Dans le miroir c’est dimanche, un chemin cahoteux à travers champs, le bruit d’une rivière dans la chaleur de l’été, rouler à vélo sans les mains, le vent frais sur le visage, les yeux lourds plein de fatigue qu’on se force à maintenir ouverts pour ne pas aller dormir, sur les murs les ombres des arbres qui dansent, les pas sur la neige, l’odeur de la glycine, la chaleur d’une tasse café, le temps suspendu de la lecture, dans la rue déserte à cause de la chaleur les bruits des intérieurs, conversations à battons rompus, sons lointains de radio ou de télé, un chien aboie, un enfant pleure, une pelouse recouverte de marguerites, une tache de vin sur la robe d’une jeune fille, des enfants qui jouent dans la cours de récréation, une bataille de boule de neige, l’automne et le bruit de ses feuilles sous mes pas, un baiser dans le cou, un terrain de tennis abandonné, les herbes folles poussent sur les lignes de fond de court, un plan de la ville, sur une vieille carte postale une croix pour indiquer la chambre de l’hôtel de cet été là, la sensation de tomber dans les pommes, perdre connaissance, les allées d’un cimetière envahies de mauvais herbes et de chats, le vent dans les arbres, une pluie de fleurs de marronniers, deux verres qui tintent par hasard, le reflet d’un immeuble dans une flaque, les lumières qui s’éteignent dans une salle de cinéma, un hameau en ruine dans la montagne, une feuille qui tombe de l’arbre dans le ralenti de son balancement, retrouver dans le visage sur les photographies de l’album de famille les traits de son père, une pile de livres à lire, les formes des nuages dans le ciel et leur inventaire infini, la musique de Bach et de Mingus, la silhouette d’une femme, il est temps que le temps advienne, fermer les yeux.