couche. J’attends ce moment, chaque jour, comme une résurrection, une révélation, en toute sérénité, avec une étrange assurance.

« La certitude que tout est écrit nous annule ou fait de nous des fantômes. »

Jorge Luis Borges, La Bibliothèque de Babel, in Fictions, Gallimard


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