Comme je le rappelais dans la présentation de ma nouvelle résidence d’écriture À l’endroit, à l’envers... je suis invité par Xavier Galaup de la Médiathèque Départementale du Haut-Rhin pour une [Résidence d’écriture de 7 mois (de décembre 2011 à juin 2012) au collège de Buhl, au Lycée de Kastler ainsi qu’à la Médiathèque de Guebwiller.
Je vais créer à cette occasion un livre numérique élaboré avec des élèves du Lycée de Kastler à Guebwiller et de la classe de 3°3 du collège de Buhl, à partir d’un travail en ateliers d’écriture, d’un reportage photographique sur la ville et sa vallée, ainsi qu’un travail collectif autour d’un blog créé et animé avec l’ensemble des professeurs partenaires dans cette action autour du thème du textile à Guebwiller.
Voici le deuxième reportage photo réalisé à Guebwiller (avec quelques extraits des textes écrits lors de nos deux dernières séances par les élèves de seconde du Lycée Kastler) :
Poème express : J’ai apporté aux élèves de la seconde du lycée Kastler un ensemble de texte sur l’Alsace, ses monuments, ses traditions, son histoire, que j’avais photocopié le matin à la médiathèque de Guebwiller, et je leur ai demandé de noircir la page pour ne garder du texte initial que certains mots, certains fragments de phrases qui retenaient leur attention.
L’atelier s’est déroulé dans une atmosphère d’un calme reposant, d’une rare tranquillité dans une salle de classe. On entendait les caresses assourdis des feutres et des stylos glissant sur les feuilles. Tout le monde concentré dans un même élan créateur, répétant le même geste, pour écrire chacun un texte différent.
Poème express : « On entend quelquefois au bord du lac, la nuit, une voix qui appelle, qui crie puis de nouveau le silence. D’où vient tout ce bruit ? C’est un vacher qui est occupé à tirer du lac une vache, repousser dans l’eau, la pauvre bête fût noyée. Après un dernier effort la vache est dehors, elle commence à paître l’herbe, lorsque tout-à-coup elle glisse, et entraînée par son poids, roule au fond de l’abîme. Cependant le jour commence et le vacher doit rejoindre son troupeau. Ce sera donc la nuit prochaine, jusqu’à que la vache soit rendue au maître. »
Pendant la séance, je me suis amusé moi aussi à écrire un texte en griffonnant une des feuilles, et je me suis pris au jeu :
Dragon à tête de cheval, à tête humaine, vu de dos, jouant de la harpe devant un homme agenouillé richement vêtue, dragon vu de profil. Un rayon de miel (?) monstre de face et corps travesti en moine, coiffé d’un bonnet d’âne. Acrobate, tête de chien à tête de vieillard et pattes de bouc, oiseau fantastique tirant la langue, singe assis, monstre arc-bouté à tête de carnassier et mains humaines servant de pieds. Acrobate faisant le pont, tête de guerrier grimaçant, cheveux mi-longs, tête de guerrier animal, animal arc-bouté, animal monstrueux à double tête de singe, animal arc-bouté en forme d’écu : écu avec marteau, écus vierges, écu avec compas, écu avec équerre, écu avec tenailles, écu avec buste de dragon, écu avec calice et hostie et écu avec clochette, écus avec croix d’Andlau, écu avec coquille Saint-Jacques entre deux étoiles, écu avec trois lions superposés, écus vierges, écu avec tenailles, écu avec marteau. Dragon se mordant la queue, tenant un livre de la main droite et de la main gauche un tau. Sirène, de face, se tenant la queue. Serpent à tête d’âne, mordant un enfant, face avec oreilles en forme de tête de canard et surmontée d’une tête de chat, personnage assis, main sur la tête, jambe mutilée. Personnage avec oreilles d’âne, jouant de la cornemuse. Forme isolée : tête d’homme.
