« Un texte peut toujours en cacher un autre », écrit Gérard Genette, mais il le dissimule rarement tout fait. Le palimpseste c’est la manière de reprendre en matériau pour des échafaudages nouveaux, d’anciennes nouveautés. Sans recourir la lointaine pratique économique de ce remploi de parchemin, gratté pour un nouveau message, en gardant ce terme qui sonne étrange notre oreille, c’est l’approche de la réappropriation par l’art de textes, d’images, de sons déjà inventés. Non pas la question du plagiat, dont on sait qu’il servit d’exercice dans les académies et que Baudelaire rima du Banville et Rimbaud du Baudelaire avant d’être les proférateurs de leur propre parole, tant il est vrai que les exercices peuvent être un chemin vers, mais ce qui nous intéresse ce sont les projets qui entrelacent diverses composantes, les processus qui sous une œuvre découvrent des sous textes, les refontes d’œuvres prises comme matériau. En effet, la réappropriation s’affirme pour Pierre Ménard comme manière d’œuvre. Le palimpseste ne se limite donc pas l’emprunt d’images faites, du type ready-made, le palimpseste ce n’est pas obligatoirement reprendre les images d’autrui mais leur trace, leur chœur, leur empreinte, leur projet pour les déconstruire, pour les reconstruire, les critiquer, leur reconnaitre la force du questionnement ou tout simplement celle du plaisir.