Créer à partir de textes des images conçues par le biais de l’artefact génératif DALL-E, écrire un texte en regard de ces images.
Anima Sola #4
Je traverse la fatigue et le silence. Ce sera bientôt la fin. La nuit blesse autant qu’elle soigne. Je braque ma lampe de poche dans toutes les directions. Le faisceau balaie de sa lumière rectiligne l’espace autour de moi. Le jour tarde à venir. Mon ombre se profile derrière la vitre. De face je ne ressemble à rien. Les ombres se transforment lentement dans l’obscurité. Elles s’étirent comme en plein jour. Elles dessinent des formes étranges. Il y a des fleurs en bouquet, des mains jointes aux multiples doigts, des ailes de papillon, des feuilles accolées contre une vitre, des corps enlacés, des bouches qui s’embrassent. Je pense que tout est terriblement immobile, mais fuyant et insaisissable. Je ressens ce qui m’entoure avec une effrayante intensité. J’entrevois le vertige qui rampe. Le lierre s’agrippe à l’écorce de l’arbre. Ses crampons s’accrochent à sa surface rugueuse. Le lierre est une liane. Il se développe différemment en fonction de son support. C’est une ligne qui parfois me traverse. Je voudrais lui ressembler, je voudrais m’attacher à lui. Tout m’échappe et je ne contrôle plus rien. Parfois c’est dans l’ordinaire que se cache l’extraordinaire. Un train peut en cacher un autre. J’entends comme une rafale de silence, puis les clameurs remontent contre la nuit. J’ai l’impression d’être déjà venue dans cet endroit. C’est un point de départ. Le lieu me semble familier. Dans le noir de la nuit. J’agis dans l’obscurité parce qu’y on entend mieux. Les bruits s’atténuent, ils se concentrent en eux-mêmes. Dans la brume épaisse et grise qui s’insinue partout dans tous les espaces, le moindre recoin, et les recouvre tel un voile de tulle qui s’envole. Je ne sais même pas ce que j’observe, où regarder ce qu’on me montre, ce qui se passe. Nous ne savons même plus interpréter ce que nous vivons. Je fais tout mon possible pourtant, mais ce n’est pas suffisant. C’est ce que tu me répètes. Je poursuis le bilan des petits événements et des espoirs. Les lignes ne forment plus de frontières. Je longe le quai en essayant de ne pas tomber. Dans la nuit difficile d’avancer, d’ouvrir le chemin. Les trains sont à l’arrêt. Je me demande depuis combien de temps ils sont là, sans bouger. J’oublie le mauvais sommeil de la nuit, ce vertige curieux, transparent. La largeur d’un fossé n’est plus un danger, tous les bords extrêmes ne sont plus des bords. J’observe le visage d’une personne aimée en imaginant son contraire. Le reflet d’un arbre dans une flaque. Un nuage qui s’ouvre en deux comme un livre. Des volets en bois à demi fermés pour préserver la fraicheur à l’intérieur de la pièce. Des pierres accrochées en l’air au bout de tiges métalliques. Dans toutes ces formes le même dessein, une architecture secrète, une ligne de force, un cheminement intérieur, un signe distinctif. On met du temps à comprendre ce que cette dérive déclenche en nous. Le chemin est long avant d’arriver à destination. Le sens nous échappe longuement, à sa poursuite. La pelote se dévide sans qu’on puisse l’arrêter. C’est vertigineux, logique et hiérarchisé, la complexité d’une arborescence dont la forme ramifiée des informations, rappelle l’arbre et ses branches. Je parle à voix haute, presque sans entendre. Personne alentour pour m’écouter. Je peux continuer sans gêne. Les mots que je prononce s’enchaînent sans lien apparent. Leur construction se développe en dehors de moi. Peu importe combien les phrases continuent de parler, la fatigue reste silencieuse. J’entre dans une nouvelle dimension.
« Nous changeons de qualité d’images par leur quantité. C’est qu’on utilise toutes les images du monde, les photographies et les films, pour générer des images qui ne sont pas vraiment de ce monde, qui sont moins l’empreinte d’une lumière, que le rayonnement de multiples lumières ou l’empreinte d’une prétendue réalité se perd dans la production de mondes possibles. C’est comme si nous revenions, après un long détour par le réalisme cinématographique et photographique, à une image qui n’est pas l’empreinte d’une réalité préexistante, mais l’imprégnation d’un processus artistique. »