Après cet exercice, et pendant que j’enregistrais un à un les élèves dans une salle un peu isolée du CDI du lycée, le reste des élèves dessinait en classe leur vision de leur ville ou de leur village, l’image mentale qu’ils en ont, en établissant une carte personnelle du lieu où ils vivent, tel qu’ils le perçoivent, de leur point de vue.
« Je me souviens, il y a quelques années quand j’avais l’habitude de passer mes après-midi libres dans une cour d’école avec mes amis, on jouait à notre sport préféré que l’on pratiquait depuis longtemps, le basket-ball. On adorait partager notre passion et tenter de réussir et d’apprendre de nouveaux mouvements.
Je retrouvais souvent une amie à cet endroit, pendant les vacances d’été, les après-midi ou les soirées jusqu’à ce que la nuit tombe. Nous avions rendez-vous sur ces escaliers où l’on s’asseyait et nous nous racontions tout ce qui nous passait par la tête.
Tous les jours je passais par le même chemin pour me rendre au collège, mais avant d’entamer cette promenade quotidienne, je rejoignais ma meilleure amie à notre point de rendez-vous habituel, le même que celui de nos grands-frères, à l’époque où ils étaient collégiens. C’était un banc situé au niveau d’un petit carrefour sur les hauteurs de Guebwiller.
Je n’ai plus qu’un vague souvenir de ce grand terrain vague en face de chez moi. Mon frère et moi allions souvent jouer là-bas. Nous savions qu’avant d’être un terrain vague, il y avait une usine où notre grand-père travaillait. Aujourd’hui, cet endroit est le prolongement de la rue de Lucerne et des immeubles ont été construits sur tout le terrain.
Je me souviens de cet arrêt de bus, situé près de la caserne des pompiers, rue Théodore Deck, où je me rendais chaque matin et chaque après-midi afin d’attendre le bus qui m’emmenait au collège.
Chaque 21 juin, lors de la fête de la musique, je vais me promener rue de la République, au centre de Guebwiller pour découvrir différents genres musicaux et retrouver mes amis avec lesquels je passe en général toute la soirée à un endroit où la musique nous convient à tous. »
Anna Erny
« J’étais à Guebwiller, car c’était un vendredi et j’étais sortie manger en ville avec des amies. L’une d’entre elles avait soif et nous sommes allés acheter à boire au supermarché Super U qui se trouvait à proximité. Nous étions en train de marcher lorsqu’une voiture a ralenti. Elle est allée au bout de la route, a fait demi-tour, et cela à plusieurs reprises. Le conducteur nous regardait avec insistance. Nous étions à quatre et une de mes amies et moi avons pris peur. Il y avait un parc juste à côté et mon amie et moi avons coupé pour nous y rendre. L’homme s’est arrêté et a abordé une autre amie. Il lui a demandé si elle était du Lycée Deck et si elle était célibataire. Elle lui a répondu que non et il est parti.
C’était lorsque j’habitais encore à Bollwiller. Ma sœur et moi faisions du roller avec des amis du quartier. Nous sommes allées chercher l’un d’entre eux. Il n’était pas chez lui, et nous avons remarqué que la porte était ouverte et que les clés étaient dessus. Ne souhaitant pas qu’ils se fassent cambrioler, nous avons mis les clés dans la boîte-aux-lettres. C’est après seulement que nous avons réalisé que ce n’était pas une si bonne idée. Nous avons ensuite essayé d’ouvrir la boîte-aux-lettres pour récupérer les clés, sans succès. Le lendemain ma sœur lui a demandé s’il avait bien dormi chez lui cette nuit là. Lorsque nous avons constaté qu’il n’y avait pas eu de problèmes, nous avons été rassurées. »
Elsa Genet
Stéphanie Burglin, journaliste de L’Alsace est venu m’interviewer à la médiathèque de Guebwiller ce matin-là puis elle est passée prendre des photos et interroger les élèves ainsi que leur professeur Brigitte Schebath, dans l’après-midi au Lycée.
Diaporama de mes photographies dans les rues de Guebwiller :