Dans le cadre de sa résidence au C19 d’Évry, avec l’association Préfigurations (coordination Franck Senaud), François Bon va réaliser et diffuser les 23 et 24 janvier 2020 un montage présentant l’intégralité de la version française du texte de Gregory Corso traduite par Jean-Jacques Lebel en 1965 chez Denoël, [1] à partir de tous les éléments que chacun lui aura envoyé d’ici le 10 janvier.
Gregory Corso s’installe à San Francisco en 1956 et participe à toutes les activités du groupe de la Beat Generation.
Dans le film Pull my Daisy, de Robert Frank (1959), qui donne naissance à la Beat Generation, Corso joue le rôle de Jack.
À partir de cette époque, il consacre une grande partie de son temps au voyage : Mexique, Paris, Europe de l’Est. Une vingtaine de volumes vont suivre, dont : The American Express (1961), Selected poems (1962), The Mutation of The Spirit (1964).
En 1958, paraît son poème le plus célèbre : Bomb, un calligramme en forme de champignon nucléaire, qui aurait été composé lors de son séjour en 1956 au célèbre Beat Hotel de la rue Gît-le-Coeur, à Paris, publié pour la première fois par City Lights, la maison de Lawrence Ferlinghetti à San Francisco.
Into our midst a bomb will fall Flowers will leap in joy their roots aching Fields will kneel proud beneath the halleluyahs of the wind Pinkbombs will blossom Elkbombs will perk their ears Ah many a bomb that day will awe the bird a gentle look Yet not enough to say a bomb will fall or even contend celestial fire goes out Know that the earth will madonna the Bomb that in the hearts of men to come more bombs will be born magisterial bombs wrapped in hermine all beautiful and they’ll sit plunk on earth’s grumpy empires fierce with moustaches of gold
une bombe tombera Les fleurs sauteront
de joie en faisant mal à leurs racines Les
champs s’agenouilleront fiers sous les halleluyas du vent Des
bomberoses s’épanouiront Des bombélans dresseront les
oreilles Ah ! plus d’une bombe ce jour-là étonnera
l’oiseau par un doux regard Néanmoins
pas suffisant de dire qu’une bombe
tombera ou même contester que
le feu céleste s’éteindra
Savoir que la terre va faire de la
bombe une madone que dans les cœurs des
hommes à venir des bombes vont naître encore
des bombes de magistère enveloppées dans l’hermine
toutes sont belles et elles resteront assises
paf sur les empires moroses de la
terre féroces avec des
moustaches en or
[1] une nouvelle traduction de Blandine Longre a été éditée chez BlackPress