Au fond de l’inconnu
Je suis parti me promener le long du Canal de Saint-Denis. J’avais prévu d’utiliser un Vélib pour filmer des plans à vélo. Mais dans les stations croisées sur mon chemin, les rares vélos disponibles ne fonctionnaient pas. À chaque fois que je posais sur la borne la carte que m’a laissé Caroline pendant son séjour en Corse, la même (...)
Principe d’équivalence
Dans la salle à manger, Alice a déposé l’ensemble des cartons de son déménagement. Ses affaires, livres, vêtements, bibelots, vaisselles, tiennent dans des sacs, des cartons de différentes tailles, installés sur des chariots, des diables ou à même le sol. Un amoncellement qui recouvre l’espace du salon devant la bibliothèque basse, (...)
Le point aveugle
Dans un pays étranger, en plein hiver la nuit, traqué par des personnes, trois hommes, une femme, qui m’empêchent de prendre les photos que je souhaite sur mon parcours. Je ne réussis pas à photographier par exemple la gare dans laquelle je me suis réfugié pour leur échapper, la verrière qui se reflète au sol sur une immense flaque (...)
Tomber des nues
Je n’ai pas vu tout de suite le lien entre les deux événements. Dans l’entrée de notre immeuble ce sachet beige ramolli aux allures disgracieuses d’un préservatif usagé, scotché sur le montant métallique des boîtes aux lettres, avec ce mot écrit à la main qui l’accompagne, des voisins se plaignant que des importuns jettent tout et (...)
Chaque mois, un film regroupant l’ensemble des images prises au fil des jours, le mois précédent, et le texte qui s’écrit en creux.
« Une sorte de palimpseste, dans lequel doivent transparaître les traces - ténues mais non déchiffrables - de l’écriture “préalable” ».
Jorge Luis Borges, Fictions
Il n’y aura pas de journal ce mois-ci. Les images que (...)
Staying alive
Un endroit banal dans Berlin que le film Ondine de Christian Petzold rend particulier, surprenant, c’est le lieu de rendez-vous où les personnages se retrouvent, se perdent de vue, se font des promesses, des adieux, se menace d’y mourir, de partir ou de revenir, un lieu chargé de ces gestes traversés par des émotions qui n’existent (...)
Bonheur insigne de reconnaître
Dans la rue des Vinaigriers, nous passons devant une large porte fermée derrière laquelle se profile une cour typique du quartier, envahie de plantes vertes rétrécissant le passage en forme de couloir jusqu’au bout qui s’ouvre sur une placette, dans cette perspective fuyante. Je l’indique à Caroline qui ne l’avait pas (...)
L’envers se laisse deviner
Dans le parc des Buttes Chaumont, un vieil homme portant des lunettes de soleil et s’aidant d’une canne pour marcher, s’est arrêté sur le bord du chemin pour couper les fleurs blanches d’un arbuste. Il les secoue avant de les dissimuler dans la poche intérieur de sa veste. Avec Caroline nous le regardons faire. À notre (...)
La fin est au bout de l’histoire
C’est ce qui se passe derrière les yeux, plutôt que devant les yeux. La mémoire, les souvenirs, la confusion. Sans commencement ni fin. Un couple se retrouve dans un hôtel d’Évreux pour le prononcé du jugement de leur divorce. Ils ne s’étaient pas revus depuis leur séparation, ils ne se sont pas parlés depuis très (...)
Le monde tourne sans nous
Après avoir choisi le meilleur emplacement en ville, un point de vue sans vis-à-vis, ni immeuble ni arbre, pour enregistrer le lent défilement des nuages dans le ciel, se rendre compte que finalement on ne regarde que très peu le ciel. Assis sur un banc, sur une placette adossée au mur aveugle d’un immeuble, ce qui attire (...)