À Berlin, on connaît avec précision le nombre des arbres dans les rues de la ville, les services administratifs de la capitale allemande comptabilisent en effet avec soin et dressent régulièrement la liste de cet étonnant inventaire consultable sur Internet. En décembre 2011 il y en avait 435 680. Les essences des arbres sont variées, tilleuls, érables, platanes, chênes, châtaigniers, bouleaux et des robiniers. « Les arbres sont inventoriés, raconte Catherine Ricoul, sur son Carnets de Berlin. Il y a quelque part, le Grand Livre des Comptes, le Livre des Arbres de Berlin. Partout, dans le grand parc de Treptow, dans celui plus petit de Görtlitz, le long de chemins, un numéro d’identification est cloué sur leur tronc. Un arbre ici n’est jamais inconnu, il a ses papiers comme tout le monde et se plie au recensement, accepte son sort quand le préposé aux écritures du Grand Livre fait une petite croix rouge en face de son numéro… »
« À Kreuzberg, il y a en moyenne 89 arbres dans chaque rue, soit un arbre tous les onze mètres ; à Charlottenburg c’est même tous les neuf mètres, peut-on lire dans cet article Berlin, ville verte, de Martina Wimmer. Presque tous les visiteurs qui viennent à Berlin entre avril et octobre s’exclament : « Comme c’est vert ici ! », et les habitants de Berlin savent que cette phrase contribue beaucoup plus au bien-être que l’on ressent en y vivant que la vie nocturne, l’art, la mode et tout ce qui fait la renommée de la ville. »
Tiergarten, cœur et poumon de la ville, vaste espace de bois et de prairies, traversé par des chemins de randonnée, est le second des 3300 espaces verts publics de Berlin. Juste devant lui, le terrain désaffecté de l’ancien aéroport de Tempelhof, immense surface au centre de la ville que l’on a laissé à la disposition des habitants et des visiteurs qui l’utilisent comme terrain de jeu, lieu de promenades, de pratiques sportives ou associatives, zone de détente, de loisirs et de fête, la semaine comme le week-end.
Chaque quartier a son bois, sa pelouse, son espace vert. Parcs et jardins traditionnels comme ceux de Tiergarten ou de Charlottenbirg, jardins de quartier comme Görlitzer à Kreuzberg, Parc Monbijou, et le Mauerpark à Prenzlauer Berg, ou bien encore les sinueuses berges du canal Landwehr, les exemples sont nombreux et variés à Berlin.
Ces espaces verts sont de magnifiques lieux où lire où écrire, pour reprendre le terme d’Anne Savelli dans son livre paru chez D-Fiction.
À l’angle de la Kollwitzstrasse et de la Sredzkistrasse, dans le quartier de Prenzlauer Berg, on trouve des troncs d’arbres recyclés après avoir été coupés et placés côte à côte sur le trottoir, munis de clapets et de compartiments, juste à côté du très populaire Café Anna Blumme (difficile d’y trouver de la place le dimanche matin), dans lesquels sont mis à disposition gratuitement des livres que l’on peut emprunter librement, formant ainsi une bibliothèque publique : le Bücherwald.
Cette initiative, comme beaucoup d’autres, s’inscrit dans un projet international intitulé Book Crossing, mouvement international de partage de livres dans l’espace public qui incite ceux qui aiment lire à partager leurs livres.
L’association berlinoise Baufachfrau a installé en 2006 aux creux de ces troncs d’arbres transformés en bibliothèque de rue improvisée, de nombreux ouvrages en allemand, mais également quelques livres en français et en anglais. L’installation devait s’interrompre en juin 2008, mais le succès de ce projet explique qu’il est désormais devenu permanent.