Mémoire vive est un ouvrage polymorphe qui se développe selon plusieurs protocoles et modes de lecture. L’expérimentation de cet ouvrage se prolonge sur le web.
Ce texte en prose est une mémoire vive, une suite d’épiphanies. Sensation d’un récit qui se dessine fait de boucles, de spirales et de courbes. Non pas suites sans principe de construction mais entrelacement complexe. Couleurs, formes, collages, accidents s’inscrivent dans une dynamique du décloisonnement. Une tension entre le discontinu des fragments et le mouvement qui unifie l’ensemble, qui en détache des morceaux pour les travailler, les étudier sous tous les éclairages possibles, suspendre le cours d’une phrase, en retourner le cheminement, en déformer la logique, en fragmenter le sens, en désaccorder la syntaxe et avec elle toute linéarité, toute vision totalisante, privilégiant les écarts de sens et d’images.
« Ce qui m’intéresse et que je cherche, c’est le moment où une situation se renverse. L’instant où quelque chose bascule et provoque un nouvel état des choses et des êtres. Avoir soi-même un rapport inquiet à son histoire comme à son présent. Dans une relation harmonique avec ce qui nous échappe. Les traces de l’anéantissement sont effacées, le souvenir et le temps de l’anéantissement aussi. Et puis, le désir d’en construire, plus loin, une réplique. Nos paysages d’intentions. »
Le texte est le montage de poèmes pris dans le réel, dont les fragments sont considérés comme surface de travail, espace à explorer. Inspiré des œuvres et des pensées du compositeur américain John Cage, notamment l’expérimentation du hasard en composition.
« Je ne fais que suivre les lignes. Je prononce une parole qui peut paraître absurde. Tout participe à la totalité du tintamarre et du tournis de saveurs et d’images kaléidoscopiques. Tout se mélange et rejaillit, se tisse et se métisse dans un même flux. Dans le silence retombé de la nuit traversée. On se balade sans cesser de relancer nos curiosités. Ce grand terrain de jeu procure pourtant une étrange impression, une forme de déception. » (57)
Si par nature le temps se manifeste de façon cyclique, la durée devient sujette à dilatations internes, bornes qui délimitent l’espace propre de chaque morceau, se révèlent à leur tour perméables, vain de les considérer comme fixées une fois pour toutes elles perdent leurs contours et se contaminent mutuellement en permutant leur contenu. Diapositives en désordre, l’écran où a lieu la projection c’est la page, dans ses formes versatiles. Le temps sans limite de l’instant.
« L’oreille peut y entrer sans obstacle et c’est aux dépens des rapprochements, des mesures. Ce qui leur est commun. Garder mémoire d’un éblouissement, faire advenir l’imprévisible. Lire la partition comme si on ne l’avait jamais entendue. Faire et défaire l’obscurité favorable des miroitements. Mémoires recroquevillées des balbutiements. Comme le sont aussi d’ailleurs les nuages ou les troncs des arbres. » (78)
Une version numérique non-linéaire est disponible en accès libre et en continu sur le site des éditions Abrüpt ainsi que sur les comptes Twitter et Mastodon de KrasnaSandor qui diffuse toutes les 6 heures un fragment du texte comme un instantané, sous la forme d’un tercet ou triptyque, généré de manière aléatoire.
Au sujet de ce livre :
Service de presse du Tiers Livre
Paumée, le carnet de Brigitte Célérier
Sur Sitaudis, par François Huglo
Sur Libr-critique, par Ahmed Slama
Octobre 2019 — 112 pages
Format : 131 x 212 mm
ISBN : 978-3-0361-0072-2
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