Créer à partir de textes des images conçues par le biais de l’artefact génératif DALL-E, écrire un texte en regard de ces images.
Anima Sola #14
Je marche, je sens que c’est ça le monde. Je reste en retrait. J’entends le bruit d’une porte qui se referme derrière moi. Je sursaute La sensation de l’air tiède sur ma peau. La vue d’un nuage solitaire dérivant dans le ciel. Le bruit des pas d’une amie qui s’éloigne. La vue d’un oiseau volant dans le ciel. Le fracas de la porte d’entrée qui se referme derrière moi. Un étrange sentiment de soulagement. Le bruit monocorde des voitures dans les rues. Je ne sais pas pourquoi cela me rappelle bruit des vagues sur le rivage. Les flammes d’un feu de camp dans les dunes. La sensation de la brise fraîche sur mon visage alors que je regarde le soleil se coucher. Le vent dans mes cheveux alors que je m’éloigne de la fête. La vue des étoiles qui scintillent dans le ciel. Le son des rires et de la musique qui s’éloignent. Le goût d’une bière fraîche par une journée chaude. Toutes ces sensations sont tellement décalées avec ce que je traverse, ce que vis en ce moment, ce que je vois dans la rue. C’est un début de fuite, un semblant de liberté. Je ne sais pas comment le nommer. Je suis ailleurs. Je me reflète en dehors de la réalité. Sans cela j’entends tout avec une telle acuité, une telle précision, s’en est douloureux. Cela m’agresse. Je me sens prisonnière, enfermée. Le bruit des freins qui crissent contre les rails du métro. L’odeur de la sueur. L’impression d’être bousculée par les autres passagers, leur indifférence crasse. La surprise d’être serrée entre les gens. Sans pouvoir respirer. Le moindre geste pourrait être mal interprété. Une caresse à la place d’un frôlement involontaire. Un appel, l’esquisse d’un geste complice dans la promiscuité du lieu. La vue de graffitis et de publicités sur les murs aveugles. L’odeur désagréable d’urine et de renfermé, l’air vicié. Le bruit des freins qui crissent et les annonces impromptues par haut-parleur. Le bruit des conversations sur le quai des personnes qui parlent fort avec leurs voisins pour se faire entendre dans ce lieu clos à l’acoustique imparfaite. L’odeur de métal chaud. Les personnes qui lisent, dorment ou regardent dans le vide. Tout tenter pour ne pas croiser leur regard. Je raconte pour fuir le dénouement habituel. Je réside dans la chambre d’à côté. Dans ce perpétuel décalage. Les conversations des personnes qui discutent au téléphone. Les gens qui s’entassent peu à peu en attendant l’arrivée de la prochaine rame. Avant même qu’elle arrive, cette sensation de balancement du wagon lorsqu’il se déplace dans les tunnels. Je me tiens en équilibre sur le quai. De l’autre côté il y a cet homme qui m’observe. Je ne le remarque que maintenant. Il sourit dans le vague. Je voudrais tant que son sourire me soit adressé. Quand le métro finit par entrer en gare, mes cheveux volent au vent, me caressent le visage. Dans l’air ainsi léger, je voudrais m’envoler. Je contemple les trous noirs que j’ai à la place des yeux. Je monte me reposer d’abord. Les portes finissent par se refermer dans un bruit métallique. Je m’éclipse comme ces étoiles qui éclatent en mille morceaux. Je vois l’homme qui souriait sur le quai d’en face, désormais assis en face de moi. Je me défends de sa terreur, de sa grâce haletante. Il ne dit rien. Il continue de sourire. Je crois qu’à mon tour j’esquisse un sourire lorsque je m’aperçois qu’il n’a pas quitté le quai et que le métro s’éloigne. Notre rendez-vous raté.
« Une machine qui génère un texte “en son cœur” nous intrigue et parfois nous effraie. Car chez l’homme, le cœur accueille - ne serait-ce que métaphoriquement - la flamme de la vie. Un cœur calculant a besoin d’un environnement froid afin d’évacuer la chaleur qui émane, au sens thermodynamique, des processus physiques sous-jacents au calcul. Pourtant, dans le labyrinthe tiède où s’entrelacent leurs verbes, ces deux cœurs papillonnent côte à côte. »
Parole de machines, Alexei Grinbaum, humenSciences