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Lecture polyphonique des vases communicants

Tous les mois, le premier vendredi, le même phénomène qui depuis juillet 2009, prend son essor et que François Bon décrit ainsi. Vases communicants : le livre qui se refait chaque mois.

« Un livre où la notion d’écrivain s’est évaporée, il reste un ensemble non fixe d’auteurs, rassemblés en gardant leur propre singularité, leur voix. »

« Phrases lues, paragraphes, textes, fragments qui résonnent, écrit Christine Jeanney sur son blog : Ce sont des extraits, des auteurs, des titres, des citations. Et c’est aussi la place des Vases Communicants. »

Laurent Margantin a ouvert un blog dédié aux Vases communicants qui prolongera le travail mené par Brigitte Célerier sur Facebook et son site Paumée. À noter également l’existence du groupe Facebook qui a le mérite de réunir en réseau depuis le début de l’opération les personnes intéressées par ce projet.

Ce mois-ci je me lance dans une lecture de l’ensemble des textes, et comme pour moi lecture signifie écriture, je ne résiste pas à l’envie d’écrire un texte polyphonique composé à partir de phrases extraites dans les textes des Vases communicants.

ce qu’on veut c’est les étincelles. Je m’attends. J’oublie. Il fait nuit, la pièce comporte une porte, un canapé, une fenêtre sur rue. Les portes ouvertes, et les corps qui s’y encadrent, jettent quelques mots, entrent pour se servir ou aider. Dans cette lumière des heures où semble rêver l’invisible. La nuit par la fenêtre au-dessus des tilleuls. Rien de ma fatigue ou de ma nudité. Le plafond traversé par de longues fissures, le lampadaire couturé de chiures de mouches, les murs crème. Je sais qu’il me perdra quelque part dans la nuit. On me retrouve dans les tâches d’ombre, les interstices. On déambule en silence. Un silence cousu au revers des étoffes d’aubes. Il faudrait nommer très précisément cette heure. Car il y a une route déjà. Elle frappe en l’air d’un geste de la main. Tant qu’il y aura le regard soupçonneux aux sourcils surligneurs. Des lignes dans le visible en grands mouvements lents. Que le jour dresse contre la nuit. Je ne parviens plus à sortir avant la nuit. Peu à peu petit on oublie des choses. On n’y voit que du feu. Et cependant, on se trompe sans doute. Un peu, beaucoup, en désordre. Pas de hasard mais aucune préméditation. ça serait presque bon ta douleur et leur joie. Tant qu’il y aura le plat du pied sur le chemin du retour. Tu m’attends, je reviens. Bouge pas, j’en ai pour quelques minutes. Bref dans une impasse. Comment échapper à cette situation embarrassante ? Tu te laisses guider par la main comme par une aveugle dans la lumière. Tu plantes tes yeux de fer dans le dôme de ton désir oxydé. pour tresser une guirlande à l’inexorable. Langue c’est quoi sinon poser les mots où l’esprit de la langue nous travaille en ces jours d’entrecôte. La couleur disparaît, le passé l’emporte. Accepter l’hospitalité d’un instant, et par la suite expérimenter. Des transformations, des passages, certainement pas des fins, ni des buts. La certitude que c’est une image, que ce n’est pas vrai, juste un passage obligé... Rester on reste là puis, plus rien à faire, rien d’autre, dans l’attente on prend. Tenter un mouvement dans l’espace plein et cohérent. Dans la promesse qui s’étend sur un si grand espace, le futur paraît démesuré face au changement. Si tu ne renonces pas à ce caprice, c’est moi qui monte à ta place.. Mais il n’est pas question que j’abandonne pour l’écran sirupeux qui dessine sur nous un nouveau paysage. Ce qui reste du visible quand on ferme les yeux avec cette lumière, nous livre, vulnérable, tous ses détails, le visage même est visible, tendu et extatique. Seulement une superposition de couches de vies instantanées, qui sèchent les unes sur les autres, les unes après les autres. Et ce mouvement les rapproche encore À l’abri des cacophonies du temps.. Dans cette ville que je ne reconnais plus Sans jamais vraiment se confier à son carnet dans lequel on trouve le premier écrit qu’il décide de conserver. Récit hagard de chiens errant Des images, pas de dialogue, du temps, enfin ici, du temps pour penser notre condition Mais peut-être s’agit-il ici d’une mémoire manipulée ? Je rêve, un rêve long et puissant. La suite dépend du lecteur. C’est pourquoi ce lieu restera tel quel. La question grandit, prend de plus en plus de place. J’ai comme un léger tournis... Je n’ai nullement besoin de hauteur pour éprouver le vertige. J’ai longtemps cru qu’il n’était guère possible de vivre ses rêves. Il ne faut jamais revenir. Nous évoluons et respirons ensemble dans un décor à peine humain. En lisant, le soir au coin du feu, des contes d’autrefois, à qui veut les entendre. Tout désir de ville naîtra du décor, des croquis, esquisses, des plans, des toiles peintes, du bruitage surtout Le dernier mot a donc été dit et tu écris l’étendue blanche. Beauté et morsure Tout circulait avec fluidité – il n’y avait rien à voir
Resterait l’oubli, ce grand calme plat à rebours des villes et des heures Je ne suis pas parti. Je me suis étendu, distendu, éparpillé Acceptons de constituer la nouvelle masse sombre.


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