Aucun de ces hommes, assis dans son box de travail, derrière l’écran de son ordinateur, ne semble remarquer la présence incongrue de son voisin. Un homme s’approche d’eux pour leur ajouter une pile dans le dos, il nous fait ainsi remarquer qu’ils sont tous identiques.
Un homme à tête de pigeon, à l’air heureux, il a pourtant les poignets entravés par des menottes, poings serrés mais le sourire aux lèvres, au bec en fait. Sur son front un troisième œil est apparu, œil intérieur, œil de l’âme, qui est celui de la connaissance de soi.
Il éloigne le masque d’oiseau qu’il portait sur son visage. L’élastique qui le maintenait sur sa tête se tend. La figure qu’il découvre ainsi ressemble au masque qui le recouvrait : tête d’oiseau. Bas les masques ! Je ne me laisserai pas endormir dans ma cité-dortoir.
Deux hommes faméliques, allongés, tête-bêche, l’air hagard, tels des gisants avec leurs yeux exorbités. La calotte crânienne enlevée, une tige à la place du cerveau comme la borne d’une pile qui vient se ficher dans le crâne de son vis-à-vis. Arrêtons de s’espionner.
Les yeux du crocodile, ses oreilles et ses narines, sont placés d’habitude très haut sur son crâne, ce qui lui permet de voir, de respirer et d’entendre ce qui se passe autour de lui, là sa gueule est transformée en main dont les doigts comptent des pièces de monnaie.
Un homme à tête de pigeon, à genoux, poings serrés le long du corps, l’œil au loin, nous tourne le dos. Il ne se rend pas compte que dans la béance de son dos, deux mains géantes armées de pinces coupantes sont en train d’inciser les fils qui le faisaient fonctionner.
Il montre du doigt son voisin à la tête carré, qui désigne son voisin de la même manière. Ils portent tous le même vêtement, ils se ressemblent tous, similaires, copie conforme. Le dernier de la chaîne dénonce le seul qui est différent d’eux avec sa tête triangulaire.
Dans le ventre de cette femme, enceinte, future mère, on aperçoit son enfant comme à l’échographie. En position fœtale, le cordon ombilical le reliant à sa mère, les jambes repliées sur sa poitrine, genoux près du cœur, il porte sa main à son oreille et il téléphone !
La tête décapitée d’un homme à travers laquelle on peut voir ce qui se passe en lui, tête en coupe qui nous montre l’intérieur de son esprit, les pensées qui l’envahissent. Une foule d’hommes tous semblables, pressés, les poings serrés, qui se battent et se débattent.
Le Minotaure est un monstre fabuleux, corps d’homme, tête de taureau. Enfermé dans le labyrinthe construit par Dédale, dans un enchevêtrement de méandres, impossible de trouver la sortie. Ici, prisonnier des fils de manette de jeux vidéo autour de son cou, il se pend.