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ici toujours présent

La Piscine c’est une magnifique revue graphique et littéraire, un projet éditorial dirigé par Louise Imagine, Christophe Sanchez, Alain Mouton et Philippe Castelneau.

La Piscine est une revue qui se présente sous la forme d’un diptyque, un côté couleur, un autre en noir et blanc, et se lit tête-bêche.

La maquette de la revue est très élégante, l’impression soignée. Le choix des textes, photographies, et dessins, très harmonieux. Le projet est ambitieux, il s’agit de promouvoir et diffuser la création contemporaine dans une publication à la fois belle et exigeante, qui réunit des auteurs et des artistes variés, d’horizons divers, certains connus, d’autres un peu moins.

Le numéro trois sur le thème L’éternel & l’éphémère est en vente en ligne.

Faire entendre ce que l’instant changeant contient d’infini. Montrer l’immuable dans le périssable et le précaire. Résoudre, en quelque sorte, une équation impossible, mais dont la poésie contient pourtant la solution. Seulement, il faut aller creuser le visible pour espérer en tirer quelque chose qui transcende et l’époque et l’objet. Interpréter le quotidien, et faire surgir la vérité cachée derrière les fioritures. S’attacher à décrire un lieu, une chose, une situation anodine, jusqu’à lui donner valeur d’universel. Révéler les conjonctions aléatoires dans le paysage.
En photographie, le noir et blanc est l’outil qui permet peut-être le mieux de dépasser le réel, et c’est la seule contrainte que nous avons donnée aux contributeurs d’œuvres graphiques. Placé sous le signe de deux auteurs de l’OuLiPo, il en fallait au moins une à notre thème.

Voici le texte que j’ai écrit pour ce numéro de la revue : ici toujours présent

Des pas sur la neige.
Les gouttes de pluie sur la vitre d’une fenêtre.
L’ouverture d’un paquet de café sous-vide.
Le grésillement d’une ampoule qui va s’éteindre.
Un baiser dans le cou.
Une craie crisse sur le tableau noir.
La page d’un livre qu’on tourne à la fin d’un chapitre.
Le téléphone qui sonne dans un appartement vide.
Les trois coups du brigadier avant le lever de rideau au théâtre.
Les dents qui s’entrechoquent accidentellement contre un verre.
Le crépitement d’un flash de photographe à l’ancienne.
Le grésillement d’une cigarette qui se consume.
Une respiration haletante.
Le silence entre l’éclair dans le ciel noir de la nuit d’orage et l’explosion du tonnerre
quelques secondes plus tard.
La pellicule d’un film Super 8 dont la bobine tourne à vide à la fin de la projection.
Un ballon que l’on fait rebondir au sol en jonglant.
Les touches d’un clavier d’ordinateur lorsqu’on tape un texte.
Les impulsions électriques d’un modem.
Les cloches d’une église provenant d’un village lointain.
Les freins d’un train qui s’arrête en gare.
Les fines bulles d’un Champagne frais.
Le trafic constant sur une route éloignée.
L’écho de sa voix dans une vallée de montagne.
Marcher sur un chemin en gravier.
Faire couler le sable d’une plage entre ses doigts.
La brosse qui coiffe les longs cheveux d’une femme.
Une caresse le long d’une jambe portant des bas en nylon.
Le vaporisateur d’un parfum capiteux.
Le ronflement du moteur du réfrigérateur dans une cuisine silencieuse.
Les cris d’enfants dans une cour de récréation.
Les gémissements d’un couple qui fait l’amour fenêtre ouverte.
Les sirènes d’une ambulance en ville.
Les feuilles mortes en tas que le vent soulève.
Le pinceau d’un peintre sur le mur.
Un coup de dés qui roulent sur le feutre d’un plateau de jeu.
Un parapluie qui s’ouvre et se ferme.
Le bourdonnement d’une abeille.
Le criquet qui stridule dans une après-midi caniculaire.
Le bruit du vent dans les feuilles.
La clameur d’un stade.
Le stylo plume qui glisse sur la feuille de papier.
Les gouttes d’eau d’un robinet qui fuit et tombent sur l‘émail du lavabo.
Au loin, des chiens qui aboient.
Le tic-tac d’une horloge comtoise animée par un mouvement pendule à balancier mû par
le mécanisme horloge.
De temps en temps, le passage d’une voiture au loin sur une route détrempée.
Les cloches d’un temple au Japon.
Un avion volant haut dans le ciel.
La sirène d’un bateau au moment du départ.
Le ronron d’une machine à laver.
Un soupir d’aise.

La mise en page du texte dans la revue :


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